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Samedi 8 avril

Le silence règne en ce jour du samedi saint, aucun texte nous est offert, aucune liturgie. Nos tabernacles sont ouverts et la Présence symboliquement n’est pas là. Jésus, le Christ, «  a été crucifié, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers ». Le Christ est mort pour nous sauver. Il a connu la solitude de l’abandon, la solitude de l’ignominie, la solitude de l’injustice absolue, le délaissement total. Tout le poids du péché humain, de l’atrocité de cette perte de Dieu, de l’aveuglement, de l’ignorance, il accepte de le porter.

Nous traversons ces heures où Dieu en son Fils Jésus Christ « descend aux enfers », c’est-à-dire dans le royaume de la mort, le « shéol » en hébreu et « l’Hadès » en grec, le lieu où l’on ne voit rien, lieu de souffrance et d’errance. Ce jour du samedi saint est un temps de la foi hors du temps où tout se joue pour l’humanité égarée. Où es-tu Seigneur ? Vas-tu revenir ? « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? », crie Jésus sur la Croix ? Il accepte de partager avec nous la mort physique, lui qui n’avait aucune raison de mourir et la condition même de cette mort qui est la rupture avec Dieu. Là est le drame humain, là descend l’Homme-Jésus, dans le lieu de l’abandon. C’est comme si dans l’instant de sa mort, il s’était vidé de sa divinité, de sa filiation divine ! Est-ce possible ?

Comment le Christ peut-il mourir alors qu’il est Fils de Dieu, présent depuis l’origine dans le Principe « Bereshit », en hébreu, premier mot de la Torah et de notre Bible, « dans le Principe était le Fils ». Le Fils est tourné vers Dieu pleinement participant de la vie même de Dieu et cela depuis toujours, une communion d’amour du Père et du Fils avec l’Esprit qui conjugue en Dieu unité et diversité, nous dit l’évangéliste Jean dans le Prologue. Et ce « oui » inconditionnel de Jésus au Père sur la Croix révèle Dieu tel qu’Il est : Amour et don absolu.

Tout au long de sa vie, Jésus nous dévoile un Dieu désarmé, « qui m’a vu a vu le Père », un Dieu humble, pauvre, doux, compatissant, qui parle et attire à lui les âmes qui cherchent la Vie, un Dieu qui rejoint l’homme dans ses réalités, ses aveuglements physiques mais aussi intellectuels et cultuels, un Dieu qui appelle et guérit l’homme sans relâche l’invitant à prendre un itinéraire spirituel d’accomplissement de soi en accueillant le don de Dieu et en aimant.

En Christ, sur la Croix, Dieu se vide de lui-même pour sauver l’homme, pour nous sauver, pour nous restaurer dans notre filiation divine. Dieu se retire renonçant par amour à être tout, pour que l’homme existe devant lui, en lui, par lui et cependant distinct, tout autre. Et seul l’amour rend une telle existence possible car l’amour rend libre. Aimer quelqu’un c’est vouloir qu’il soit pleinement lui-même, différent de soi et libre d’aimer à son tour.

Par sa mort, le Christ participe à cette puissance infinie de Dieu, puissance de pardon et de recréation. Par sa mort, Jésus Christ nous recréer dans notre être que nous avons laissé et laissons dépérir par le péché dont les ramifications nombreuses nous enchaînent. Dieu nous a créé et nous recréer en son Fils Jésus, redoublant d’amour pour nous. Il nous sauve et nous appelle à vivre de la force de l’Esprit, à être co-créateur.

Dieu demande à l’homme aujourd’hui comme hier de se réaliser lui-même en tendant vers Lui, en le choisissant comme centre et fondement. Il l’appelle à rompre avec le péché originel dont l’origine n’est pas tant à comprendre de façon chronologique qu’ontologique. Le péché originel c’est l’homme quand il choisit de se réaliser lui-même, sans Dieu, de se faire maître et seigneur de la vie venant ainsi compromettre la réalisation de sa vocation divine. Les péchés, nos péchés ne prennent-ils pas racine dans cette grande illusion ?

Notre vocation d’enfant de Dieu requiert exigence et vigilance à chaque instant pour notre volonté, notre intelligence et l’exercice de notre liberté puisqu’il s’agit de choisir de vivre toute relation en communion avec Dieu et de coopérer à l’œuvre de la grâce en nous. Jésus est le chemin, nous dit l’Ecriture, et nous expérimentons par Lui et en Lui que l’unique voie est celle du cœur, celle de l’amour. En Christ nous confessons que Dieu est partout, en tous et que nos morts, nos ténèbres sont vaincues. La Lumière en est l’issue et le partage de la Vie divine, le but ultime.

