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Samedi 21 janvier

Commentaire de l’évangile« Les gens de chez lui affirmaient : Il a perdu la tête » (Mc 3, 20-21)

Ces deux petits versets, qu’on rencontre seulement dans l’évangile de Marc, surprennent. L’évangéliste ne les a certainement pas inventés : présenter ainsi la famille de Jésus dans une totale opposition à son activité ne peut être possible qu’en s’appuyant sur des informations fiables de témoins ; historiquement, il est donc plus que probable que la famille de Jésus a été surprise par ce qu’on disait de lui ; il est clair qu’elle n’a pas vu d’un bon œil les débuts de sa prédication évangélique.

Les gens de sa famille ont sans doute appris à Nazareth que Jésus a chassé un esprit impur dans la synagogue de Capharnaüm, où il a aussi guéri la belle-mère de Simon, ce pêcheur du lac qui est devenu son premier disciple et que, le même soir, les gens de la ville lui ont apporté beaucoup de malades et de démoniaques qu’il a guéris. Ils ont aussi appris qu’il avait purifié un lépreux et guéri un paralysé et que, plus que cela encore, il s’était permis de lui pardonner ses péchés ! Comment avait-il osé faire ce qui revient à Dieu seul. Quelle audace ! Voilà qu’il se prend pour Dieu ! C’en est trop. Il est devenu fou !

Toute la famille s’était donc sans doute mise en route pour le lui dire et surtout pour le ramener. Il fallait que cela cesse, car les Pharisiens commençaient à se plaindre de cet inconnu sorti d’un village perdu, qui se permettait de faire ce qui est interdit le jour du sabbat, notamment de manger du blé et de guérir un homme à la main paralysée. Et de plus, voilà que les foules de Galilée commencent à aller vers lui… Voilà qu’il appelle un groupe de douze qui quittent tout pour le suivre… Tout cela est très dangereux, on va le prendre pour un zélote et un opposant à l’occupant romain et Jésus va causer beaucoup de problèmes aux gens de sa famille qui vont faire les frais de représailles.

C’est bien ce que Marc laisse entendre dans ces versets, mais aussi plus loin quand il relatera la deuxième tentative de la famille, en mentionnant alors explicitement la présence de sa mère et de ses frères (Mc 3,31-32). Saint Marc nous fait très clairement comprendre que, dès le début de sa mission, Jésus rencontre l’opposition des responsables du judaïsme et des gens de sa famille. Au début du chapitre 3, il dit d’ailleurs que les Pharisiens et les Hérodiens ont décidé de faire périr Jésus…

Ainsi, dès les premières pages de l’évangile se noue le drame de la Passion. Il faudra beaucoup de force à Jésus pour vaincre toutes les résistances et les oppositions afin d’aller jusqu’au bout de sa mission. Pour l’heure, sont déjà contre lui les Pharisiens et les Hérodiens, les démons qui veulent sa perte, les gens de son village et sa propre famille ; plus loin, Marc montrera la difficulté rencontrée par Jésus pour faire comprendre à ses propres apôtres le chemin d’abaissement qu’il doit emprunter, celui du Serviteur souffrant annoncé par le prophète Isaïe. Ils ne comprendront d’ailleurs pas puisque tous prendront la fuite et le laisseront seul entrer dans la nuit de sa Passion.

Et nous, avons-nous bien compris qui est Jésus ? Est-il fou comme le pense sa famille ? Ou est-il le seul à pouvoir sauver par la folie de la Croix notre monde qui sombre, en ces jours où la folie des puissants risque de nous entraîner tous vers la mort ? Comment ne pas citer ici ces mots de saint Paul : « Le langage de la croix est folie pour ceux qui se perdent, mais pour nous, il est puissance de Dieu » (1 Co 1,18).

François-Dominique CHARLES op

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