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27 mars 2024 

Commentaire évangile du jour : « Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? »

Mon regard se porte aujourd’hui sur la figure de Judas, compagnon, pèlerin et disciple du Christ. C’est avec cet homme que débute réellement la Passion. Les grands prêtres et les pharisiens cherchaient un traître pour livrer Jésus : le voilà qui vient à eux.  Je me demande aujourd’hui : qu’est-ce qui a poussé Judas à livrer Jésus ? Quel revirement dans son comportement ? Quel bénéfice/risque y voit-il ?

Judas est le dernier disciple choisi par Jésus, le dernier cité chez l’évangéliste Marc lorsqu’il énumère la liste des hommes choisis pour le suivre (Mc 3,19). Il n’est pas fait mention de la signification de son prénom ou d’un surnom décrivant son passé ou sa personnalité (Jacques fils d’Alphée, Simon le Zélote) mais bel et bien de son futur et de sa future action de trahison (celui qui avait l’intention de le livrer). Le voilà catégorisé par l’écriture. Connaissant cela, Jésus souhaite changer son cœur et l’établit quand même pour demeurer avec lui. Il le suivra jusqu’à Jérusalem. Il occupera même un rôle de confiance, celui de gardien de la caisse.

Et voilà que Judas, comme un tueur à gage, décide de se soumettre à la perversion du diviseur pour seulement 30 pièces d’argent. Une modique somme dont il s’accommode et qu’il ne négocie pas. C’est avec cet homme, par l’action de cet homme que le mal entre définitivement dans les rangs des proches amis de Jésus. Le voilà qui gangrène même jusqu’aux disciples. Judas est ici le symbole de ces juifs qui ont refusé de reconnaître en Jésus le messie, l’envoyé du Père.

Il est aujourd’hui le symbole vivant de nos faiblesses, de nos incapacités à résister aux sollicitations perfides qui nous détournent de Dieu, qui nous font condamner, livrer à mort. Cela peut nous paraître trop gros, trop fort, mais nous avons chaque jour l’occasion de basculer de l’attention au mépris, de l’écoute à la négation, de l’amitié à l’inimitié.

En cette fin de carême nous pourrions nous demander ce qu’il reste en nous à délivrer, pour ne pas être tenté de livrer nos frères et sœurs, de trop vite les condamner, pour ne pas être tenté de livrer le Christ, de trop vite le condamner. C’est en voyant l’opacité du cœur de Judas, qu’Il a choisi d’aller jusqu’au bout, de se donner tout à tous. Il a été compté parmi les mauvais, lui le juste. Il venait pour nos péchés et il a été accusé de péché, compté parmi les pécheurs. « Tu veux au fond de moi la vérité, dans le secret tu m’apprends la sagesse » (Ps 23). Aide nous à identifier Seigneur ce qui individuellement et structurellement peut te faire du mal. Que nous puissions continuer à te suivre avec confiance, sur le chemin de ta Pâques; soutenu par ton amour.

Antoine Morel

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