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1er février 2024

Commentaire de l’évangile du jour : « Il commença à les envoyer en mission » (Mc 6, 7-13)

Nous est donné aujourd’hui de méditer l’envoi en mission des disciples. Après avoir suivi une formation accélérée, un compagnonnage rapide avec le Christ les voilà projetés dans une autre réalité d’existence. Ils ont été appelés un à un, progressivement. Jacques, Jean, Lévi, puis les autres… “Seigneur entends ma prière, dans ta justice écoute mes appels” (Ps 142).

Avec confiance, ils ont pris la route avec l’homme de Nazareth. Sans trop réfléchir, sans trop comprendre l’intégralité de ce qu’ils vivaient. En cela, ces disciples de l’an 30 nous ressemblent un peu. Toujours avec un cran de retard, marchant d’un pas chancelant, dubitatif.

Ils se sont laissés pêcher, enseigner; guérir aussi, notamment de leur représentation du messie, Dieu sauveur. Le Christ n’est pas qu’un messie royal, régnant au devant de tous; “tout le monde te cherche (Mc 1,7). Il n’est pas qu’un grand prêtre, prêcheur en toutes les synagogues. Il se laisse rencontrer, se mélangeant sans surplomb à la foule pour signifier par ses actes et ses paroles comment tous sont précieux aux yeux de Dieu.

Ce nouveau pas dans la confiance est presque un saut dans la vide. Nous pourrions être surpris qu’aucun d’eux ne demande de détail sur une mission dont ils ignorent le contenu, le but. Des précisions leur sont donnés sur la forme “seulement un bâton; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture. Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange.” mais pas sur le fond. Aujourd’hui, quand nous pouvons avoir tendance à attendre des choses claires et précises, des consignes claires notamment sur le plan spirituel, comment nous laissons nous envoyer sans but précis, ouvert à l’inattendu ?

Et malgré ces imprécisions “ils partirent”. Et ce départ les engage un peu plus. L’appel sourd qu’ils portent au fond d’eux-mêmes se révèlent un peu plus de par leur réponse.

Les ingrédients pour la mission sont rudimentaires : bâtons et sandales. Ni plus ni moins. Cela nous rappelle la tradition nomade du peuple hébreux ainsi que le propre de la foi qui est mouvement, déplacement. “Se mettre en chemin vers Dieu suppose une marche qui n’en finit pas; s’arrêter, c’est être dans l’illusion d’avoir atteint le but (Thaddée Matura).

“Pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture.” La sobriété obligée des disciples peut nous étonner. Elle est aussi symbole du don que font les disciples. Se décharger quelque peu (ce à quoi nous sommes trop attachés au sens fort) nous permet de nous charger de la présence de Dieu dans nos vies et d’accueillir les mains vides ce qu’Il nous donne.

Le Christ transmet donc son pouvoir et son autorité et permet à l’homme d’être acteur de l’histoire de son salut. La ou Dieu qui veut tout pour nous, et le meilleur, pourrait tout faire sans nous il n’en est rien. Il accepte de se dessaisir en partie de l’annonce du Royaume en le remettant aux disciples. C’est en unissant leur volonté propre à celle du Christ que les disciples partent, profondément libres, totalement donner à celui qui les a appelés-envoyés.

Seigneur, à l’image des disciples, tu nous appelles à Te suivre, à partir sur les routes. Pour rejoindre l’autre chez lui, sur son terrain, dans ses réalités de vie. Tu nous rends responsables d’aller trouver nos frères pour leur annoncer Dieu vivant. Rend nous attentifs et disponibles à tes appels, les mains vides pour t’accueillir pleinement.

“Partez dans votre journée sans idées fabriquées d’avance et sans lassitude prévue sans projet sur Dieu, sans souvenir de lui, sans enthousiasme, sans bibliothèque, à sa rencontre. Partez sans carte de route pour le découvrir, sachant qu’il est sur le chemin et non au terme.” (Madeleine Delbrêl).

Antoine Morel

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