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Samedi 18 mars

Commentaire de l’évangile du jour: « Le publicain était devenu un homme juste, plutôt que l’autre » (Lc 18, 9-14)

Dans cet évangile, Jésus parle probablement à des Pharisiens qui considèrent qu’ils sont des « justes » parce qu’ils pratiquent très scrupuleusement les exigences de la Loi juive. En fait, Jésus ne critique pas leur pratique de la Loi mais leur prétention de se croire meilleurs et supérieurs aux autres. Les pharisiens apparaissent ici des personnages représentatifs de cette attitude religieuse que Jésus conteste. La parabole vient en effet tout renverser.

Aux yeux de Dieu, ce n’est pas celui qui fait très bien qui est le meilleur, mais celui qui s’incline humblement devant Dieu, qui se sait petit et pécheur et qui Lui demande de l’accueillir malgré tout. Ce que Dieu regarde, c’est l’intention avec laquelle tout est fait, ce qu’il y a dans le cœur de l’homme. Qu’on se souvienne de l’admiration de Jésus pour la pauvre veuve !

Chez Luc, Jésus apparaît comme un grand ami des publicains, des prostituées et de tous les pécheurs. C’est pour eux qu’il est venu ! En se tournant vers lui, en l’accueillant, ils se sentent accueillis et pas du tout jugés et ils se convertissent. Zachée est le type même du pécheur qui change totalement de vie. Jésus, c’est Dieu fait homme qui entre dans la maison des pécheurs pour en faire son Église : le repas des pécheurs devient avec sa présence celui de l’eucharistie et du salut : « aujourd’hui, le salut est arrivé dans cette maison ! »

Jésus n’est certes pas l’ami du péché ! Il ne cautionne pas les manières de vivre des pécheurs. Il vient les appeler à la conversion, et cela consiste à se reconnaître pécheur, surtout pas juste. Le pécheur découvre qu’en présence de Jésus il se découvre « justifié », « ajusté » comme disait le Bienheureux évêque dominicain d’Oran, Pierre Claverie. « Aie pitié du pécheur que je suis ! » dit le publicain en se frappant la poitrine » (Lc 18,13).

La religion de Jésus est une religion de la conversion profonde, en réponse au pardon offert et à l’appel à la vraie vie. Ce n’est pas quand l’homme fait des choses extraordinaires que Dieu l’aime, mais quand il se tourne vers lui, comme un mendiant. Ce qui compte aux yeux de Dieu, c’est l’amour avec lequel on fait toutes les choses de nos vies. Car, si je n’ai pas la charité, tout ce que je peux faire n’est rien… C’est Paul qui l’a écrit (1 Co 13).

Cette parabole nous renvoie au Magnificat, où Marie dit que Dieu se penche vers « l’humiliation » de sa servante et où elle proclame qu’il « élève les humbles ». Cela nous permet peut-être de mieux comprendre la sentence finale de l’évangile d’aujourd’hui : « Qui s’abaisse sera élevé ! » En effet, Dieu se penche toujours vers celui qui est humilié ou qui s’abaisse par humilité afin de le relever, de l’élever, de le faire monter vers lui.

Fr. François-Dominique CHARLES, o.p.


Vendredi 17 mars

Commentaire de l’évangile du jour : « Le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur : tu l’aimeras » (Mc 12, 28b- 34)

C’est de la récitation dont Jésus fait preuve aujourd’hui. Il récite le « Shema Israël », cette prière que tous les juifs pieux récitent plusieurs fois chaque jour. Mais Jésus ne s’arrête pas à ces mots. Il les complète, avec ce second commandement, tiré lui aussi de l’Ancien Testament. Il mets ces deux commandements en parallèle. Nous apprenant ainsi que l’amour est unique… I ln’y a pas l’amour que l’on a pour Dieu et celui que l’on a pour les hommes. L’amour est un, et St Jean nous dira que Dieu est amour…

Le scribe qui est avec J2sus et qui l’a interrogé reprend d’ailleurs, en complétant lui aussi ce que vient de dire Jésus : « L’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices. » ! Voilà le sacrifice qui plait vraiment à Dieu : aimer ! Le reste n’est qu’un pis-aller. Un moyen de nous préparer à vivre mieux cet amour, qui demande de la liberté. Sacrifier quelques chose, c’est se désencombrer, pour laisser plus de place à cet amour qui nous entraine et nous pousse à aimer… Le scribe l’a compris… Et à sa suite, nous sommes invités à faire nôtre cette réaction ! Par nos paroles et par nos actes …

Stéphane Jourdain


Jeudi 16 mars

Commentaire de la lecture du jour: « Voilà bien la nation qui n’a pas écouté la voix du Seigneur son Dieu » (Jr 7, 23-28)

Cette parole que nous adresse le prophète Jérémie au cœur de notre carême sonne comme un avertissement sérieux, ou du moins comme une recommandation bienveillante.

