Soutenir l'Eglise
Trouver ma paroisse
Espace Membres

Mardi 4 avril

Commentaire de la lecture du jour: « Je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre » (Is 49, 1-6)

Nous sommes dans la deuxième partie du livre d’Isaïe, intitulée livre de la Consolation (« Consolez, consolez mon peuple, – dit votre Dieu – parlez au cœur de Jérusalem » Is, 40, 1-2). Dans ce livre, il est principalement question de la libération de la captivité babylonienne. Quatre passages des chapitres 40 à 55 parlent d’un « serviteur de Dieu », appelé aussi Serviteur souffrant. Les exégètes ont beaucoup spéculé sur l’identité de ce serviteur souffrant, et la tradition chrétienne y a vu une préfiguration de Jésus Christ : le salut attendu viendrait par un personnage prophétique souffrant, qui serait glorifié après son humiliation. Le passage offert à notre méditation aujourd’hui trouve donc toute sa place en pleine semaine sainte.

Les exégètes et moi avons peut-être une lecture différente de la Bible. Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais pour ma part, je m’identifie tout naturellement au narrateur des récits rédigés à la première personne du singulier. Et donc, en lisant ce texte, je suis le serviteur de Dieu. Je suis ragaillardie en me rappelant que oui, j’étais encore dans le sein maternel quand le Seigneur m’a appelée (tout en lisant, une voix intérieure me chante la très jolie composition du frère Jean-Baptiste, « Ne crains pas » – vous connaissez ?). Je me réjouis que ma parole, à l’instar de saint Paul, soit une épée tranchante ; je suis ravie d’apprendre que je suis une flèche acérée, cachée dans le carquois du Seigneur – la métaphore guerrière me surprend un peu, quand même. Enfin, cerise sur le gâteau, la splendeur du Seigneur de manifeste au travers de mon humble personne – une grande inspiration, un grand contentement, une grande fierté dans la modestie (n’ayons pas peur des oxymores) : c’est moi, tout ça. Vraiment ? Là, je ne peux m’empêcher de me demander si mon identification n’est pas, disons-le, prétentieuse.

La suite, plutôt désolante, me rassure totalement. Le serviteur qui s’interroge sur l’utilité de ses efforts, sur leur justification, et par suite sur la raison de sa propre existence : c’est bien moi, c’est bien nous. À quoi bon se lever le dimanche matin ? Pourquoi participer à ce groupe de prière ? Ces méditations, qui les lira ? Vous savez, tous ces doutes qui naissent dans notre esprit, et qui essaient de nous conduire au découragement, de nous cantonner à une existence douillette, confortable, sans exigence, sans prise de risque, sans Dieu. Je ne crois pas que ces doutes viennent de nulle part, je crois qu’ils sont semés par l’esprit mauvais.

Alors, comme il est bon, comme il est réconfortant de lire la suite du texte ! Malgré toutes nos imperfections, toutes nos faiblesses, nous avons de la valeur aux yeux du Seigneur, nous puisons de la force en Dieu, nous serons la lumière des nations. Voilà qui nous permet de chasser nos vilains doutes, de les expédier loin de nous ; voilà qui nous incite à prendre à nouveau la livrée du serviteur pour que tout notre être tende vers Jésus, vers sa Passion qui nous sauve et vers son éclatante Résurrection !

Marie Julie Leheup

 

 

Partager