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Mardi 5 septembre

Commentaire de l’évangile du jour: « Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu » (Lc 4, 31-37)

« En ce temps-là, Jésus descendit à Capharnaüm, ville de Galilée, et il y enseignait, le jour du sabbat… » Avez-vous déjà remarqué que, très souvent, l’Évangile que nous entendons à la messe commence par la locution « en ce temps-là » ? C’était le cas hier, ce sera le cas demain. Cette locution est rajoutée au texte d’origine par le liturgiste soucieux d’offrir au fidèle un récit agréable à entendre et replacé a minima dans son contexte. Le texte qui figure dans la Bible, « Jésus descendit à Capharnaüm, ville de Galilée, et il y enseignait, le jour du sabbat… », a un début abrupt qui manque de douceur.

« En ce temps-là » me fait penser à une expression fréquemment employée par les enfants : « à l’époque ». Tous les enfants ont dû connaître cette phase, vers 6-7 ans, et au-delà. Ils ont conscience du temps qui passe, de la modification des façons de vivre des hommes, mais la notion d’histoire est encore un peu floue pour eux. « À l’époque », dans leur esprit, correspond à une période bien précise, mais fluctuante. Un jour, « à l’époque » sera le Moyen-Âge, le lendemain, le Mésozoïque, une autre fois, le temps de l’enfance de ses parents, ou de ses grands-parents et tout ce gentil mélange engendrera ce type de question : « Dis, maman, à l’époque, quand tu étais petite, est-ce qu’il y avait des dinosaures ? » « À l’époque », c’est passé, c’est fini, ce n’est pas maintenant – « à l’époque », c’est le premier rudiment de la conscience historique.

Revenons à « en ce temps-là ». Je pense que c’est une résurgence de « à l’époque » – une petite lame d’enfance qui remonte à la surface. « En ce temps-là » correspond à une période historique bien précise : les trente-trois années de la vie du Christ – un grain de poussière à l’échelle de l’histoire de l’humanité. Mais quel grain de poussière ! « En ce temps-là », c’est l’époque bénie où Jésus arpentait cette terre, parlait à ses frères, contemplait le ciel étoilé, se nourrissait des fruits de la terre, embrassait des enfants, consolait les affligés, se réjouissait avec de jeunes mariés… « En ce temps-là », le Fils de l’Homme vivait parmi nous, riait, guérissait, priait et prenait du repos… Nous voilà à deux doigts de sombrer dans la nostalgie et les regrets au moment de la prise de conscience du caractère certes extraordinaire, mais irrémédiablement fini, d’« en ce temps-là ».

Ceci dit… comme, dans notre esprit, « en ce temps-là » nous évoque « à l’époque », ces deux locutions doivent bien avoir quelques points communs et se rejoindre dans le domaine du flou. Après tout, Jésus nous a bien dit « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20). Alors, certes, il y a eu le temps de la présence physique de Jésus sur cette terre, et puis après il y a eu ses apparitions, le sacrement de l’Eucharistie, la prière, nos frères…

« En ce temps-là », « à l’époque », maintenant, jusqu’à la fin du monde : Jésus, toujours.

Marie Julie Leheup

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