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lundi 5 décembre

Commentaire de l’évangile du jour: « Nous avons vu des choses extraordinaires aujourd’hui ! » (Lc 5, 17-26)

Qui est-il celui-là ? se demandent les scribes et les pharisiens au cœur de cet évangile. C’est une question fondamentale que nous ne cessons de poser et sur laquelle je vous invite à réfléchir aujourd’hui.

Saint Luc évoque une foule et quelle affluence ! Ils étaient venus de tous les villages de Galilée et de Judée, ainsi que de Jérusalem. Une multitude de personnes se presse autour de Jésus. Comme dans la pêche miraculeuse, la cohue représente l’humanité toute entière qui attend la délivrance du Messie. Au-delà de cette première lecture, la foule peut désigner aussi la foule intérieure de nos représentations et de nos perceptions de la personne de Jésus, qui s’agitent en nous. Le cardinal Henri de Lubac écrivait : L’esprit qui s’efforce  de « comprendre Dieu » est comme un bon nageur qui, pour se maintenir sur les flots, s’avance dans l’océan, devant à chaque brasse repousser une nouvelle vague. Il écarte, écarte sans cesse les représentations qui toujours se reforment, sachant bien qu’elles le portent, mais que s’y arrêter serait périr. Quelle perception avons-nous de Jésus ? Est-ce que les représentations non ajustées du Seigneur entrainent une forme d’athéisme chez nos frères ? Qui est le Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu ? Jésus lui-même interroge ses disciples en leur demandant : Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? (Mt 16,15) et Pierre de répondre : Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! Réponse lumineuse et inspirée car personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît     le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. (Mt 11, 27). Il est intéressant de remarquer que c’est au moment où l’on reconnaît le Christ que le Seigneur nous éclaire sur notre véritable identité. Lors de sa profession de foi, lorsque Pierre reconnaît : Tu es le Christ, Jésus lui répond : Tu es Pierre.

En ce temps de l’Avent et à l’approche de l’incarnation de notre Seigneur, les parents s’interrogent aux pieds de leur nourrisson se posant cette question : Qui est-il celui-là ? Et nous répondons souvent sur des critères physiques – Il a les yeux de son père et le nez de sa mère – qui n’éclairent pas notre lanterne sur la question fondamentale. Alors, les parents continuent de poser la question et bien souvent les réponses sont des projections de nos désirs : Il sera océanologue comme sa mère, astronaute comme son père. Et la question persiste, tout au long de la vie.

Nous cherchons toujours à savoir qui nous sommes, qui est l’autre et qui est Jésus. Et les réponses affluent, diverses et variées comme cette foule. A ces réponses qui n’expriment que ce que nous avons saisi de l’autre – il est ceci, il est cela – nous répondons par une fonction, un trait de caractère, une caractéristique physique et ce type de réponse enferme l’autre dans un cadre.

C’est aussi dans un cadre que l’homme paralysé de notre évangile est enfermé, incapable de se déplacer sans ses compagnons. Voyant sa foi, Jésus lui révèle sa propre identité : Il est le Christ, fils de l’homme qui a autorité sur la terre pour pardonner les péchés.

Fils de l’homme et fils de Dieu, Jésus est le médecin des âmes et des corps. Il nous invite à ouvrir les yeux sur tous ceux que nous rencontrons pour reconnaître leur véritable dignité, celle de prêtre,                   de prophète et de roi, celle de fils de Dieu. Voilà la mission confiée à tous les baptisés, celle de révéler à chacun qu’il est né de Dieu et fait pour Celui qui a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique  (Jn 3, 16).

Il s’agit de révéler à chacun sa vocation à vivre sous le souffle de l’Esprit Saint, à orienter le regard vers le Seigneur, car c’est lui qui nous a tissés dès le sein maternel, c’est lui qui prononce le premier notre nom. L’Eternel m’a appelé dès ma naissance, Il m’a nommé dès ma sortie des entrailles maternelles. (Is 49, 1).

Pour finir, je vous invite à relire le Livre de Job. En toutes circonstances, Job a cherché à mieux connaître le Seigneur, d’abord avec orgueil, puis avec humilité, au terme d’un long cheminement jalonné d’épreuves. Au cours de ses échanges avec Dieu, après avoir accusé le Tout-Puissant d’avoir une conduite arbitraire, Job est contraint de répondre aux questions du Seigneur. Reconnaissant son incompétence, Job est incapable de répliquer. Il avoue ne rien comprendre à l’action mystérieuse de Dieu et finit par admettre humblement : Je ne te connaissais que par ouï-dire, mais maintenant mes yeux t’ont vu (Jb 42,5) !

Hugues Duwig

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