Message de Pâques de Mgr Vuillemin

« Ô mort, où est ta victoire ? »

Face à une épidémie, accompagner un mourant, perdre un être cher, participer à des funérailles, surmonter un accident grave… Autant d’occasions de vivre douloureusement notre fragilité humaine.

Accomplir son devoir d’état, investir dans des projets et des constructions de toutes sortes, participer aux changements pour une société plus juste, se donner consciencieusement dans son métier, prendre soin de celles et ceux que Dieu nous confie… Autant d’occasions futures de vivre l’abandon inévitable et douloureux de ce qui nous mobilisait intensément.

À l’approche de sa mort, le Christ vit intensément et douloureusement l’abandon de tout son être à la volonté de Son Père. Il consent à se laisser assumer par Son Père. Mort sur la croix, mis au tombeau, Il ressuscita le troisième jour comme Il l’avait Lui-même annoncé. Ainsi, dans notre histoire close, confinée dans l’unique perspective de la mort, Il a pratiqué une brèche qui ne se fermera plus.

En accueillant, dans la foi, le mystère de la mort et de la résurrection du Christ, nous ne laissons plus totalement la mort nous inquiéter, nous sidérer ou nous révolter. Au contraire, nous commençons à mettre radicalement en question le pouvoir dévastateur de la mort. La foi en la résurrection est un cheminement, parfois long et sinueux ; chacun le vit avec ses propres résistances. Et pourtant, la brèche ouverte est là, devant nous.

C’est dans des conditions parfois très inconfortables et douloureuses que la foi en Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit se transmet. Missionnaires de sa lumière, nous avons à offrir le témoignage quotidien de notre attachement au Christ ressuscité qui transforme radicalement le « sauve-qui-peut » en « qui puis-je sauver ? ». Mais quel est l’avenir de cette transformation, aussi belle soit-elle, sans l’abandon simultané de nous-mêmes dans les mains de Dieu ? Il y a certes encore bien des victoires remportées contre toute forme d’aliénation. Réjouissons-nous d’être comptés par le Christ parmi ses messagers de la Bonne Nouvelle du Salut pour nous et pour tous.

Mais il y a en même temps bien des abandons auxquels nous devons consentir pour n’appartenir qu’au Christ ressuscité et diriger nos efforts, quels qu’ils soient, vers le ciel. « Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut, c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu » (Saint Paul aux Colossiens 3,1).

Ainsi, même lorsque nous nous acquittons d’une tâche terrestre, aussi belle et noble soit-elle, il ne nous est pas permis d’y rester rattachés. Ce qui est donné est donné. Cela ne nous appartient plus.

Par le don total de sa vie, le Christ est devenu le bienfaiteur et le sauveur de tous. Sa victoire sur la mort annonce la victoire du don en nos propres vies. Que la vie de son Esprit fasse résonner en nous l’Alléluia pascal. Quel que soit le niveau de notre confinement, faisons tout pour que la Bonne Nouvelle se répande !

Belle fête de Pâques à toutes et à tous.

+Mgr Jean-Pierre VUILLEMIN

Évêque auxiliaire

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