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Lundi 6 mars

Commentaire de l’évangile du jour : « Pardonnez, et vous serez pardonnés » (Lc 6, 36-38)

Dans le récit précédent (Lc 6,35), Jésus demandait à ses disciples d’aimer ses ennemis, en adoptant un comportement nouveau, qui n’est plus fondé sur la réciprocité naturelle, mais sur le don gratuit. Jésus ajoute aujourd’hui les préceptes suivants : Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés (…) Pardonnez et vous serez pardonnés.

Jugement et pardon. Qu’est-ce-que juger ? Décider comme un arbitre et rendre une sentence. Le jugement désigne une appréciation qui peut être une approbation ou une condamnation. Issu du latin judicem (jus : droit et dicere : dire), le juge montre le droit par la parole.

Dans la Genèse, Dieu interdit à Adam de manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal.                   Peut-être est-ce une façon pour Dieu de lui interdire de juger ? Lorsque nous jugeons, nous prenons la place             de Dieu, qui sonde les reins et les cœurs. Seul Dieu a la possibilité de juger car il est le seul à connaître le fond des consciences Ils sont vrais, ils sont justes, ses jugements (Ap 19, 2). Lorsque Jésus rencontre la femme adultère (Jn 8, 1-11), son regard ne se limite pas à ses actes. Il voit d’abord une femme cherchant l’amour. Elle ne l’a trouvé ni chez son conjoint, ni chez ses amants. Si les pharisiens la jugent, Jésus fait preuve de miséricorde. Il la relève en affirmant : Moi non plus je ne te condamne pas. Il ne l’encourage pas pour autant à récidiver, mais ne l’enferme pas non plus dans ses actes.

Les hommes ne jugent pas comme le ferait le Seigneur car ils ne connaissent ni leurs secrets, ni leurs véritables intentions. Celui qui critique les défauts de son frère est souvent aveugle s’il n’est pas conscient de ses propres défauts. Il doit d’abord guérir son regard avant d’aider les autres à voir clair. Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? (Mt 7,3)

Ne pas juger donc, et pardonner. Qu’il est difficile de pardonner ! Pardonner aux autres d’abord l’injustice, la violence, la tromperie, la trahison, l’abandon, la calomnie. Pardonner à soi-même ensuite, un échec, une lâcheté, une maladresse, une injustice. Certaines maladies puisent leurs racines dans la culpabilité. Après avoir jugé les autres, voilà que nous nous jugeons nous-mêmes !

Puissions-nous nous libérer de notre propre jugement, et de celui des autres, pour nous mettre en présence                 du seul jugement juste, celui de Dieu. Accorde-toi promptement avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui, de peur qu’il ne te livre au juge (Mt 5, 25). Nous pourrions assimiler cet adversaire à notre conscience et comprendre : Mets-toi d’accord avec ta conscience. A l’instant où nous faisons la paix avec notre conscience, nous échappons aux jugements de nous-même, et des autres, jugements qui puisent leur force dans notre vanité. En prêtant l’oreille à notre conscience, nous prenons le chemin, d’un pas plus léger, vers Celui qui nous apparaît d’abord comme notre juge, mais qui se révèle ensuite comme notre Sauveur et notre Père. C’est le beau chemin de conversion que prend le fils prodigue en retournant vers son père qui exulte et invite à festoyer et à se réjouir car ton frère que voici était mort et il est vivant, il était perdu et il est retrouvé (Lc 15,32).

Hugues Duwig

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