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Fête de la Transfiguration

Commentaire de l’évangile du jour : « Son visage devint brillant comme le soleil » (Mt 17, 1-9)

Lorsque l’on part en rando on chemine. On campe et l’on décampe, entre routes et déroutes. Le chemin s’interrompt pour une pause éphémère. Notre tente se pose l’espace d’un instant dans un écrin de verdure, dans un lieu qui ne demande qu’à être contemplé. Pour les lèves tôt, les départs à l’aube leur donnent de goûter à la douce odeur de la rosée, lorsque les vapeurs de la nuit se dissipent en petites nuées, bien vite éclairées par le soleil.

Hormis le côté surprenant, éclatant, il y a dans cette scène d’évangile une atmosphère, une ambiance de l’ordre d’un calme, d’une douceur, d’une chaleur de ce type.

Les disciples, comme nous aujourd’hui, prennent les routes de la foi et se laissent guider par le Christ qui les entraînent sur un chemin non balisé. Partir sans même avoir une vague idée de la ou l’on va, de la destination, voilà quelque chose de totalement décapant dans notre monde où tout doit être calibré, ordonné.

D’abord incertaine, cette marche leur donne de voir la transfiguration du Christ. Elle leur donne aussi de rencontrer Elie et Moïse. Tout cela les met en joie et en confiance. L’envie est à la halte. Pierre se sent bien “il est bon que nous soyons ici..”. Comme les scouts, nombreux en camp ou aux JMJ, il n’y a qu’une envie : planter sa tente pour rester plus longtemps, se reposer et apprécier la compagnie du Christ nouvellement transfiguré, Son guide et Son ami.

“Et si nous dressions les tentes Seigneur ?” Cette parole n’est pas sans en rappeler une autre. Celle des disciples d’Emmaüs souhaitant retenir cet étranger qui marche avec eux et partagent leur peine. “Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse”(Lc 24). Lorsqu’un événement joyeux, vivifiant, revigorant survient, nous avons tous envie qu’il dure longtemps. L’expérience de la foi nous donne joie, confiance. Elle nous donne à vivre ce genre de moment de communion. Mais Dieu n’est pas que dans le bon et le beau.

Avec la nuée et la parole prophétique, c’est l’effroi et l’envie de décamper. Les disciples sont saisis par cette parole d’un Dieu paternité qui leur montre combien il aime son fils. Ce Jésus que Pierre, Jacques et Jean suivent depuis le lac de Galilée n’est donc pas n’importe qui : il est bien le Fils aimé de Dieu, le Messie attendu annoncé par le prophète Daniel dont nous faisons la lecture.

Raffermis par cette parole, et cette vision fondatrice, les disciples reprennent la route pour redescendre de la montagne. C’est en prenant la route, en se mettant à l’écart et en prenant de la hauteur que les disciples s’ouvrent à la véritable Présence.

En ce temps de vacances, de repos estival, comment vivons nous ce recul, à l’écart, sur la montagne ? Chacun aura sûrement à raconter à la rentrée une petite perle tirée du sac, une phrase, une rencontre, un paysage, une lecture. Pour la route, cette petite prière colle bien à nos baskets de disciples missionnaires. Écrite sur un bout de feuille canson, elle trouvera bien sa place dans une de nos poches de randonneurs ou dans une carte postale pour un ami, un proche.

Ô Dieu, envoie-nous des fous,
qui s’engagent à fond,
qui aiment autrement qu’en paroles,
qui se donnent pour de vrai et jusqu’au bout.
Il nous faut des fous du présent,
épris de vie simple,
amants de la paix,
purs de compromission,
décidés à ne jamais trahir,
méprisant leur propre vie,
capables d’accepter n’importe quelle tâche,
de partir n’importe où : à la fois
libres et obéissants, spontanés et tenaces, doux et forts.
Ô Dieu, envoie-nous des fous !

Antoine Morel

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