Soutenir l'Eglise
Trouver ma paroisse
Espace Membres

Mardi 21 février

Commentaire de l’évangile du jour: « Le Fils de l’homme est livré. Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous » (Mc 9, 30-37)

Jésus est en Galilée et annonce pour la deuxième fois sa Passion prochaine. Belle entrée en matière pour nous qui sommes la veille du carême et préparons cette traversée de quarante jours tels un chemin de retournement du cœur. Nous n’avons de cesse de le vivre car notre fin si elle est tendue vers le Royaume et que ce Royaume est au-dedans de nous, appelle la pureté de cœur comme terme unique de nos actions et de nos désirs. Devenir charité, tout amour, uni à notre Seigneur, désir unique de notre âme qui nécessairement l’entraîne dans un itinéraire spirituel intérieur à la manière des disciples.

Les disciples vivent aux côtés de Jésus. Ils sont témoins de nombreuses guérisons et miracles. Jésus leur a déjà annoncé sa Passion et ont été témoins, pour certains, de sa transfiguration. Nous les retrouvons dans le huit clos d’un enseignement qu’ils ne comprennent pas, auquel leur conscience n’est pas encore ouverte. Alors que Jésus leur parle de sa mort et de sa résurrection, ils parlent en chemin de leur préséance, qui sera le plus grand ! La transformation des cœurs est lente. Il faut du temps pour intérioriser les messages  et passer d’une conception extérieure de la religion qui vénère un dieu idole, inventé de toute pièce, dominateur et tyran, à un Dieu intime et vulnérable que leur révèle Jésus.

Et Jésus fait l’analogie avec l’accueil d’un enfant pour signifier aux disciples la façon nouvelle de vivre en relation avec Dieu. Je ne pense pas qu’il faille retenir de cette comparaison à l’enfant l’aspect enfantillage, caprices et autres mais plutôt la logique de l’amour dans lequel vit le petit enfant tant que le monde des adultes ne l’en sort pas ! L’enfant aime ses parents. Il est dans le don absolu car relié au plus profond de son être à la Source de toute vie, à l’Amour. Il donne ce qu’il reçoit au-dedans de lui sans réserve ni attente. Il se situe dans la dynamique du donner et du recevoir qui est celle de la vie, du vivant et de l’amour. Or écoutez les disciples, ils sont dans une logique totalement hermétique pour l’heure à celle-ci ; logique humaine animée par les passions bien connues et enfouies dans notre nature prêtes à ressurgir à tout instant, que sont le pouvoir, la possession et la jouissance.

Cette nouvelle voie implique une purification et une pacification du cœur donc un travail sur soi constant, à l’écoute de la Parole et de l’Esprit Saint, afin que germe la bienveillance envers les plus fragiles et les plus faibles et la paix profonde. Jésus nous invite, les invite à accueillir leur fragilité intérieure, l’enfant qui est en nous, le pauvre, celui qui n’a rien mais qui est une personne digne, le mendient, celui qui ne peut exister sans le regard bienveillant de ses frères, sans une reconnaissance vraie et sincère de ce qu’il est, l’être sensible qui se cache souvent pour montrer qu’il est fort et capable aux yeux des autres alors que son cœur pleure, crie, implore de l’aide et que son âme est triste à en mourir. Comment retrouver notre capacité de compassion et d’amour ? Regardez Jésus et contempler sa vie, écoutez sa Parole, Il est tout cela à la fois au plus intime de l’intime et montre Dieu. Sa Vie nous ouvre à notre intériorité où Dieu demeure et nous affranchit de notre mentalité d’esclave. L’homme est appelé à gagner en capacité de liberté et donc de responsabilité. Le « serviteur » figure ici celui qui se donne totalement sans rien attendre, qui rompt avec toute logique de possession et de domination, je me donne à l’autre car je l’aime. Cet amour absolu dont seul Dieu est capable, reconnaissons-le, témoigne d’une part que Dieu ne doute pas de nous (même si d’une certaine façon, il a pris un risque en nous créant libre, risque que nous nous détournions complètement de Lui) et d’autre part que dès aujourd’hui sa divinité même, Dieu nous la donne en partage car nous sommes ses enfants. Par notre baptême, nous sommes ses fils adoptifs appelés à vivre de sa Vie même, en participant de sa divinité.

Que cette entrée en carême soit jour de fête et de joie profonde, car nous sommes sauvés en Jésus Christ et nous sommes en chemin, vivant. Contempler sa splendeur est une grâce qui nous est donné dès lors que notre cœur se retourne humblement vers le Seigneur avec tout l’amour dont il est capable. Cherchons ardemment à être en vérité au-dedans de nous, à faire la vérité avec Dieu et devant Lui ; avec l’aide de la grâce et de son Esprit, notre cœur s’en trouvera purifié, allégé et joyeux. Prenons la responsabilité de répondre à « Celui qui est au plus intime de nous-mêmes et ne cesse de crier : « J’ai soif » (Jn 19,28), soif d’amour, soif de vérité, soif de justice, de partage, d’humanité, soif de réciprocité » (Philippe DAUTAIS – La voie du cœur)

« La pureté de cœur sera donc le terme unique de nos actions et de nos désirs. C’est pour elle que nous devons embrasser la solitude, souffrir les jeûnes, les veilles, le travail, la nudité, nous donner à la lecture et à la pratique des autres vertus, n’ayant dessein, par elles, que de rendre et de garder notre cœur invulnérable à toutes passions mauvaises, et de monter, comme par autant de degrés, jusqu’à la perfection de la charité » (Jean CASSIEN – moine et ermite Vème siècle 360-435)

Myriam DUWIG

Partager