Hettange-Grande Notre Dame de l’Espérance

« LE VERITABLE SOLEIL ! »

Le Corps du Seigneur, que je vais recevoir et qui va me
transformer en lui, est aussi le véhicule, le ferment et le lien de l’unité de tous les
hommes. Les hommes sont, tous ensemble, un seul pain et un seul Corps dans
le Christ Jésus. Et je vois, quand je célèbre la messe, toute cette humanité
présente et rassemblée autour de l’autel, toute l’humanité de toujours, depuis
le commencement du monde jusqu’à la fin, et bien sûr tout nos
contemporains qui, peut-être, ne se doutent de rien, mais sont cependant
atteints par cet amour du Seigneur qui les embrasse tous, ayant pesé chacun
au prix de sa propre vie. Et le paysage se développe donc jusqu’à l’infini, car
cet évènement de la Messe concerne le monde entier : tous les hommes y
participent, et la Communion à laquelle je suis appelé est la Communion de
tous ; ils reçoivent à travers moi plus que moi, ils reçoivent même le plus
souvent le Seigneur lui-même, ma Communion est leur Communion, qu’ils
soient vivants ou morts, ma Communion est leur Communion, et la
bénédiction sur laquelle s’achèvera la liturgie eucharistique enveloppera du
signe de la Croix et de Sa présence le monde entier, avec toutes ses
promesses de Résurrection.
Il y a donc mille convergences dans cette « prière-action » qu’est la
Messe, elle à son sommet dans la transsubstantiation, il y a mille
convergences qui en renouvellent constamment la profondeur, la beauté et la
puissance de rayonnement. Aussi, célébrer la Messe c’est, pour moi, toujours
nouveau, toujours universel, toujours actuel, toujours transfigurant ma vie et
celle des autres, mais en n’excluant personne, et en appelant chacun à vivre,
à se libérer, à renouveler le visage de l’Amour et à ressusciter. « O Toi, véritable
Soleil, répands-Toi ! Insinue-Toi en nous ! Brille d’un éclat éternel ! Répands en
nos cœurs l’aube de l’Esprit ! »
Le véritable Soleil c’est cette Hostie et ce Calice qui s’élèvent et
englobent tout l’espace pour le consacrer. Et nous sommes bien là au cœur
comme au seuil d’un monde inépuisablement nouveau ! C’est dans cet esprit
[qu’il nous faut] essayer de vivre, dans le silence cette liturgie dont il est le fond
de tableau, le silence créateur, le silence rédempteur, le silence de l’Amour, le
silence de l’Esprit-Saint, le silence où Dieu s’annonce au plus intime de notre
cœur. Dieu nous immortalise, il est la respiration de notre vie, lui seul peut faire
de nous une présence universelle qui embrasse toute l’humanité et tout
l’univers pour en faire une Hostie à la gloire du Père, du Fils et du Saint-Esprit !

Maurice ZUNDEL
Un autre regard sur l’Eucharistie, Genève 1975