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Mardi 20 décembre

Commentaire de l’évangile du jour : « Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils » (Lc 1, 26-38)

La liturgie d’aujourd’hui nous offre le récit de l’Annonciation, pour la deuxième fois dans ce temps de l’Avent puisque nous l’avons déjà entendu le 8 décembre pour la fête de l’Immaculée conception de Marie. Parmi la centaine de représentations de l’Annonciation, je vous propose celle du frère dominicain Fra ANGELICO qui a ma préférence depuis toujours.

Il y a deux façons de vivre que nous devons combattre en nous et autour de nous, celle qui consiste à exclure Dieu et concevoir la vie du monde sans lui, le plaçant hors de l’histoire. Et celle qui consiste à le rendre omniscient jusqu’à nier la liberté de l’homme et son rôle dans l’histoire. Dans les deux cas, la relation à un Dieu-Père qui engendre à la vie, la rencontre avec Dieu au plus intime de l’être, est impossible.

Or que nous enseigne l’Annonciation ? L’histoire de l’humanité est créée par la rencontre et la relation entre deux volontés, celle de Dieu et celle de l’homme. En Marie, l’humanité était prête à le recevoir. C’est aussi nous dire que Dieu vient parmi nous et en nous pour autant que nous soyons capables de l’accepter. Dieu ne s’impose pas puisqu’il est Esprit et Amour ; Il attend le consentement des hommes : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole».  Observons la douceur, la délicatesse de l’ange qui s’approche de Marie les bras repliés sur le cœur, le buste légèrement incliné comme pour signifier le grand respect, l’admiration de Dieu devant le cœur aimant de Marie, terre sacrée, inviolable, libre, où déjà il demeure. Et la parole simple de l’ange : « Je te salue comblée de grâce, le Seigneur est avec toi », ouverture, béance immense du divin en Marie dont le corps légèrement incliné livre sa reconnaissance et son émerveillement.

J’aimerais revenir un pas en arrière. Nous avons fêté début décembre la fête de l’Immaculée Conception. J’aime à relier cette fête à la vie de Marie enfant que nous offre le Proto-évangile de Jacques. Je vous invite à le lire sur internet. Il est extraordinaire de beauté et de profondeur, de grandeur pour l’humanité que nous sommes. Dieu œuvre en silence. Anne et Joachim, ayant reçu le fruit de leur patience sont venus consacrer leur fille de trois ans et la donner à Dieu pour qu’elle vive au temple ; Extraordinaire ! Ces parents ont attendu si longtemps pour concevoir cette petite fille et là ils la donnent à Dieu ; Imaginez cet instant, ils ne la gardent pas pour eux.

Continuons, et Marie petite fille de trois ans marchait, montait les marches du temple sans se retourner nous dit le texte, attirée par l’amour de Dieu, en dansant. Imaginez encore la scène et écoutez votre cœur. Nous aimons tant de choses que nous oublions qu’aimer Dieu est le seul et unique amour capable de nous donner vie, nourrir notre soif d’absolu. Marie est ainsi demeurée douze ans dans le temple jusqu’à ses quinze ans, ouvrant son cœur à Dieu et le lui laissant absolument le transfigurer. Ainsi, lorsque nous disons de Marie qu’elle est « immaculée », ce n’est pas seulement qu’elle est pure corporellement mais qu’elle est unie sans aucune ombre à l’amour de Dieu. Son cœur est déjà totalement pur en quittant le temple, car elle ne connaissait qu’un seul sentiment, qu’un seul mouvement de l’âme : l’amour de Dieu. Si non, comment entendre l’apparente contradiction du texte ? Au début Marie est clairement présentée comme déjà mariée à Joseph. Or Marie s’adressant à l’ange lui demande « comment cela va-t-il se faire, puisque je ne connais pas d’homme ? ». Elle parle de son désir, de son être intérieur totalement tendu et habité par Dieu. Son être est déjà tout à Dieu, son cœur en Dieu, prête à accueillir et enfanter le Verbe de Vie, à devenir Temple spirituel du Saint Esprit et Mère du Christ. Elle précipite soudainement l’humanité dans le mystère de l’incarnation du Verbe.

Marie entend depuis son plus jeune âge, pour l’humanité entière, le premier commandement « Tu aimeras ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton âme, de toute ta pensée ». Elle monte vers Dieu, immense désir unique, d’aller vers le Saint des saints sans se retourner rendant ainsi possible la manifestation de l’Amour de Dieu jusqu’au bout, jusqu’en enfer.

Rendons grâce pour l’Amour Infini de Dieu et prions pour devenir comme Marie, Temple de l’Esprit. L’homme pense souvent le devenir par ses propres moyens et en dehors de ce temps de vie intense passée dans le temple c’est-à-dire en dehors de toute vie ecclésiale et sacramentelle. Bienheureux ceux qui savent s’enrichir de la vie sacramentelle, de l’eucharistie, de la liturgie des heures que nous offre l’Eglise, de l’oraison et de l’adoration. Bienheureux ceux qui prennent patience et apprennent à s’offrir sans réserve au travail purificateur de l’Esprit en eux dans le silence et l’humilité.

Bon Noël,

Myriam DUWIG

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