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Lundi 6 février

Commentaire de l’Évangile du jour: « Tous ceux qui touchèrent la frange de son manteau étaient sauvés » (Mc 6, 53-56)

L’évangile de ce jour poursuit les deux récits précédents où Jésus nourrit cinq mille hommes (Mc 6, 30-44) et marche sur la mer (Mc 6, 45-52). Les signes échappent encore à la compréhension des disciples. La puissance de Dieu se manifeste en Jésus qui rassasie son peuple et domine la mer. Pourtant, les disciples n’ont rien compris (Mc 6, 52). En effet, leurs esprits bouleversés et leurs cœurs encombrés les maintiennent dans une lecture d’événements extérieurs. Jésus ne s’en inquiète pas et poursuit patiemment son chemin à leur côté, en accostant à Génésareth.

La scène de ce jour est une nouvelle étape dans l’enseignement des disciples qui approfondissent leur apprentissage du Royaume de Dieu. Jésus attire les foules en quête de guérisons. Les malades sont portés sur des brancards signifiant que les bien portants participent à ce mouvement, en raison de leur confiance, ou de leur curiosité pour Jésus ou par esprit de service. Sur leur chemin, les personnes malades entrainent donc les biens portants qui les accompagnent. Dans quelle attitude sommes-nous quand tout va bien et que nous nous considérons comme des bien portants ? Entretenons-nous toujours une relation étroite avec le Seigneur ? Méfions-nous, comme de la peste, de l’ingratitude lorsque la vie, la santé et la réussite sont au rendez-vous et que ces grâces nous apparaissent comme allant de soi ! Gardons-nous de considérer que tout est dû alors que tout est don ! La gratitude, qui exprime une reconnaissance, développe une relation avec notre Donateur. C’est précisément cette quête du don de Dieu qui se manifeste dans l’attitude des malades qui ouvrent leur cœur à Jésus. Ils ont besoin de la foule pour être portés et de Jésus pour être sauvés. Les sacrifices qui sont agréables à Dieu, c’est un esprit brisé (Ps 50, 19) et le Seigneur ne méprise pas leur cœur humilié puisqu’il les sauve !

Jésus met la Parole en pratique en déployant son enseignement sous forme de travaux pratiques. Il réalise de nombreuses guérisons. De quoi s’agit-il ? La guérison consiste, dans un sens, à se convertir, à intérioriser la Parole, à quitter ses conceptions erronées d’un Dieu dominateur pour découvrir un Dieu intime, tout amour et miséricordieux, incarné par Jésus qui soigne et guérit.

Lorsque la santé défaille, une partie de la vie s’échappe. Autrement dit de façon plus légère, sans vouloir offenser les personnes souffrantes, la maladie empêche de croquer la vie à pleine dent. La maladie peut aussi s’interpréter au sens figuré. Nous pouvons en effet jouir d’une bonne santé mais se rendre malade en menant une vie loin de la Source et une mise à l’écart du Seigneur. Le manque suscite le désir et les personnes qui ne possèdent plus la vie en plénitude sont poussées à se tourner vers Jésus. Billy Graham affirmait : Quand nous arrivons à la fin de nous-mêmes, nous arrivons au commencement de Dieu. Les personnes souffrantes de notre Evangile sont un peu à l’image du fils prodigue, qui revient vers le Père après l’avoir quitté. Au terme de leur conversion radicale, les malades ne comptent plus seulement sur leurs propres forces humaines. Touchées en plein cœur, elles croient en Jésus, le supplient, lui font confiance et se fient à lui pour les guérir.

Oui, ces personnes sont touchées et le mot, répété à deux ou trois reprises selon les traductions de cet évangile, prend un sens particulier. L’incarnation de Dieu offre à l’homme la possibilité inouïe de Le toucher. Ils le suppliaient de leur permettre de toucher ne serait-ce que la frange de son vêtement. Tous les juifs portaient des franges et les Pharisiens en exagéraient les dimensions par bigoterie (Mt 23, 5). Le détail sur la frange signale que Jésus observait fidèlement la loi juive. Dans le Livre des Nombres                   (Nb 15, 38-39), Moïse demande aux fils d’Israël de mettre un fil pourpre dans la frange qui borde le vêtement (…) En le voyant vous vous souviendrez de tous les commandements du Seigneur.

En suppliant Jésus de les laisser toucher la frange de son vêtement, on peut comprendre ce geste comme la grâce de pouvoir toucher sa Parole, et réciproquement d’être touché par Elle. C’est pourquoi en attirant les foules, Jésus se tient au seuil de leur cœur pour les inviter à se nourrir de sa Parole de Vie. Voici que je me tiens à la porte et que je frappe, dit le Seigneur, Si quelqu’un entend ma voix et qu’il ouvre, j’entrerai chez lui (Ap 3, 20).

Hugues Duwig

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