A nous de devenir pleinement vivant de Dieu, disait Maurice ZUNDEL, avant de mourir. Désirer faire UN avec l’Origine c’est devenir pleinement soi-même, libre de sa volonté propre, devenir comme Christ.

Vivre intensément chaque instant nous fait entrer non dans la mort mais dans l’éternité car c’est ainsi que Dieu nous a créé pour Lui, par Amour et pour que notre cœur ne sache qu’aimer. Amen.

Myriam DUWIG

 


Vendredi 7 avril

Commentaire de l’évangile du jour: Passion de notre Seigneur Jésus Christ (Jn 18, 1 – 19, 42)

Le Vendredi Saint est le jour où l’Église s’arrête au pied de la croix pour méditer à nouveau sur l’immense valeur de l’amour du Christ définitivement manifesté par sa mort.
L’Église est silencieuse. Les disciples se taisent. Nos églises sont nues, sans fioritures, silencieuses. En journée nous nous retrouverons pour écouter la passion. L’Eucharistie n’est célébrée nulle part : le seul sacrifice reste celui du Christ pendu sur la croix pour sceller le lien définitif entre le ciel et la terre. Elle fait aussi taire notre cœur et nos prières (trop souvent inutiles). Voici Dieu : affiché, montré, suspendu à une croix à laquelle il est suspendu sans vie. Jusqu’ici Jésus voulait arriver à manifester la mesure sans mesure de son amour.

Tout est fait, tout a été dit, tout a été donné. C’est à nous, maintenant, de plier les genoux et de professer, comme seul le centurion païen peut le faire, que vraiment Jésus est le Christ de Dieu. Et cette croix, pour nous disciples, devient lumineuse, signe de salut, témoignage d’amour explicite et définitif. Cette croix qui doit peser sur nos choix, qui doit guider tous nos choix. Croix qui est devenue une unité de mesure de l’amour que Dieu a pour nous. Arrêtons-nous au pied de la croix dans le silence de l’âme : jusqu’ici nous sommes aimés.

Emmanuel A.


Jeudi 6 avril

Commentaire de l’évangile du jour: « L’Esprit du Seigneur est sur moi ; il m’a consacré par l’onction » (Lc 4, 16-21)

Jésus ouvre le livre du prophète Isaïe et trouve ce passage : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’Onction ». Jésus vient d’être baptisé, a vu l’esprit descendre sur lui et a entendu la voix du Père : « Tu es mon Fils Bien-Aimé, tu as toute ma faveur ».

Jésus trouve – dans l’Écriture (ici Isaïe) le « plan » du Père sur lui… Il s’ouvre totalement à la puissance de l’Esprit : Il sait désormais que cet Esprit est sur lui et il se livre à Lui. Avec la puissance se cet Esprit, il a vaincu « toutes les formes de la tentation… »

Jésus est l’homme libre par excellence ! Nous de même, de par notre baptême, nous avons reçu l’Onction du Seigneur, et nous devons croire que l’Esprit-Saint est sur nous. N’ayons pas peur d’ouvrir l’Écriture Sainte pour y trouver la « trace » du Père, notre Père, mon Père dans notre Vie…

« Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres ». Cette Bonne Nouvelle, c’est que Dieu nous aime infiniment et qu’Il veut demeurer en nous par son Esprit d’amour, vainqueur du mal, du péché

Rendons grâce au Bon-Dieu pour les moments où nous avons été libéré(e)s de « captivités », « d’aveuglements », « d’oppression » … Ayons les yeux « fixés » sur Jésus. Entendons-le nous dire : « Aujourd’hui s’accomplit cette Bonne Nouvelle ».

Avec un cœur de « pauvre » qui attend tout de Dieu, rayonnons notre Foi en ce Père qui – en Jésus et par Jésus – fait de nous ses enfants « aujourd’hui » car – en Dieu – c’est l’éternel Aujourd’hui

Sœur Marie-Ernelle et Sœur Jean-Paul

 

 


Mercredi 5 avril 2023

Commentaire de l’évangile du jour :  Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit, mais malheureux celui par qui il est livré !

Nous sommes en peine Semaine Sainte et, dans quelques jours, la plus grande fête chrétienne va resplendir des joies de la résurrection.

Pour que Pâques ait lieu, il faut que Jésus soit livré et subisse la passion. Comme il sait ce qui va arriver, il l’annonce à ses disciples « l’un de vous va me livrer » et, tous l’interrogent : « serait-ce moi, Seigneur ? » y compris Judas qui a reçu de l’argent pour sa trahison.