Car nous dit Jérémie, écourter Dieu revient tout simplement à faire le seul choix qui vaille !

En écoutant la voix de Dieu, nous avons tout à y gagner nous dit en substance le prophète !

Et bien plus encore, car écouter Dieu revient à faire de notre existence une marche continue sur les chemins du bonheur. Avouez tout de même que cela mérite d’y réfléchir à deux fois ! Voilà en tout cas une proposition qui a tout d’une grande, pour reprendre une célèbre formule publicitaire !

Qui d’entre nous n’aspire pas au bonheur ? N’est-ce pas là notre quête incessante ? N’est pas là ce que nous recherchons de façon pressente ? Est-ce que notre vie toute entière n’est pas tendue vers ce seul objectif ?

Nous le voyons bien autour de nous, la société toute entière n’aspire qu’à cela. Les publicités en ce sens sont légions ! Le plus grand nombre de nos contemporains recherche cela à tout prix. Mais cherchent-ils toujours là où le vrai bonheur se trouve ? Ne s’égarent-ils pas le plus souvent du côté des paradis artificiels et éphémères ?

Que notre prière en ce jour nous incite alors à rechercher le vrai bonheur en se tournant vers le visage de Jésus, ce visage qui seul peut nous assurer qu’avec Lui nous sommes assurés d’emprunter le sentier de la vraie vie !

Il y a quelques jours déjà dans l’évangile Jésus nous invitait à écouter Moïse et les prophètes…  Aujourd’hui le prophète Jérémie nous invite à écouter Dieu…Écouter !

Écouter ! Et si ce verbe était celui qui corresponde le mieux à ce temps du carême ?

Écouter ! Et si écouter Dieu était tout simplement le résumé parfait de la clé du bonheur ?

                                                                                   Père Jean-Marc ALTENDORFF+

 

 

 

 


Mardi 14 mars

Commentaire de l’évangile du jour: « C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère » (Mt 18, 21-35)

Jésus nous fait aujourd’hui une petite leçon d’arithmétique. Préparons-nous à être surpris ! Que l’Esprit Saint souffle en nos cœurs pour nous rendre attentifs à Sa parole.

Jésus raconte à Pierre une parabole : un roi remet sa dette à l’un de ses serviteurs, puis se fâche en apprenant que ce serviteur n’a pas lui-même remis la dette de son compagnon. Le roi, c’est Jésus ; le serviteur, c’est moi ; le compagnon, toute personne qui m’a offensé. Les chiffres sont exorbitants : quel roi laisserait l’un de ses serviteurs s’endetter pour soixante millions de pièces d’argent ? On voit ici deux mondes et deux mesures. Le premier enseignement de la parabole est que notre péché est incommensurable : mon offense envers Dieu vaut des millions. Si l’offense qu’on m’a faite vaut 100 pièces d’argent, j’ai moi-même offensé Dieu 600.000 fois plus ! Quant au pardon demandé à Pierre, qui semble déjà démesuré, ce n’est que de pardonner soixante-dix fois sept fois, soit 490. Rien à voir avec 60 millions !

Cette parabole fait un peu penser à la pyramide de Ponzi : un fraudeur recrute des investisseurs de plus en plus nombreux, puis s’enfuit et personne ne peut être remboursé. L’argent investi est de plus en plus grand jusqu’à ce que tout s’effondre. La pyramide de Jésus est meilleure : chacun pardonnant à celui qui l’a offensé, on fonde une immense pyramide d’amour dont Dieu est le sommet, lui qui pardonne à tous. Le deuxième enseignement de la parabole, c’est la fécondité de l’amour. Si je pardonne à celui qui m’a offensé, j’entre dans un cercle vertueux, où je peux moi-même recevoir le pardon qui m’est fait.

