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Aux origines de Caritas Moselle

Après un XVIIIe siècle au cours duquel la charité traditionnelle était un peu disqualifiée, le XIXe siècle, face à la misère qui s’accumule dans les nouvelles cités industrielles et qui s’aggrave avec l’exode rural, développe bien vite à nouveau l’assistance privée et l’attention au pauvre. Les nombreuses congrégations religieuses fondées à ce moment-là veulent aller en priorité vers les plus démunis et un certain nombre de chrétiens, constatant les limites de leurs œuvres, prolongent leur action sur le terrain politique et social, ouvrant ainsi tout le débat autour du catholicisme social, ce qui aboutit à la publication de la première encyclique sociale, Rerum Novarum, de Léon XIII en 1891. Dans le diocèse de Metz, avec l’arrivée, en 1901, de Mgr Willibrord Benzler et l’avènement d’une nouvelle génération de prêtres qui n’avait pas connu la période française, une attention plus grande est portée au catholicisme social allemand, dont on admire l’organisation et la vigueur. La pose de la première pierre de Mathildenstift, l’actuel hôpital Belle-Isle, en 1886, rend sensible également à la vitalité des œuvres protestantes en Moselle.

C’est dans ce contexte que Mgr Benzler suit avec beaucoup d’attention les initiatives de deux hommes, Lorenz Werthmann à Fribourg-en-Brisgau et Paul Muller-Simonis en Alsace, qui rêvent tous les deux de mettre sur pied dans tous les diocèses d’Allemagne des associations caritatives de laïcs. La Caritas allemande, fondée le 9 novembre 1897, est reconnue par la Conférence épiscopale de Fulda en 1916. De son côté, Paul Muller-Simonis met en place la coordination des œuvres charitables en Alsace dès 1897. L’année suivante, en 1898, il crée à Strasbourg le Secrétariat de la Charité et lance une revue, Caritas. En 1903 sont déposés les statuts de la Caritasverband de Strasbourg, une fédération qui réunit les œuvres caritatives catholiques sans porter atteinte à l’indépendance des organismes affiliés.

Il est incontestable que cette réalisation et son succès ont eu une influence déterminante dans l’appel lancé par Mgr Benzler, le 8 avril 1906, aux associations charitables de la ville de Metz. Il s’agissait, dans son esprit, de se donner une structure commune afin d’obtenir une meilleure efficacité de l’action en sortant de l’isolement et aussi de donner une vraie place à la charité privée, catholique, à un moment où doivent être introduites dans le Reichsland une série de réformes concernant l’Assistance publique. Ainsi donc, il fallait veiller à donner à qui en a vraiment besoin, mais également à avoir une action plus sûre, plus rapide, grâce aux renseignements que fournirait un véritable secrétariat de la charité, ce qui permettrait à la fois de combattre la pauvreté mais aussi, en la connaissant bien, de la prévenir. L’appel de l’évêque fut entendu et le 14 juillet 1906, il pouvait écrire : « Nous saluons avec joie la création dans notre ville épiscopale d’une fédération des œuvres catholiques de charité et nous engageons vivement toutes nos sociétés et institutions catholiques, nos communautés religieuses et les personnes charitables de la ville de Metz, à adhérer à cette œuvre, qui devient de jour en jour plus nécessaire. »

L’activité de cette fédération démarre très bien, elle regroupe rapidement, au bout de deux ou trois ans, près de 400 membres, dont environ 70 sociétés et institutions. Ce succès va entraîner trois conséquences dans les années suivantes.

Première de ces conséquences : la nécessité d’étendre la fédération à tout le diocèse. C’est l’Assemblée Générale du 11 novembre 1908 qui décide que « à dater du premier octobre 1909, la fédération des œuvres de la ville de Metz deviendra une fédération diocésaine de toutes nos œuvres de charité. » Cette fédération, inscrite au registre des sociétés du tribunal cantonal de Metz le 2 janvier 1910, regroupe, dès novembre, 667 membres dont 90 sociétés et institutions.

Deuxième conséquence : la prise de conscience, à travers les activités de la société, de la nécessité d’une formation pour œuvrer dans le domaine de la charité. Dans un discours prononcé à Metz, Muller-Simonis, le fondateur de la Caritas de Strasbourg, le confirme avec force : « Je résume, dit-il, les devoirs de la charité privée en ce mot : “s’organiser”. S’organiser pour défendre ses droits ; s’organiser pour former notre personnel charitable. On ne s’improvise pas serviteurs des pauvres, surtout aujourd’hui où les conditions de la vie sont si compliquées, où les lois sociales exercent une si grande influence, et modifient parfois si profondément la situation économique du pauvre. » L’ouverture, dès 1908, sous l’égide de la fédération, d’une école d’infirmières à l’hôpital Sainte-Blandine, école destinée en premier lieu à la formation professionnelle des religieuses des diverses congrégations, répondait déjà à cette exigence.

Troisième conséquence : la reconnaissance de la vitalité de cette action charitable au-delà des frontières du diocèse. C’est en effet à Metz en 1912, qu’est organisée la troisième Semaine charitable de la fédération charitable des catholiques allemands, après celles de Francfort-sur-le-Main et de Strasbourg. Cette semaine rassembla les représentants les plus éminents des œuvres de France et d’Allemagne. Cette semaine charitable fut aussi l’occasion de faire le point sur l’action de la fédération du diocèse de Metz : une intervention très remarquée de Robert Schuman sur l’éducation de l’enfance abandonnée d’après la législation d’Alsace Lorraine rappelle l’intérêt tout particulier porté, à cette époque, à la jeunesse et spécialement aux jeunes filles venues travailler à la ville.

