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lundi 24 avril

Commentaire de l’évangile du jour : « Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle » (Jn 6, 22-29)
 
Au début du chapitre 6 Jésus a multiplié 5 pains et 2 poissons pour 5000 hommes. Ses disciples l’ont également vu marcher sur la mer. On peut comprendre que la foule, émerveillée par la vue ou l’écho de ces miracles, et voyant que Jésus n’était pas là, parte à sa recherche. Ils veulent tout simplement être auprès de leur sauveur. Mais à quel salut pensent-ils ? Pensent-ils déjà au salut de la fin des temps, à une vie sauve de tout péché, à la vie éternelle ? Quel est celui qu’ils cherchent exactement ? Un prodige, un magicien capable de nourrir les affamés et de guérir les malades ? Un prophète avec une ligne directe vers Dieu à qui confier leur prière ?
Mais loin de s’attendrir face à une forme d’émerveillement, ou d’être touché par une foule qui a sans doute son lot de peines et de maux à soulager, le propos de Jésus n’est finalement pas tendre et vient corriger l’attitude de la foule à la recherche davantage d’un héros du quotidien qui pourrait les soulager de leurs soucis. Jésus ne leur reproche pas d’avoir faim, ni d’avoir mangé à leur faim. C’est d’ailleurs lui qui les a rassasiés. Mais il leur reproche de le chercher pour ces seules raisons, ou plutôt, de ne pas le chercher pour de bonnes raisons. La faim que Jésus veut soulager est tout autre.
Bien sûr Jésus sait, parce qu’il partage notre condition d’hommes, que nous avons des besoins (manger, boire, se protéger du froid, des maladies etc.) pour garder la vie sauve. Nous avons même le devoir d’y répondre pour nous et pour les autres, afin de prendre soin de nos vies. Nous avons aussi, outre ces besoins, des désirs également de tous ordres, qu’il nous faut rassasier, bien que cela ne soit pas toujours vital. Et si je m’arrêtais un tant soit peu sur les désirs qui m’animent en cet instant, ces jours-ci, ou ces derniers temps ? Le désir de lever le pied, de partir en vacances, d’aller voir un film ? Peut-être le désir de mieux réussir, de gagner plus, de ne rien faire ? Quels sont les besoins qui me sont vitaux, qui peuvent l’être aussi pour mes proches ? Je peux avoir besoin de relâcher un peu le rythme pour mieux faire attention à ceux avec qui je vis et qui ont besoin de moi. Je peux avoir besoin de faire davantage dans mon foyer pour soulager ceux avec qui je vis et qui ont besoin de se reposer un peu. Chacun peut regarder là où sont ses besoins essentiels, ou ceux des autres, pour mieux y répondre.
Mais Jésus nous emmène plus loin. En reprochant à la foule (et à nous-mêmes) de se limiter aux seuls besoins qui relèvent de la condition humaine, il nous pousse à ne pas nous arrêter à notre condition mortelle. Le pain, une fois que je l’ai mangé, ne me sert plus à rien, et il m’en faudra un autre lorsque la faim reviendra. Jésus nous invite à travailler également « pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle ».
Remarquez qu’il ne nous demande pas exactement de travailler pour la seule vie éternelle, comme si notre vie sur terre était insignifiante, n’avait aucune saveur, et ne devait servir qu’à préparer, qu’à « gagner » notre paradis. Non ! Notre vie a du prix, elle doit avoir de la saveur, et le bonheur est déjà pour chacun aujourd’hui. Mais Jésus veut nous donner accès à la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, nourriture de ce jour aussi.
Quelle peut-elle être ? Quels sont ces champs à cultiver également chaque jour qui produiront eux-aussi non pas une nourriture faite du blé de la terre qui me remplira le ventre, mais une nourriture abondante qui nourrira mon âme ? Ce sont les champs de l’Eglise à cultiver et à moissonner. Ce sont les champs de la famille, étroite ou élargie, qui, si j’en prends soin, devient terreau d’amour, de paix, de partage, de consolation. Ce sont les champs de ma vie civile, sociétale, qui, si j’y travaille avec engagement, avec honnêteté et humilité, avec le souci des autres, devient un lieu non plus de production, mais un lieu où il fait bon se retrouver, travailler ensemble, et plus simplement vivre . Chacun est appelé aujourd’hui à cultiver la terre où il est enraciné pour un bien plus grand que sa seule vie, pour le bien des hommes et pour la gloire de Dieu.
Héloïse Parent

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