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Samedi 20 janvier

Commentaire de l’évangile du jour : « Les gens de chez lui affirmaient : Il a perdu la tête » (Mc 3, 20-21)

Jésus vient d’appeler douze disciples qui, chez saint Marc, vont le suivre en permanence dans tous ses déplacements. Ils ne se disperseront qu’au moment de la Passion, laissant Jésus seul. Choisir de suivre le Christ implique pour eux une rupture avec la famille. Jésus était dans la montagne, et voici que maintenant il se retrouve dans un village, sans doute à Capharnaüm. Marc dit qu’il entre dans « une » maison (il n’y a pas d’article en grec !) où la foule se rassemble. Il y a tellement de monde qu’il n’est pas possible de « manger ». Le grec dit qu’il n’était pas possible de « manger du pain » ! Cela évoque avant l’heure l’eucharistie : une foule rassemblée dans une maison avec Jésus où l’on mange du pain ! Il y a tellement de monde qu’il sera impossible que tous puissent manger un peu de pain…

La scène semble être interrompue par une parole de Jésus sur Beelzéboul, puis elle reprend aux versets 31 à 35, où on lit que la mère de Jésus et ses frères se tiennent dehors… Le jeu des verbes est étrange. D’une part, la famille pense que Jésus a perdu la raison, qu’il est « hors de lui-même » (c’est le même verbe grec qui a donné en français le mot « extase »), d’autre part la même famille, sa mère et ses frères, reste au dehors de la maison, elle ne se mêle pas à la foule qui est assise à l’intérieur. Que faut-il comprendre ? Jésus est « hors de lui-même » parce que hors de la famille ; quant à la famille, elle reste hors de la maison, de la communauté de ceux qui suivent Jésus. Une réelle fracture apparaît entre Jésus et sa propre famille. Ils ne font plus partie de ceux qui sont disciples de Jésus, de ceux qui s’assoient dans la maison pour écouter sa parole et partager le pain.

On perçoit ici quelque chose qui est sans doute historique dans cette rupture entre famille de sang (y compris sa mère), et communauté spirituelle d’Église. Car c’est bien une image de l’Église que Marc nous donne à voir dans ce rassemblement autour de Jésus, dans une maison avec la présence des Douze et la foule nombreuse, et où on vient pour l’écouter et manger le pain ! À deux reprises ensuite, aux chapitres 6 et 8, les pains seront multipliés et les foules pourront en manger en abondance. Dans ces deux récits, la famille de Jésus ne sera plus mentionnée… La rupture semble donc consommée. Dans la vie des grands saints tels Antoine le grand et François d’Assise, la rupture avec la famille est un préalable à la suite du Christ. Et nous, où en sommes-nous ? Comment réussissons-nous à articuler nos attaches familiales à nos engagements dans l’Église ? Qu’est-ce qui prime dans nos choix ? Faut-il être un peu fou (folle) pour suivre Jésus ?

Fr. François-Dominique CHARLES op

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