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Mardi 8 novembre

Commentaire de la lecture du jour: « Vivons avec justice et piété, attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ » (Tt 2, 1-8.11-14)

La -courte- lettre à Tite est parcourue par la liturgie cette semaine. Elle est divisée en trois parties, et nous lisons aujourd’hui le morceau central. Je mentionne en passant qu’il y a débat parmi les commentateurs sur l’auteur de cette épître ainsi que sur l’auteur des lettres adressées à Timothée : saint Paul, ou un autre auteur du premier siècle, fortement inspiré par les écrits pauliniens ? Tite se trouve en Crète, et il a pour mission de « finir de tout organiser » – sous-entendu, de parachever l’organisation de l’Eglise primitive. L’auteur – disons saint Paul, pour simplifier – adresse aux Crétois un code de bonne conduite chrétienne, détaillé en fonction de l’état de vie de chacun : homme âgé, femme âgée, jeune femme, jeune. Il met l’accent sur la vertu de l’exemple et incite Tite à être un modèle par sa façon d’agir, par son enseignement, par la solidité de son discours.

Par curiosité, je suis allée lire dans ma Bible le texte intégral de la lettre à Tite, et j’ai découvert que les versets 9 et 10, qui concernent les esclaves chrétiens, sont omis de la lecture publique. Je ne peux m’empêcher de me demander si cette omission est récente. Est-ce pour éviter le sujet hautement polémique de la position de l’Eglise sur la question de l’esclavage ? Peut-être. Je me demande si les versets 4 et 5 concernant les jeunes femmes, qui doivent aimer mari et enfants, être raisonnables et pures, bonnes maîtresses de maison, aimables et soumises à leur mari, vont un jour passer à la trappe – en même temps que l’autre femme soumise, celle des Ephésiens ? Faut-il céder à la cancel culture ?

J’essaie d’imaginer comment épurer notre texte du jour, afin de ne plus perpétuer une culture raciste, sexiste, ignorante des populations opprimées. Nous pourrions alors conserver les versets 11 à 14, qui suffisent pour donner une feuille de route au peuple chrétien attendant l’avènement de Jésus : un peuple qui a renoncé à l’impiété et aux convoitises, qui vit dans le temps présent de manière raisonnable avec justice et piété mais qui est également ardent à faire le bien. Le programme est suffisamment détaillé et exigeant pour alimenter la réflexion et occuper toute une vie. Sommes-nous d’accord pour réduire ainsi le texte de saint Paul ?

Eh bien, je dois dire que cela me chagrinerait beaucoup, en dépit de mes tendances féministes. Il me semble qu’en supprimant toutes ces références à la vie quotidienne, nous perdrions la saveur du texte qui à la fois nous introduit dans la vie de ces premiers chrétiens et nous rejoint dans notre existence actuelle – cette saveur qui touche les lecteurs de la Bible depuis des siècles. Il serait tellement dommage que plus personne ne médite pendant la messe sur l’ivrognerie des femmes crétoises âgées !

Marie Julie Leheup

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