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Samedi 30 décembre

Commentaire de l’évangile du jour :« Elle parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem » (Lc 2, 36-40)

Une petite apparition et puis s’en va… Voilà comment l’on pourrait qualifier la présence de la prophétesse Anne dans le Nouveau Testament.

Que vient donc nous dire son petit témoignage aujourd’hui ? Au contraire de Siméon dont seul le prénom est indiqué dans l’évangile d’hier, nous connaissons l’identité d’Anne. Elle vient de la tribu d’Aser, l’une des douze tribus d’Israël. Anne est âgée lorsqu’elle rencontre pour la première fois Jésus. Après sept ans de mariage, demeurée veuve, elle aurait pu se dire que sa vie était terminée, éloignée de celui qu’elle aimait. Plus encore, son souhait de donner un jour la vie ne pourrait jamais être réalisé. Nous pouvons imaginer la douleur qui a pu l’envahir dans sa chair. Où était Dieu dans ce passage ? Malgré le don de sa vie, qu’avait-Il fait pour elle ? Anne aurait pu se laisser prendre au désespoir, à la peur. Elle aurait pu remettre en cause sa foi dans le Seigneur qui la laissait seule, dépourvue d’amour. Malgré le poids des âges, les rides tracées sur son visage, Anne a maintenu sa confiance, sûre qu’Il pourvoirait pour elle.

Et voilà qu’un beau jour, au bout de 84 années, attentive dans la prière quotidienne et le service au temple, la voilà témoin de la révélation divine faite à Siméon. Quelle est alors sa joie de se faire la porte parole directe de l’annonce de celui qui est La Vie ! Après l’attente et la prière, sa vie prend une nouvelle direction, celle de la parole et de l’annonce. Anne a cultivé dans son cœur une relation gratuite avec Dieu, s’intéressant davantage à Lui plutôt qu’à ce qu’Il pourrait lui donner. Elle ne considérait pas la prière comme une monnaie d’échange mais comme la possibilité d’une union libre et gratuite. Et Dieu ne l’a pas abandonné et l’interpelle dans une vocation qui n’était peut être pas celle qu’elle désirait en premier. Anne est alors mise en route à la vue de ce prince de la paix, et annonce à tous celles et ceux qui veulent bien l’entendre la libération et le renversement que cette naissance vient provoquer (renversement des dominations, libération des captifs, réintégration des exclus…[Is 61,1]).

Humblement, la fille de Phanuel se fait relai de cet extraordinaire évènement dans l’ordinaire de son quotidien. C’est à nous interroger sur la manière dont nous accueillons et recevons le témoignage de cette naissance ? Au contraire de Siméon, notre ami Luc n’a pas retranscrit les paroles de libération qu’elle a proclamé au peuple. Peut être pour mieux nous laisser la place, le choix des mots qui conviennent, qui percutent et touchent nos compagnons de route aujourd’hui… Ils sont encore tellement nombreux à attendre des paroles qui libèrent, qui relèvent, qui apaisent. Le parcours de foi d’Anne vient nous redire que Dieu peut parfois nous rejoindre d’une manière différente que celle que nous avions imaginé, selon les plans que nous nous étions fait en avance; avec Lui, ou sans Lui.

Même lorsque nous ne savons pas où il demeure, que nous le pensons loin, Dieu reste fidèle. Ne désespérons pas de recevoir cette lumière qui vient éclairer tout homme. Qu’à l’image d’ Anne, nous continuions à chercher dans la prière et la fidélité, confiant qu’Il s’intéresse à nous, nous précède et nous rejoint dans l’inattendu. Confiant aussi que c’est Le rencontrer que de s’engager en faveur de la justice miséricordieuse, celle qui pardonne en abondance, qui libère sans crainte et sans arrières pensées. Laissons le Christ nous rejoindre comme il a rejoint Anne, laissons-le désirer au travers de nous la paix en terre de Palestine et dans toutes les zones en guerre.

Antoine Morel

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