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Lundi 7 novembre

Commentaire de la lecture du jour: « Si sept fois par jour ton frère revient à toi en disant : “Je me repens”, tu lui pardonneras » (Lc 17, 1-6)

Quels sont les scandales et les occasions de chutes évoqués par Jésus ? Qu’est-ce que faire trébucher les faibles en plaçant des pièges sur leur chemin ? Suis-je concerné par cette mise en garde ?

Certainement lorsque je m’écarte des voies du Seigneur et me détourne du chemin de Vie. Pour y remédier, Jésus me demande de sacrifier certaines de mes idées et de mes actions, en leur attachant au cou une meule en pierre que l’on précipite à la mer.

Saint Paul aussi nous avertit : Prenez garde que l’usage de votre droit ne soit une occasion de chute pour les faibles. (1 Co 8, 9). L’attention au petit et au fragile doit être privilégiée dans tous nos comportements. Nos choix et nos paroles sont-ils toujours guidés par le même souci ? Veillons-nous à ne dire à l’autre, que nous savons fragile, uniquement ce qu’il est capable de porter et d’entendre ? Nous efforçons-nous de faire entrer dans une meilleure connaissance du Christ, ceux qui par ignorance, le critiquent ou le dédaignent ? Pécher contre ses frères et les petits, c’est pécher contre le Christ lui-même, nous rappelle Paul. Nous connaissons la parole de Jésus : Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. (Mt 25, 40). Puisse notre foi, que nous avons reçu comme un cadeau par le Père, nous pousse à nous sentir encore plus responsables de nos frères éloignés du Christ.

Après ces mises en gardes, le Seigneur nous invite à pardonner : s’il se repent, pardonne-lui. Nous prions dans le Notre Père : Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. En remettant nos dettes à nos débiteurs et en leur pardonnant leurs péchés, nous accomplissons la première partie de cette prière : Que ta volonté soit faite.

Il est important pour Dieu que règne la paix dans nos cœurs et qu’il n’y ait plus d’inimitié en chacun de ses enfants. Dieu est prêt à tout pardonner, si nous pardonnons à nos frères car celui qui prétend aimer Dieu et qui n’aime pas son frère est un menteur (1 Jn 4,20).

Lorsque nous ignorons le don de Dieu, Jésus nous invite à demander pardon à notre Père qui nous a tout donné et continue à nous donner sans compter. Karl Barth, théologien protestant affirme : Nous sommes les débiteurs de Dieu. Nous lui devons tout simplement notre personne dans sa totalité.

Or, chacun sait combien il est difficile de nous reconnaître débiteurs, de confesser nos pêchés et de demander pardon. Nous avons souvent tendance à nous justifier et à reporter sur nos frères la responsabilité de notre chute. Comme Adam et Eve, nous disons : ce n’est pas moi (Gn 3, 12-13). Nous accumulons les perpétuelles excuses pour légitimer les faiblesses de nos comportements. Cette justification devient un obstacle à notre cheminement spirituel et à notre guérison.

Pardonner ne signifie pas consentir à ce qui me détruit. C’est reconnaître que le pêcheur, qui m’a blessé, n’est pas uniquement ce qu’il m’a fait. Souvent mon frère me révèle une violence, un mensonge ou une perversité que je refuse de voir en moi-même. C’est ce qu’Etty Hillesum exprime avant de mourir : Je ne vois pas d’autre solution que de rentrer en soi-même et d’extirper de son âme toute cette pourriture. Je ne crois pas que nous puissions corriger quoi que ce soit dans le monde extérieur, que nous n’ayons d’abord corrigé en nous-même. L’unique leçon de cette guerre, c’est de nous avoir appris à chercher en nous-mêmes et pas ailleurs *.

Jésus nous invite alors à entrer dans la démarche de conversion de l’enfant prodigue (Lc 15,11-32) en dette d’amour par rapport au Père.

Créé à l’image de Dieu, le fils prodigue est riche de dons. Mais comme Adam, il a voulu prendre la place du Père en souillant le sceau que Dieu a imprimé sur lui. Comme le fils prodigue, nous avons parfois tendance à nous égarer en nous réalisant à l’extérieur, sans tenir compte des besoins vitaux de notre intériorité, c’est-à-dire la réalisation de notre personne, réelle et véritable, hors de laquelle nous ne sommes que des images de nous-mêmes.

Coupé de la présence divine, le fils prodigue devient triste et affamé. Au fond du trou, il se souvient de l’amour du Père, puis choisit la vie et le chemin du retour, autrement dit la conversion. Si nous retournons vers le Père avec un cœur plein de repentir, Dieu nous pardonne sans condition. Si mes pêchés sont comme l’écarlate qu’ils deviennent blancs comme la neige. (Is 1,18).

Le Père qui l’attend de loin l’aperçoit et court à sa rencontre pour l’embrasser. Il le fait revêtir du plus beau vêtement (Lc 15, 22) pour en faire un homme nouveau. Il lui met ensuite une bague au doigt, signe d’une alliance nouvelle. Puis il prépare un festin pour symboliser le banquet nuptial.

Les deux derniers versets de l’évangile soulignent que la foi donne une force immense dans cette démarche de pardon et rend tout possible, même l’impossible, comme cet arbre qui obéit et va se planter dans la mer !

Hugues Duwig

* Extrait d’Une vie bouleversée, Ed. Albin Michel

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