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Mardi 17 janvier

Commentaire de l’évangile du jour: « Le sabbat a été fait pour l’homme, et non pas l’homme pour le sabbat » (Mc 2, 23-28)

Le monde est donné par Dieu comme possibilité de communion, comme lieu de dialogue avec lui. Le monde n’a de sens que lorsqu’il est sacrement de la Présence de Dieu. Alors, lisons notre évangile « Un jour de sabbat Jésus marchait à travers les champs de blé : et ses disciples chemin faisant, se mirent à arracher des épis ». Nous pouvons assez aisément nous représenter la scène avec un soleil radieux et des épis de blé mûrs, prêts à être récoltés. Et de l’autre côté des hommes un peu fatigués traversant les champs avec Jésus. La beauté de ces épis, la joie du cœur à vivre auprès de Jésus, l’ouverture progressive à la connaissance de Dieu en Jésus, l’éveil de leur âme à la vie divine au cœur de la Création, donnent aux disciples l’élan et l’audace sans doute spontanée « d’arracher » quelques-uns de ces épis. Dieu bénit tout ce qu’il créé. La Création toute entière est le signe et le moyen de sa Présence, de son amour, de sa révélation. Bien que juifs et très au fait de la Loi, à cet instant, les disciples de Jésus vivent leur geste dans une relation vivante à Dieu où tout dit Dieu et les attirent à lui.

Or les pharisiens expriment immédiatement leur désaccord profond et le rappel à la Loi, « Regarde ce qu’ils font le jour du sabbat ! Cela n’est pas permis. »  Pour grandir et a fortiori dans la foi, la loi est nécessaire, le cadre et les fondations sont indispensables. Regardons nos enfants. Que se passe-t-il quand le cadre est défaillant ? Quand le non ne s’exprime plus ? Quand les parents ne sont plus présents pour dire stop et incarner une autorité ferme et non négociable ? L’enfant puis l’adolescent erre, se perd, ne sait plus qui suivre ni où aller. Il cherche les limites qu’il ne peut pas trouver tout seul et cela le hante parfois jusqu’à l’âge adulte où c’est souvent l’expérience qui va faire office de lieu d’apprentissage. La loi sous différentes formes est ainsi la structure dont l’être a besoin pour croître. Dans la vie spirituelle, c’est un peu la même chose. Si la loi n’existait pas d’une certaine manière, le mouvement de la vie ne pourrait pas se développer, elle se déliterait en quelque sorte ou se diluerait et serait en grand danger. Mais à l’inverse quand le cadre se révèle trop serré, étroit, la vie ne peut pas passer non plus, écrasée par le mur infranchissable du cadre, elle est étouffée. Et c’est ce qui se passe avec les pharisiens. Ils ne se rendent pas compte que la Loi telle qu’ils la vivent fait obstacle à l’accueil de la vie divine Source de toute vie et à la liberté. Ils vénèrent la Loi en quelque sorte alors que c’est Dieu qu’ils devraient honorer « Le sabbat a été fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat ». C’est ce que Jésus essaie de leur faire comprendre. Ils ne savent plus reconnaître la création comme don de Dieu ni accueillir ses dons comme lieu de révélation de la vie. Ils s’en tiennent à la Loi qui prescrit de ne pas manger le jour du sabbat et se coupent ainsi de l’auteur du don.

Enfin un dernier regard sur ce  « jour de sabbat » (le samedi pour les juif), jour de prière et de jeûne, jour d’adoration et d’écoute de la Parole de Dieu dans le Temple. En hébreu le mot sabbat s’écrit de trois lettres Sin (prononcé sh), Bet, Taw. Ces trois lettres signifient le retournement en sorte que le sabbat en est la marque. La vocation de chaque croyant est de se retourner vers son Créateur et le shabbat, le moment favorable pour revenir à ce retournement, l’opérer. Ce temps d’arrêt est pour nous le dimanche. Il nous invite aussi à revenir, à nous ré-axer dans ce retournement nécessaire. Les lettres Bet et Sin inversée signifie la confusion. Pour sortir de la confusion, l’hébreu nous donne la solution et nous invite à la retourner (retourner les lettres). Nous pouvons saisir la confusion dans laquelle les pharisiens se tiennent. Ils ont là devant eux le Christ, l’envoyé du Père, Créateur de toute chose, de tout être vivant, et leur cœur ne le reconnait pas, ni en Jésus ni en la nature belle et resplendissante qui s’offre à eux. Ils s’enferment dans des prescriptions sans pour autant parvenir à les relier à la vie divine qui est là devant eux, en eux.

Soyons humble dans notre chemin spirituel. Ne cherchons pas le spectaculaire ni la fierté et veillons à ne pas regarder les autres de haut. La spiritualité n’est pas un sujet de fierté. La juste mesure est toujours liée à l’humilité. Je garde les pieds sur terre, je reconnais ce que Dieu fait pour moi et apprends avec patience à discerner ce qui relève de la volonté de Dieu me concernant de ce qui relève des impulsions de l’ego. Je me garde bien de juger quiconque. L’Esprit du Seigneur est autant présent en moi qu’en chacun. La loi, les prescriptions religieuses sont toujours une invitation à tourner notre cœur vers Jésus et le Père. Si l’observance ne m’y conduit pas et ne m’ouvre pas à l’accueil du frère alors c’est qu’il y a un problème dans la façon que j’ai de l’entendre et de la vivre. Cherchons toujours avec et dans l’Esprit ce juste équilibre, pour nous, entre vie spirituelle et pratiques religieuses, là se trouve la fécondité de notre vie.

Myriam DUWIG

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