L’erreur du serviteur, nous la commettons bien souvent : ne pas comprendre la valeur du Salut. Jésus est notre Sauveur, mais de quoi exactement sommes-nous sauvés ? La parabole permet de nous faire comprendre l’enjeu, vital plus que financier : ne pas être vendu comme esclave, ne pas perdre son épouse ou son époux, ses enfants, tous ses biens, ne pas être livré aux bourreaux. Oui, Jésus nous sauve de la mort, des conséquences désastreuses de notre péché.

Après avoir compris ce que fait Jésus, nous pouvons comprendre ce que nous devons faire. À Pierre qui demande à son maître comment il doit pardonner, Jésus explique d’abord que Pierre (c’est-à-dire moi, chacun de nous) est un pécheur, un pécheur pardonné et donc un pécheur qui pardonne lui-même. Pardonner autant, aussi vite et aussi bien que Jésus ? C’est impossible. Mais suivre son chemin, comme le dit le psaume 24, c’est possible. Devant le roi de la parabole, ce sont tous les serviteurs qui défilent : celui au centre de la parabole n’est qu’un homme parmi d’autres, entouré de compagnons qui sont tous endettés envers leur roi. Pardonnons-nous les uns les autres pour imiter, à notre faible mesure, Celui qui nous a tant aimés qu’Il est mort pour nous !

Pour finir cette méditation, contemplons une dernière fois Jésus miséricordieux. En ayant une idée un peu plus juste de notre péché irremboursable, admirons l’infini amour de Dieu qui est mort sur la Croix pour effacer ce péché. Et osons présenter à Dieu nos cœurs brisés, nos esprits humiliés : c’est la seule chose qui soit à nous, que nous pouvons vraiment offrir à Dieu, et c’est la seule chose qu’Il attend de nous.

Clotilde et Léonard Dauphant


Lundi 13 mars

Commentaire de l’évangile du jour : Jésus, comme Élie et Élisée, n’est pas envoyé qu’aux seuls Juifs (Lc 4, 24-30)
Jésus est accueilli favorablement dans la synagogue de Nazareth où il lit et commente les saintes écritures. Malheureusement l’atmosphère va vite changer. Jésus se révèle alors comme étant le Messie, celui en qui se réalisent les paroles du prophète Isaïe, celui qui apporte à tous la délivrance, la liberté. Jésus va alors se heurter à l’incrédulité des habitants de Nazareth qui, certainement attendaient de Lui qu’il accomplisse des prodiges comme en Judée, sans pour autant voir en Lui le véritable envoyé de Dieu. « Amen, je vous le dis : aucun prophète n’est bien accueilli dans son pays » (v. 24) Jésus perçoit le manque de foi des habitants de Nazareth, Ils n’entendent pas ou ne veulent pas entendre qu’il est le Sauveur tant attendu. Aujourd’hui hélas, nous constatons qu’il existe dans la société, dans nos familles, ce même refus d’écouter et d’accueillir ceux qui ont mission de proclamer la Bonne Nouvelle. Que faire ? Pour ma part, je sais que la prière apporte des réponses et peut faire évoluer les choses.
Comme à l’époque d’ Elie et d’Elisée, Dieu n’est pas accueilli parmi les siens. (v .25, 26, 27) Jésus rappelle à son auditoire comment le prophète Elie était venu au secours d’une veuve vivant en terre païenne car elle avait montré beaucoup d’ amour et de confiance. De même comment le prophète Elisée avait guéri un officier Syrien qui était atteint de la lèpre, car il avait montré beaucoup d’humilité et s’était ensuite converti. Dieu notre Père demande à chacun de nous d’aimer comme Lui nous aime. Tout acte d’amour est signe de sa présence en nous. Jésus est là pour nous guider et nous ouvrir le chemin de rencontre avec Dieu tout au long de notre vie.
« Tous, dans la synagogue furent remplis de colère…ils se levèrent, entraînèrent Jésus…le menèrent au sommet de la colline…afin de le précipiter dans le vide ». (v. 28, 29) L’obscurité grandit dans le coeur des Nazaréens, et les pousse à vouloir commettre l’irréparable : Tous résistent à la grâce de Dieu. Déjà se profile au loin la croix de Jésus.
« Mais il passa au milieu d’eux et s’en alla ». (v. 30) Jésus va son chemin pour rencontrer d’autres hommes, tous ces hommes et femmes de bonne volonté quelle que soit leur origine, leur religion. Ces hommes, ces femmes qui lui feront confiance, et le suivront sur le chemin de la paix, et de l’amour. Jésus s’éloigne telle une force tranquille, dans le silence, sans porter de jugement ni même de condamnation.
En ce chemin vers Pâques demandons au Seigneur l’amour dont nous avons tous besoin pour aimer notre prochain comme nous-même.
Ghislaine Lavigne

