Méditations de la Parole de Dieu
Lundi 19 février
Commentaire de l’Évangile du jour: « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 31-46)
Que ce soit ce passage du Lévitique ou l’évangile de ce jour, il est question de la Loi, mais aussi de la charité.
Le Lévitique met l’accent sur la Loi, prescriptions concernant la vie quotidienne : cette lecture nous fait penser au Décalogue. C’est l’occasion de nous demander si nous saurions citer ces dix commandements, car les mettre en pratique nécessite de les connaître. Peut-être comprenons-nous mal ce terme de « commandement ». Il s’agit en fait de le comprendre comme « conseil ». En effet, suivre les dix commandements, n’est-ce pas opter pour une vie dans la vérité et chacun de ces commandements devient alors une indication qui nous guide et nous garde sur le bon chemin. Au jeune homme qui demande à Jésus ce qu’il doit faire pour posséder la vie éternelle, Jésus lui répond (Mt 19 .v.17) : « Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements » Le chemin est donc tracé.
L’évangile de saint Matthieu vient compléter ces commandements en mettant l’accent sur la charité (Mt 25, 40 ; 45) : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » ; « chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait. » Dans les deux situations, nous pouvons découvrir l’étonnement des personnes, qui ne voient pas quand elles ont ou pas agi pour autrui. Cet étonnement devrait nous interpeler dans notre quotidien : en effet, sommes-nous attentifs à ceux qui nous entourent, au plus pauvre et savons-nous leur tendre la main ? Bref, sommes-nous charitables ? Saint Paul, dans son épître aux Romains (13, 10) conclut : « La charité ne fait point de tort au prochain. La charité est donc la Loi dans sa plénitude. »
Plus particulièrement en ce début de carême, demandons à notre Seigneur de nous ouvrir toujours plus à tous ceux qui nous entourent et ainsi de devenir plus accueillants les uns pour les autres.
Gérard Kintzig.
Dimanche 18 février
Commentaire de la lecture du jour: Alliance de Dieu avec Noé qui a échappé au déluge (Gn 9, 8-15)
Chers frères et sœurs,
La première lecture nous présente l’alliance que Dieu conclut avec Noé et sa famille. Cette alliance a été possible grâce à une démarche capitale faite par la maison de Noé : Noé et sa famille ont suivi les instructions de Dieu en vue de les sauver. En effet, quand Noé construisait l’arche suite à l’ordre du Seigneur, son entourage ne le prenait pas au sérieux ou ne jugeait nécessaire de suivre les recommandations de Dieu tout en s’occupant des ordinaires de la vie. Noé, lui, tout en vacant à ses occupations ordinaires nécessaires, construisait aussi l’arche du sauvetage. L’obéissance à la Parole de Dieu a permis à Noé et sa famille d’être sauver et d’entrer dans l’alliance avec Dieu.
Frères et sœurs, les efforts de carême visent une mise à jour de notre alliance avec Dieu. Et la meilleure méthode est d’obéir à Dieu et à sa Parole comme Noé dans un monde mécréant qui nous entoure. Ce faisant, l’homme qui entre ou veut entrer dans l’alliance de Dieu pourra accueillir et vivre cette parole que Jésus lui lance : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » afin d’être sauvé. Et comme l’obéissance de Noé lui a valu d’échapper au déluge, de même, l’obéissance à Jésus qui a souffert pour les péchés une seule fois nous obtient le pardon de Dieu et de vivre sur cette terre en enfants de lumière.
Seigneur, aide-nous à accueillir ta Parole et à y conformer nos vies. Amen.
Fructueux temps de carême à tous.
