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Mardi 5 mars

Commentaire de l’évangile du jour: « C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère » (Mt 18, 21-35)

L’Évangile d’aujourd’hui commence benoîtement et finit terriblement. Pierre et Jésus débattent du pardon entre frères, avec une proposition très raisonnable, voire généreuse, de la part de Pierre – pardonner sept fois -, et surenchère du côté de Jésus – 70 fois sept fois. Le débat est courtois et peut sembler un peu puéril. Mais Jésus enchaîne avec une parabole qui n’a plus rien d’un enfantillage – peut-être a-t-il perçu notre amusement et celui de ses auditeurs ? Il y est question de sommes d’argent colossales, d’esclavage, de tentative de meurtre, d’emprisonnement, de trahison, d’être livré aux bourreaux – là, je m’interroge : comment le fait d’être livré aux bourreaux peut-il rembourser une somme d’argent ? Et enfin, la terrible conclusion : voici le sort qui nous attend si nous ne pardonnons pas du fond du cœur à notre frère.

Je crois, chers lecteurs, que Jésus cherche à nous dire quelque chose de capital. Je dirais qu’il insiste lourdement et que la question du pardon dû aux frères lui tient particulièrement à cœur.

À ma connaissance, c’est la troisième fois depuis le début du temps béni du Carême que nous sommes appelés à pardonner du fond du cœur à nos frères : le jour des Cendres, après l’enseignement sur l’aumône, la prière et le jeûne, nous avons entendu le texte du Notre Père, suivi de deux versets additionnels – « Car, si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi. Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes. » Mt 6, 14-15 – ; mardi de la première semaine de Carême nous avons entendu à nouveau le chapitre 6 de l’Évangile de St Matthieu, versets 7 à 15 ; et enfin, aujourd’hui le chapitre 18.

Je crois qu’il faut maintenant faire quelque chose. S’attaquer au chapitre des offense, par exemple. Il y a les franches offenses, les insultes lancées en pleine face, qui nécessitent une demande de pardon et un pardon accordé. Et puis il y a les petites offenses qui nous égratignent sans que leur auteur soit conscient de la souffrance qu’elles entraînent. Leur auteur ne demandera pas pardon, forcément, puisqu’il ne sait pas que nous avons été blessés. Et nous lui en voulons, et nous avons tendance à recueillir toutes ces petites offenses pour former un bouquet de ronces monstrueux que nous nous lui restituerons, le moment venu, avec un malin plaisir.

Ou alors, nous pouvons aussi mettre le feu à notre roncier, le regarder disparaître sous l’action du pardon, et franchir allégrement l’espace ainsi dégagé pour rejoindre notre frère.

Marie Julie Leheup

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