Dimanche 12 mars

Commentaire de l’évangile du jour: « Une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle » (Jn 4, 5-42)

Rencontre improbable ! Demande pour le moins inattendue ! Jésus fait halte à Sychar, en Samarie, terre hostile au culte juif, pratiquant le culte des idoles ! Il se pose près du puits, donné par  Jacob aux Samaritains, à l’heure la plus chaude ; Il est fatigué, assoiffé ! Il est seul, disponible à la rencontre ! C’est Lui qui transgresse les usages en s’adressant à la Samaritaine, femme pécheresse, venue puiser de l’eau .Il lui demande ce qu’elle peut assurément Lui donner …de l’eau. Quand elle manifeste son désarroi Jésus lui dit une parole troublante : « Si tu savais le don de Dieu et qui est Celui qui te sollicite…c’est toi qui m’aurait demandé à boire » .Elle ne comprend pas, elle interroge donc Jésus qui la rejoint dans ses réalités concrètes. Elle se laisse touchée par ses mots « Celui qui boira de cette eau n’aura plus jamais soif… »  Et moi de quoi ai-je soif ? Où se trouve cette source d’eau vive ? Où se tient le sanctuaire dans lequel je peux adorer ? Au cœur du Carême, je peux faire miennes ces questions.

De même que je peux, moi aussi, comme la Samaritaine, entendre l’invitation de Jésus à orienter mon regard vers le Père, sans limite de lieu; à libérer  en moi l’espace disponible pour l’accueillir, en ouvrant mon cœur au souffle de l’Esprit et à sa Parole. Je pourrai alors inviter Jésus à se révéler, en dialoguant avec Lui …je pourrai ainsi le (re)découvrir et porter moi aussi un regard neuf sur Celui qui me parle au cœur. Comme la Samaritaine, mon regard pourra se transformer  et me disposer alors à accueillir le Don de Dieu. Suis- je moi aussi disposée à aller puiser à la source d’eau vive en disant comme le psalmiste « Mon âme a soif de Toi, mon Dieu (ps 62) ? Oserai- je chanter « Toi seul est le chemin, la vérité ; Dans mes déserts, tu me rejoins, j’avance dans la confiance, j’ai soif de Ta Présence. Par l’Esprit Saint que tu envoies, tu viens embraser mon cœur. En Toi je connais la joie d’annoncer que Tu es le Seigneur ! »

Danielle SCHUCK


Samedi 11 mars

Commentaire de l‘évangile du jour: « Ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie » (Lc 15, 1-3.11-32)

La liturgie nous offre un itinéraire pour la conversion du cœur et l’accueil de Dieu Père.

« Le plus jeune fils dit à son père « Père, donne-moi la part de fortune qui me revient ». Comment entendre la requête du fils ? Il dit en somme, père je veux vivre ma vie sans toi, donne-moi ce que tu as et qui me revient car tu m’empêches d’aller là où je veux, c’est-à-dire loin de toi. Je veux aussi hériter avant qu’il ne soit trop tard pour en profiter, pour jouir.

N’est-ce pas là notre plus grand péché ? Nous tourner vers Dieu en voulant prendre à Dieu tout ce qu’il peut nous donner : la santé, la force, l’amour, l’intelligence en vue de l’utiliser ensuite en dehors de toute relation avec Lui. Nous demandons tout à Dieu, non sans doute par arrogance et défi comme ce jeune fils, mais par une attitude intérieure pieuse et plutôt égocentrée. Et Dieu est ce Père qui donne sans réserve, acceptant même le risque de n’être plus à notre cœur. Combien de fois oublions-nous Dieu dans notre journée, dans nos relations et nos engagements divers? Nous sommes ce fils qui dans le fond une fois l’héritage pris n’en a que faire du père et s’en détourne pour vivre sa vie.

« Il dilapide sa fortune en menant une vie de débauche. Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin (…) Alors il rentra en lui-même ». Aucune prévoyance ni anticipation, il brûle tout et très vite. Sa richesse s’épuise et ses amis le quittent. Il ne les intéresse plus ! Quel revers ! On le traite comme il a traité son père ; il n’existait à leurs yeux que par sa richesse et une façon factice de percevoir la vie. Il est contraint de travailler et le seul travail qu’il trouve est une humiliation, une misère dans laquelle il s’épuise ; l’impureté de sa vie vaut celle des porcs dont il aimerait bien avoir la nourriture !