Et nous, comment réagirerions-nous dans les mêmes circonstances ? Resterions- nous fidèles ou serions-nous dominés par la peur nous faisant nous recroqueviller dans nos coquilles, notre confort, nos habitudes ?

La Passion, lue pendant la messe des Rameaux, dimanche dernier est la preuve de l’existence de Dieu qui n’hésite pas à sacrifier son fils pour nous, misérables pêcheurs. Une fin de vie différente eut été banale et sans grand intérêt, indigne de Jésus.

François Plantet


Mardi 4 avril

Commentaire de la lecture du jour: « Je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre » (Is 49, 1-6)

Nous sommes dans la deuxième partie du livre d’Isaïe, intitulée livre de la Consolation (« Consolez, consolez mon peuple, – dit votre Dieu – parlez au cœur de Jérusalem » Is, 40, 1-2). Dans ce livre, il est principalement question de la libération de la captivité babylonienne. Quatre passages des chapitres 40 à 55 parlent d’un « serviteur de Dieu », appelé aussi Serviteur souffrant. Les exégètes ont beaucoup spéculé sur l’identité de ce serviteur souffrant, et la tradition chrétienne y a vu une préfiguration de Jésus Christ : le salut attendu viendrait par un personnage prophétique souffrant, qui serait glorifié après son humiliation. Le passage offert à notre méditation aujourd’hui trouve donc toute sa place en pleine semaine sainte.

Les exégètes et moi avons peut-être une lecture différente de la Bible. Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais pour ma part, je m’identifie tout naturellement au narrateur des récits rédigés à la première personne du singulier. Et donc, en lisant ce texte, je suis le serviteur de Dieu. Je suis ragaillardie en me rappelant que oui, j’étais encore dans le sein maternel quand le Seigneur m’a appelée (tout en lisant, une voix intérieure me chante la très jolie composition du frère Jean-Baptiste, « Ne crains pas » – vous connaissez ?). Je me réjouis que ma parole, à l’instar de saint Paul, soit une épée tranchante ; je suis ravie d’apprendre que je suis une flèche acérée, cachée dans le carquois du Seigneur – la métaphore guerrière me surprend un peu, quand même. Enfin, cerise sur le gâteau, la splendeur du Seigneur de manifeste au travers de mon humble personne – une grande inspiration, un grand contentement, une grande fierté dans la modestie (n’ayons pas peur des oxymores) : c’est moi, tout ça. Vraiment ? Là, je ne peux m’empêcher de me demander si mon identification n’est pas, disons-le, prétentieuse.

La suite, plutôt désolante, me rassure totalement. Le serviteur qui s’interroge sur l’utilité de ses efforts, sur leur justification, et par suite sur la raison de sa propre existence : c’est bien moi, c’est bien nous. À quoi bon se lever le dimanche matin ? Pourquoi participer à ce groupe de prière ? Ces méditations, qui les lira ? Vous savez, tous ces doutes qui naissent dans notre esprit, et qui essaient de nous conduire au découragement, de nous cantonner à une existence douillette, confortable, sans exigence, sans prise de risque, sans Dieu. Je ne crois pas que ces doutes viennent de nulle part, je crois qu’ils sont semés par l’esprit mauvais.

Alors, comme il est bon, comme il est réconfortant de lire la suite du texte ! Malgré toutes nos imperfections, toutes nos faiblesses, nous avons de la valeur aux yeux du Seigneur, nous puisons de la force en Dieu, nous serons la lumière des nations. Voilà qui nous permet de chasser nos vilains doutes, de les expédier loin de nous ; voilà qui nous incite à prendre à nouveau la livrée du serviteur pour que tout notre être tende vers Jésus, vers sa Passion qui nous sauve et vers son éclatante Résurrection !

Marie Julie Leheup

 

 


Lundi 3 avril

Commentaire de l’évangile du jour : « Laisse-la observer cet usage en vue du jour de mon ensevelissement ! » (Jn 12, 1-11)

En ce début de Semaine Sainte, l’étau se resserre autour de Jésus avant sa Passion qui approche dans le temps – Six jours avant la Pâque – et dans l’espace – Béthanie se situe sur le flanc du Mont des Oliviers. L’évangile de ce jour fait suite au complot des chefs juifs contre Jésus. Le récit présente un nouveau repas partagé entre amis, avant la Cène. Le parfum versé sur ses pieds annonce et anticipe son ensevelissement royal. Par son geste, Marie de Béthanie se présente comme un modèle de disciple. Son amour se manifeste par ce don généreux dont l’odeur se répand dans toute la maison.