La fédération est en sommeil pendant plus de cinq ans au cours de la Première Guerre mondiale, mais Caritas renaît et connaît même un développement important dans l’entre-deux-guerres, en grande partie grâce à l’action du chanoine Ermann, qui en assura la présidence jusqu’en 1952. À partir de 1952 cependant, année où le Secours catholique de la Moselle intègre Caritas, l’action de cette dernière va se confondre de plus en plus avec la dynamique du Secours catholique, qui va bousculer ses méthodes traditionnelles. Les deux entités ont le même président, mais peu à peu l’activité du Secours catholique prend le pas sur celle de Caritas, tout en bénéficiant des structures de cette dernière. Finalement, le Secours catholique mosellan se séparera juridiquement et financièrement de la fédération Caritas en 1997.

Les difficultés nées des deux guerres mondiales élargissent les perspectives de l’action à mener. Ainsi en 1955, ce ne sont pas moins de 2 650 lits en hôpitaux, maternités, maisons d’enfants et hospices qui sont proposés par les organismes liés à la fédération. Par le biais de l’Union départementale des œuvres privées sanitaires et sociales, Caritas entretient également avec les instances publiques telles que le Conseil Général, les caisses de Sécurité sociale et d’Allocations familiales, une collaboration étroite qui permet de mettre en place une structure rationnelle et efficace en Moselle.

maison_solidariteL’ampleur de la misère du Tiers-Monde, révélée en particulier lors de la décolonisation des années 1960, donne une nouvelle dimension, rappelée par Jean XXIII dans Mater et Magistra en 1961, à la question sociale. La crise économique des pays occidentaux dans les années 1980 amène la France à se découvrir un Quart-Monde, à réaliser que la persistance et l’ampleur du chômage ont pour conséquence la marginalisation et l’exclusion d’une fraction notable de la population. Caritas Moselle continue alors à fédérer les efforts en vue d’un travail rationnel et efficace, car les œuvres traditionnelles continuent, dans la discrétion, à apporter leur concours dans la lutte contre la pauvreté. Au début des années 1980, sous la présidence de Mgr Paul Hirtz, l’association retrouve un second souffle et déménage au boulevard Paixhans à Metz, dans la Maison Daubrée qui deviendra la Maison de la Solidarité. Celle-ci devient en effet le siège social de diverses autres associations et voit surtout la naissance en 1986 du vestiaire Saint-Martin.

La réunion, en 2001, de Caritas Moselle et du nouveau Conseil diocésain de la Solidarité, dont les objectifs et l’esprit étaient très proches, apporta un nouvel élan susceptible d’engager vraiment les chrétiens du diocèse dans une action caritative et leur faire découvrir que cette action est un lieu où la charité de Dieu nous précède, se donne à découvrir, comme le rappelait Benoît XVI dans sa première encyclique : « Dieu est Amour. » 

Jusqu’en 2016, l’action de Caritas Moselle tient principalement en la gestion du vestiaire solidaire, qui compte tout de même, à cette époque, environ 10 000 passages annuels. Au vu de l’augmentation du nombre de bénéficiaires étrangers, des cours de FLE (français langue étrangère) sont aussi mis en place par Caritas. Depuis 2017, ils sont pris en charge par le Service diocésain de pastorale des migrants. Quelques associations partenaires travaillent également sur le même site. En 2018, en complément du vestiaire Saint-Martin, l’espace Cari’boutchou est inauguré.

Depuis 2016, la nouvelle équipe en place a apporté un nouvel essor à Caritas Moselle qui prend désormais une place incontournable parmi les associations caritatives mosellanes. Elle compte plus de 200 adhérents depuis cinq années consécutives et environ 75 bénévoles qui se relaient dans les diverses activités de l’association.

En février 2022, l’inauguration des nouveaux locaux de l’association, à une cinquantaine de mètres seulement de la Maison de la Solidarité, a permis d’offrir aux bénévoles et aux salariés de Caritas Moselle des conditions de travail optimales et d’accueillir les bénéficiaires dignement, dans un cadre agréable et parfaitement adapté aux besoins de chacun.

Le Service diocésain de la Charité

En 2016, à l’occasion des 110 ans de Caritas Moselle, Mgr Jean-Christophe Lagleize, évêque de Metz, a souhaité donner des orientations nouvelles à la fédération des œuvres de charité du diocèse de Metz, en créant le Service diocésain de la Charité.

Ce nouveau service a pour mission de représenter Caritas Moselle auprès des autres instances civiles et religieuses et de privilégier le service du plus pauvre dans l’ensemble du diocèse et ce, au cœur des préoccupations de notre époque.

Le Service de la Charité s’engage ainsi à :

  • stimuler l’engagement caritatif de l’ensemble des catholiques de Moselle par le développement de liens avec les paroisses, les services, les mouvements et associations caritatifs présents dans le diocèse ;
  • porter la pastorale du deuil (septième œuvre de miséricorde), en collaboration avec le Service diocésain de pastorale liturgique et sacramentelle, le Service de la formation du diocèse et le Service Santé-Handicap, pour témoigner de la sollicitude de l’Église auprès des personnes frappées par un deuil.

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