« Alors il rentra en lui-même », étape très important et fondatrice d’un chemin dans ses profondeurs. Et qui rencontre-t-il ? Le souvenir de son père, le Père pour nous croyant. Il est là, Présence admirable de douceur et d’amour. Son père lui a tout donné dans un acte tellement aimant qu’il peut espérer être accueilli encore par lui, et il se redresse, quitte cette vie précaire et dissolue pour revenir. Il a conscience de son indignité, il a conscience de la paternité de celui qu’il a écarté de son chemin et espère peut être qu’il pourra restaurer une nouvelle relation avec lui. Il se fait pauvre, son cœur se dépouille, son âme s’offre comme serviteur de la maison de son père et il marche sur ce chemin du retour.

« Père j’ai péché contre le ciel et envers toi, je ne suis pas digne d’être appelé ton fils. » Le texte ne le dit pas mais apercevant son fils, le père courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le père, Notre Père, nous couvre de baisers. Nous ne sommes pas dignes d’être ses enfants à bien des égards mais le texte vient nous certifier que nous ne pouvons être rien d’autre que ses fils car les liens qu’il y a entre Dieu et nous n’ont pas pu être rompus par notre péché, par notre reniement. Ces liens ne dépendent pas de toi, nous dit l’évangile, mais de moi, ton Père, ils dépendent du fait que je t’aime. Tu es l’enfant de ma chair et de mon cœur. Si tu me rejettes, moi je ne me détourne jamais de toi.

Le père commande d’apporter « le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds ». La plus belle robe traduit la TOB mais le grec est ambigu et parle de « première » robe. Ne pouvons-nous pas imaginer que cette robe plus qu’une belle robe, est la première, celle qu’il portait le jour de son départ et qu’il a laissé pour se revêtir des vêtements de l’indignité et de la trahison. Le père l’a ramassée et conservée précieusement à la façon dont Isaac a gardé la robe de Joseph que ses frères lui avait rapporté, marquée du sang du fils qu’il croyait perdu. Et voilà ce fils qui quitte ses haillons pour revêtir ce vêtement, son vêtement dans lequel il se sent si bien et est chez lui. Il porte la robe qu’il a toujours portée ; son père est là comme au jour de son départ. Et le père fait plus encore, il lui donne « une bague », non « un anneau » (TOB) qui traduit symboliquement tout ce que le père donne à un fils : sa vie, ses biens, son honneur, sa famille. Il lui dit j’ai foi en toi, je me donne entièrement à tes mains, ce que je suis, ce que je possède, je t’appartiens sans réserve car tu es mon fils. Ce qui a été vécu est maintenant derrière eux et le père appelle à la fête de la résurrection. Ce fils qui était parti dans une contrée étrangère, dans ce lieu de l’abandon est revenu, c’est le banquet de l’agneau et le Royaume.

« Alors le fils aîné se mit en colère et il refusait d’entrer ». Que se passe-t-il pour ce fils aîné qui a toujours été auprès de son père, un bon travailleur ? En fait ce fils a été fidèle en toute chose mais il n’a pas eu de père et n’a jamais été son fils qu’au for externe. Il n’a pas eu de frère non plus, à la façon dont il en parle. Il n’y a pas de relation de cœur entre eux, de communauté de vie. Il y a une communauté de biens mais pas d’union en profondeur, pas d’amour et il ne peut entendre ni accueillir les paroles de son père « toi mon enfant tu as toujours été avec moi, ce qui est à moi est à toi ».

Voilà un itinéraire qui se présente à nous au cœur de ce carême, des profondeurs du péché au retour à la maison du père, en prenant garde à emprunter la voie du cœur. C’est de l’intérieur de soi que nous pouvons expérimenter la vie en Dieu avec d’autres hommes. Ne tardons pas, notre vie est en jeu, notre liberté à laquelle Dieu n’a de cesse de nous appeler. Elle est amour. Notre cœur est fait pour aimer, rien d’autre ou plutôt toutes autres passions le condamnent à l’errance, la solitude et l’abandon. Veillons et travaillons en nous même pour orienter notre être jusqu’à ses profondeurs vers la lumière et  laissons l’Esprit prendre possession de nous afin d’accomplir dans la confiance absolue notre vocation d’enfant de Dieu par laquelle nous devenons nous-même.

Myriam Duwig


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