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Mardi 29 juin

Commentaire de l’Evangile du jour : « Tu es Pierre, et je te donnerai les clés du royaume des Cieux » (Mt 16, 13-19)

Saint Pierre, nous le connaissons assez bien, par ce que nous en disent les Evangiles et le livre des Actes des Apôtres. Travailleur manuel, pêcheur sur le lac de Tibériade, marié et sans doute père de famille, il est l’un des premiers appelés à devenir « pêcheurs d’hommes ». Il s’appelle Simon, mais Jésus lui donne un surnom, « Pierre » et il lui confiera d’importantes responsabilités : sur cette pierre, sur ce roc (un nom divin), Jésus bâtira son Eglise. Il aura la charge de faire paître les agneaux du troupeau. Or cet homme est sans doute inculte. On pense qu’il ne savait ni lire ni écrire. Il ne doit connaître de sa religion que ce qu’il a retenu des enseignements donnés chaque sabbat à la synagogue.

Par contre, Paul est un homme cultivé. Il est originaire de Tarse, en Turquie, sa famille est sans doute riche : il est citoyen romain, un titre qui coûte cher. Il s’est frotté à la culture grecque au cours de ses études, avant de venir à Jérusalem y poursuivre une formation supérieure après du rabbin le plus coté de son époque.

Pierre a fréquenté Jésus depuis l’époque de son baptême au Jourdain ; même s’il a renié Jésus lors de son arrestation, il est l’un des rares témoins oculaires de la résurrection. Paul, lui, n’a pas connu le Jésus terrestre : sa foi date d’une vision fulgurante sur le chemin de Damas, alors qu’il cherchait à faire arrêter les chrétiens. L’autorité de Pierre, qui s’affirme dès le jour de la Pentecôte, sera souvent contestée, aussi bien par les tenants d’une ouverture au monde païen que par les « intégristes » de son temps, qui veulent demeurer des Juifs fidèles. Il semble bien que très vite, le véritable chef de l’Eglise de Jérusalem soit « Jacques, le frère du Seigneur ». Par contre, Paul a un tempérament de feu ; facilement coléreux, parfois difficile à vivre. Il parle et écrit en intellectuel, pas toujours facile à comprendre. Il s’impose partout où il passe. C’est lui qui se donne le titre d’apôtre, même s’il est en dehors des critères fixés par Pierre lorsqu’il s’est agi de remplacer Judas. Il aurait même tendance à limiter le champ de l’apostolat de Pierre au monde juif, en se réservant l’évangélisation du monde païen. Il oublie simplement que c’est Pierre qui a baptisé le premier païen, le centurion Corneille, à Césarée.

Et cependant, ces deux hommes, si différents, sont réunis par quelque chose qui les dépasse infiniment : l’amour du même Seigneur Jésus et l’impérieuse nécessité d’aller jusqu’aux extrémités du monde annoncer la Bonne Nouvelle. Si bien qu’ils se retrouveront à Rome, au cœur de cet Empire qu’il faut évangéliser, et qu’à quelques années de distance, trois ou quatre sans doute, ils donneront le suprême témoignage de leur amour par leur martyre. Pierre, crucifié, comme son Maître, sur la colline du Vatican, Paul, décapité au lieu-dit « Trois Fontaines », dans la banlieue de Rome.

En méditant l’Evangile de ce jour, j’ai été frappé par ce pouvoir que le Christ donne à Pierre de « lier et délier ». Le même pouvoir, d’ailleurs, est donné à tous les disciples (donc, à vous, à moi), deux chapitres plus loin. Je crois qu’il n’est pas question, dans ces paroles, de condamner ni d’absoudre. Pas question de « péchés ». Lier, n’est-ce pas d’abord « créer des liens », relier ; donc, aider les hommes à entrer en relation ; et délier, n’est-ce pas aussi libérer l’humanité de tous les esclavages qui l’emprisonnent ? Ceux qui sont liés aujourd’hui, ce sont St Pierre et St Paul,  ces deux figures de l’Eglise, ces deux figures si différents, qui ont la même volonté d’annoncer et de servir Dieu. Puissions-nous tous avoir cette capacité, malgré nos différences, à être liés les uns  aux autres…

Stéphane Jourdain

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