Pourquoi Marie fait-elle ce geste ? Comment met-elle Jésus au cœur de sa vie ? C’est une question que nous pouvons tous nous poser dans notre cheminement spirituel.

C’est peut-être Marthe qui nous met sur la piste lorsque l’évangéliste précise qu’elle faisait le service (Jn 12, 2). Pour mieux comprendre, revenons au récit de Marthe et Marie (Lc 10, 38-42) qui est très éclairant. Dans cet épisode, Marthe est là, sans être là. Elle semble absorbée par la tâche. Nous appelons cela du dévouement, mais cela n’en n’est pas vraiment car Marthe est agacée : Cela ne te fais rien que ma sœur me laisse seule pour servir ? Dis-lui de m’aider. Et nous, comment vivons-nous le dévouement lorsque nous sommes bénévoles pour l’Eglise ? Sommes-nous désintéressés ? Attendons-nous quelque chose en retour ? Si Marthe était authentiquement dévouée, elle pourrait dire : « C’est formidable, je fais le travail de service afin que Marie puisse écouter Jésus ! » Mais cela ne se passe pas comme cela et elle récrimine.

Jésus répond alors à Marthe : Tu t’inquiètes et tu t’agites pour beaucoup de choses. En effet, pourquoi Marthe prépare-t-elle un dîner avec plusieurs plats ? Un seul suffit ! Elle n’a pas demandé à Jésus ce qu’il veut ! Or, une seule chose est nécessaire : Ecouter la Parole de Jésus et faire sa volonté qui est celle de Dieu. Jésus nous invite à faire en sorte que toutes nos actions soient les siennes et donc celles de Dieu. Si Marthe a le souci de nourrir Jésus, Marie désire être nourrie par Jésus. Marie se met dans les pas de Jésus qui affirme : Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre (Jn 4, 34) En écoutant Jésus, Marie de Béthanie murmure peut-être : Que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite ! Marie est active selon la Parole de Dieu dans le sens où elle prend le temps de se mettre dans les conditions favorables pour lui demander ce qu’Il veut. Il n’y a pas plus d’activisme, plus d’agitation, plus d’affairisme.

Revenons à l’Evangile de ce jour. Les conditions d’une action authentique sont maintenant réunies pour que Marie puisse incliner l’oreille de son cœur. Son cheminement l’a conduit aujourd’hui à manifester son amour pour Jésus en accomplissant ce geste inouï, se prosterner humblement et amoureusement à ses pieds, le dos voûté et les mains ouvertes. Elle est en mesure d’observer cet usage (Jn 12,7). Si l’onction de la tête rendait hommage aux invités de marque selon les Ecritures (Ps 22,5), l’onction des pieds prend le sens de l’interprétation funéraire donnée par Jésus, en vue du jour de son ensevelissement. Ce geste anticipe peut-être aussi le lavement des pieds que Jésus accomplira prochainement.

Hugues Duwig


Dimanche 2 avril

Avec ce dimanche des Rameaux et de la Passion, nous entrons dans la Grande Semaine, la Semaine Sainte, où nous sommes invités à mettre nos pas à la suite du Christ. Il s’agit tant d’entrer dans les sentiments de cette foule qui acclame Jésus en ce jour, mais aussi cette même foule qui le condamnera quelques jours plus tard, ou encore les sentiments mêlés des disciples et des apôtres.
Que cette hymne nous y aide en la faisant nôtre par ces paroles et par sa mélodie.
Voici que s’ouvrent pour le Roi        H 96

Voici que s’ouvrent pour le Roi
les portes de la Ville :
Hosanna ! Béni sois-tu, Seigneur !
Pourquoi fermerez-vous sur moi
la pierre du tombeau, dans le jardin ?

R/ Dieu Sauveur, oublie notre péché,
Mais souviens-toi de ton amour
Quand tu viendras dans ton Royaume.

2- Les sourds entendent les muets
bénir le Fils de l’homme :
Hosanna ! Béni sois-tu, Seigneur !
Pourquoi hurlerez-vous si fort :
« À mort ! Crucifie-le,
Crucifie-le » ?

3- Je vois que dansent les boiteux
le long de mon cortège :
Hosanna ! Béni sois-tu, Seigneur !
Pourquoi vouloir percer de clous
les mains qui ont pitié,
pitié de vous ?

4- Vos yeux guéris d’aveugles-nés
contemplent ma victoire :
Hosanna ! Béni sois-tu, Seigneur !
Pourquoi m’ouvrirez-vous le cœur
sur l’arbre de la croix
comme un agneau ?

Pour écouter, méditer et prier avec cette hymne :
Abbé Pierre Guerigen

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