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Mardi 5 décembre

Commentaire de la lecture du jour: « Sur lui reposera l’esprit du Seigneur » (Is 11, 1-10)

Isaïe est LE grand prophète de l’Avent. Avec quelques autres, il va être lu et re-lu jusqu’à la fête de la Nativité. En parcourant les lectures des messes de semaine du temps de l’Avent, j’ai découvert que toutes les lectures sont extraites de l’Ancien Testament – peut-être le saviez-vous déjà. Majoritairement nous lirons Isaïe, mais aussi le livre des Juges, le Cantique des cantiques, Samuel, Ben Sira le Sage… Tout est fait pour nous offrir un voyage temporel, et nous conduire au temps de l’Avant Jésus-Christ – avant JC. Avez-vous pensé à cela, lorsque vous avez ouvert le dernier opus d’Astérix, L’Iris blanc, qui commence par ce texte archi-connu : « Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ. Toute la Gaule est occupée par les Romains. Toute ? Non ! » qu’Astérix et Obélix avaient vécu (sic…) avant Jésus-Christ et que, après avoir lu les prophètes (re-sic) ils attendaient l’incarnation du Sauveur ? Comme nous en ce moment : nous, gens de l’Avent, vivons la même expérience que ceux de l’Avant JC.

La même expérience… c’est vite dit. Tous les ans, la liturgie fait ce qu’elle peut pour nous placer dans l’attitude spirituelle du peuple qui attendait la venue du Messie, mais il faut avouer qu’elle a bien du mal. Ou plutôt, que nous lui donnons du fil à retordre. Il faut dire que ce temps de l’Avent, dans lequel nous essayons de faire semblant d’attendre quelqu’un qui en fait est déjà arrivé me fait toujours penser à cette fête d’anniversaire surprise organisée pour mon père qui a manqué tomber à l’eau lorsque le principal intéressé est, exceptionnellement, rentré plutôt du travail – et donc avant tous les invités attendus. Nous voyant endimanchés et la table mise pour accueillir 25 personnes, le héros de la fête a rapidement jugé la situation, a rebroussé chemin et est revenu à un horaire habituel, simulant la surprise et la joie avec une grande sincérité – les invités n’y ont vu que du feu. Les textes liturgiques de l’Avent illustrent parfaitement ce paradoxe : une lecture de l’Ancien Testament, souvent prophétique, annonçant la venue de Jésus ; le psaume ; et puis l’Évangile qui met en scène un Jésus qui est bien là – on attend ; on attend ; mais en fait, il est déjà là.

Ce n’est pas facile de se mettre dans la disposition d’attente, de joie et d’émerveillement dans laquelle nous aimerions être – en même temps, soyons réalistes, même les plus fervents du peuple d’Israël ne se disaient certainement pas à tout moment « C’est peut-être maintenant qu’il va venir ! » comme un enfant qui trépigne devant le sapin le 24 décembre. C’est pour cela que l’Avent débute le 28 novembre ou le 3 décembre, pour qu’en quatre semaines nous creusions notre désir, en dressant un petit sapin en bois à garnir chaque jour, en allumant successivement quatre bougies, en installant une crèche avec cent-quarante-six santons mais SANS petit Jésus : pour que, en voyant qu’il manque quelque chose, réellement, concrètement, nous réalisions qu’il manque quelque chose spirituellement.

Je ne crois pas qu’Astérix et Obélix aient compris qu’il manquait quelque chose à leur monde. En revanche, les lecteurs d’Isaïe, si. Demandons au Seigneur cette grâce : que le temps de l’Avent soit pour nous réellement, authentiquement, le temps de l’Avant JC.

Marie Julie Leheup

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