Benoit Satchi
Samedi 17 février
Commentaire de l’Évangile du jour: « Je ne suis pas venu appeler des justes mais des pécheurs, pour qu’ils se convertissent » (Lc 5, 27-32)
Lévi, chez saint Luc, n’est autre que Matthieu (Mt 9,9). Alors qu’il est tranquillement assis à son bureau, en train de collecter des taxes, Jésus passe et l’appelle. Le récit est très bref. Lévi ne dit pas un mot… Le voici qui se lève et, laissant tout, il suit Jésus. Luc souligne bien l’intérêt de Jésus pour ce publicain qui va devenir un des Douze. Dans d’autres récits de Luc qui lui sont propres, comme la parabole du Pharisien et du publicain (Lc 18,10-14) ou la rencontre de Zachée, on perçoit combien les publicains, considérés à l’époque comme des pécheurs, occupent une place privilégiée dans la mission de Jésus. La radicalité de l’appel impressionne, comme la rapidité de la réponse. Lévi abandonne tout sur le champ. Comment Jésus a-t-il pu séduire Lévi aussi vite ? Son simple regard a bouleversé la vie du publicain qui a sans doute perçu l’amour du Christ pour les pécheurs. Sans doute Luc veut-il nous faire comprendre que celui qui décide de suivre Jésus comme Lévi doit tout quitter, comme le firent aussi les quatre premiers appelés au bord du lac (Lc 5,11). Tout laisser, pas seulement les filets ou la table de collecteur de taxes mais, comme le dira au 14e siècle Maître Eckhart, se laisser soi-même, ce qui est sans doute le plus difficile. La scène se poursuit par un repas dans la maison de Lévi où Jésus est attablé avec la foule et d’autres publicains. Ce spectacle de Jésus à table avec les pécheurs scandalise les bien-pensants du voisinage qui ne questionnent pas directement Jésus mais ses disciples. Alors, ayant entendu, Jésus dit à haute voix à destination de tous : « Je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs. » Voilà résumé tout l’Évangile ! Jésus vient appeler les pécheurs à la conversion, afin qu’ils puissent manger avec lui. La table du publicain est devenue celle de Jésus où sont accueillis les amis pécheurs de Lévi. Pour Luc, c’est la table eucharistique qui est ici préfigurée… En ce temps de carême, entendons l’appel de Jésus qui nous invite à nous convertir et à le suivre sur son chemin. Et comme Lévi, nous découvrirons le regard plein de miséricorde du Seigneur qui nous accueillera à sa table et fera de nous des disciples de son Évangile…
Fr. François-Dominique CHARLES o.p.
Vendredi 16 février
Commentaire de l’Évangile du jour: « Des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ; alors ils jeûneront » (Mt 9, 14-15)
Jésus était-il contre le jeûne ?
Bien sûr que non, puisque lui-même a commencé sa prédication après quarante jours de jeûne au désert.
En fait, il voulait que ses disciples retrouvent le vrai sens de toutes les anciennes pratiques juives. Les pharisiens particulièrement semblaient avoir perdu à cette époque la dimension spirituelle du jeûne en le pratiquant comme un sacrifice de repentir qui leur valait des mérites auprès de l’Eternel et une belle renommée auprès de leurs contemporains.
La présence visible de Jésus (Verbe de Dieu) auprès de ses disciples leur donnait de vivre, entrainés par Lui, centrés sur Lui, ce qui était essentiel à leur salut.
C’est quand il ne sera plus visible à leurs yeux qu’ils auront besoin d’une discipline pour revenir à l’essentiel. Qu’ils devront prendre conscience de tous les plaisirs superflus, de toutes les tentations matérielles, de toutes les habitudes, qui les éloignent de la Parole même de Dieu. C’est alors qu’ils auront besoin de faire comprendre à leur corps : Qui donc commande ? L’esprit ou le corps ?
Cela étant, ils découvriront vite qu’ils y a bien d’autres œuvres nécessaires, au-delà de la seule privation des nourritures terrestres… Bon carême d’ascèse et de partage !
Abbé Francis DE BACKER
Jeudi 15 février
Commentaire de l’Évangile du jour: « Celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera » (Lc 9, 22-25)
Au lendemain du mercredi des Cendres alors que nous nous mettons en chemin vers Pâques, l’Evangile nous propose deux axes de réflexion pour ce Carême :
- La sobriété : quel avantage un homme aura-t-il à gagner le monde entier ? Cela nous interpelle sur notre désir de tout posséder, tout de suite. Ne vaut-il pas mieux se réjouir de ce qu’on a déjà, de voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Se départir de notre regard envieux, ne pas voir ce qu’il y a de mieux chez les autres et savoir prendre conscience et se réjouir de ce que l’on a déjà reçu, savoir rendre grâce pour tous les dons qui nous viennent du Créateur. Se mettre ainsi dans la disposition des Béatitudes.
- La croix : nous avons tous des croix à porter, professionnelles, familiales, deuil, soucis financiers, de santé ou autres. Jésus dans cet Evangile, lorsqu’Il nous invite à prendre nos croix et à le suivre ne nous pousse pas à rechercher la souffrance. Il n’est pas venu pour augmenter le poids de nos croix, ni pour nous en décharger mais pour leur donner un sens. Ainsi, notre chemin de croix peut être chemin de croissance. Et au-delà de la croix il y a l’espérance de la Résurrection !
Que ce temps de Carême ne soit pas signe de pénitence et de morosité mais source de réelles joies en sachant faire la part des choses entre l’essentiel et le superflu !
Stéphanie Hennequin
Mercredi 14 février
Commentaire de l’Évangile du jour: « Ton Père qui voit dans le secret te le rendra » (Mt 6,1-6.16-18)
N’avez-vous jamais ressenti cette excitation particulière des veilles de grands départs ? Départ en vacances ou pour un pays étranger, pour une longue route nous emmenant loin de chez nous, une sorte d’envie pressante et profonde de prendre la direction de l’inattendu, de l’inhabituel. Sommes-nous aujourd’hui dans cet état d’excitation alors que les portes du désert s’ouvrent à nous ? Car nous y sommes, maintenant, au désert ! Tous ceux qui ont eu la chance de fouler le sol de la Terre Sainte connaissent ce sentiment de joie profonde à l’amorce d’une marche dans le désert que Jésus lui-même a foulé, habités du désir de vivre le renoncement et le dépouillement et d’en récolter les fruits de conversion. Et nul n’est besoin d’être sur les terres d’Israël pour entamer les 40 jours de Carême et cette grande marche au désert à la suite du Christ. Carême, ce ne sont pas 40 jours qui se répètent d’une façon monotone d’une année sur l’autre, ce ne sont pas des privations que l’on s’impose de façon systématique, par habitude ou par facilité. L’enjeu est immense : il ne s’agit nullement d’une gloire terrestre qui viendrait des hommes, mais bien de la Gloire de Dieu qui se réalise par notre conversion ; il s’agit de notre Salut, cette récompense qui nous attend auprès de notre Père qui est aux Cieux. Soyons dans la joie, une joie profonde, celle de savoir que l’occasion nous est donnée de vivre plus intensément et fidèlement la prière, l’introspection, le jeûne et le don, en « quittant » quand nous le pouvons les sollicitations et les tentations du monde qui nous accaparent, en recherchant la présence de Dieu « au plus secret ». Cet intime dont nous parle l’évangile est à trouver dans un dépouillement qui sera propre à chacun, selon les déserts qui seront les nôtres : désert de l’humilité, désert de l’oubli de soi et du service des autres, désert de la simplicité, désert de la vérité et de la fidélité dans l’amour ou l’amitié, désert du pardon donné et de la réconciliation. Carême sera ce que nous en ferons, avec l’aide de Dieu ! N’ayons pas peur d’entrer dans ces déserts, engageons-nous avec joie et empressement, sûrs que Jésus nous y précède et que nous n’y serons pas seuls. Bon et saint Carême à tous !
Héloïse Parent
Mardi 13 février
Commentaire de l’Évangile du jour: « Prenez garde au levain des pharisiens et au levain d’Hérode ! » (Mc 8, 14-21)
Sur le lac, dans le barque, Jésus enseigne ses disciples, et parle d’une manière énigmatique, en utilisant l’image du levain qui fait lever la pâte à pain. Les disciples réagissent à l’enseignement, mais de travers. L’image les ramène à la question de l’intendance – épisode de vie communautaire ou familiale qui nous avons tous vécu : qu’est-ce qu’on mange ce soir ? Pourquoi n’as-tu rien fait ? La dispute éclate, et Jésus les réprimande. Pour comprendre combien il peut alors souffrir de leur incompréhension, il faut revenir au début du chapitre 8 : à la multiplication des pains.
La foule avait fait le choix de ne pas rentrer chez elle pour écouter Jésus – ils étaient restés tellement longtemps qu’ils n’avaient plus de forces pour rentrer chez eux. Alors Jésus a pitié et les nourrit. Peu après, des Pharisiens lui demandent un signe : Jésus le leur refuse, en affirmant qu’il ne fait pas de signe. Or il vient de nourrir des milliers de gens miraculeusement, avec quelques pains !Si la foule reste avec Jésus, alors il agit pour elle. Si les Pharisiens exigent un signe, ils n’en ont pas. Se mettre à l’écoute ou tenter Dieu : les Pharisiens ont fait le mauvais choix, celui du coeur fermé. Les disciples montrent une troisième attitude. Ils se querellent parce qu’après le miracle, il n’ont pas pensé à emporter les restes dans le bateau. Ils en avaient pourtant ramassé sept paniers : il y a quoi rager. Comme les Hébreux nourris par la manne au temps de l’Exode, ils auraient bien aimé faire des réserves avec la grâce de Dieu. Pourtant, ce que Jésus voudraient qu’ils gardent de cet épisode, c’est le souvenir du miracle lui-même – et pas un en-cas pour la suite. !
La foule ne voulait pas de signe : ces braves gens avaient faim et ont été rassasiés, par la parole et par le repas. Le signe est bien destiné aux disciples, pour qu’ils comprennent la puissance de leur maître. Or ils se souviennent du nombre de pains et de paniers, mais n’en ont pas tiré des conséquences pour leur vie de foi. Pour nous aussi, Dieu agit : nous pouvons faire mémoire des signes qui nous ont été donnés, donnés pour nous faire grandir dans la confiance et pas comme garantie matérielle. Oui, prenons le temps de nous souvenir des miracles qui ont été faits pour nous : Dieu a agi, dans une maladie, une blessure familiale ou un drame professionnel ; il a apporté le pardon, il a donné la foi à des proches. Nous avons accueilli sa grâce, pas comme une assurance contre les futurs autres problèmes de notre vie, mais mieux : comme la certitude que Dieu était réellement là, et qu’il sera là, pour toujours. Nous pouvons alors renoncer à nos petites économies et prier le Notre père dans l’abandon : « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ».
Regarder sans voir, écouter sans entendre : Jésus a déjà dit cela à propos de la foule, plusieurs fois. Quand il parlait en images à la foule, il expliquait en privé aux disciples. Et là, il a l’impression que cela ne sert à rien. Nous les disciples, nous sommes une foule comme les autres. Nous comprenons mal ce qu’il y a à comprendre, c’est-à-dire que suivre Jésus n’est pas suivre un cours mais être avec lui et en être transformé. Heureusement, Jésus vient encore au secours de notre manque de foi et nous aide à faire mémoire de sa proximité. Comme Jacob qui « sort de son sommeil » (Genèse, 28, 14), nous pouvons alors nous écrier : « En vérité, le Seigneur est en ce lieu ! Et moi, je ne le savais pas. » C’est lui-même qui nous le rappelle.
Léonard et Clotilde