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Mardi 3 mai

Commentaire de l’évangile du jour : « Montre-nous le Père » (Jean 14, 6-14) – Fête de St Philippe et St Jacques, Apôtres

Ce dialogue de Jésus avec ses disciples est plein d’incompréhension, de décalage. Jésus utilise les réponses humaines de ses pauvres amis, il les rabroue, les corrige, mais leur lenteur à croire, leur timidité à comprendre lui permet de « rebondir », de les amener plus loin, et nous avec. Arrêtons-nous tout de même sur cette demande de Philippe : « Montre-nous le Père, cela nous suffit ». Nous ne savons pour ainsi dire rien sur cet apôtre que nous fêtons le 3 mai – sinon cette demande. Et quelle demande ! Pleine d’espoir, d’amour, d’audace aussi. Il ne s’agit plus, comme Jacques, Jean et leur maman, de revendiquer des places. Philippe dévoile son désir profond – leur désir profond à tous, car enfin c’est bien pour ça qu’ils ont suivi Jésus. « Qui nous fera voir le bonheur ? » demande le psaume (Ps. 4, 7). Philippe répond.

Mais vouloir voir Dieu, est-ce bien raisonnable ? Quand Moïse a pris rendez-vous avec Lui sur le Sinaï, les fils d’Israël ont été terrifiés : voir Dieu, dans sa sainteté surhumaine, c’est mourir (Exode 19, 21). Même entendre sa voix de tonnerre mène à la mort les faibles humains (Exode 20, 19). Or un désir parcourt l’Ancien Testament : voir la Face de Dieu, être éclairé par sa lumière. « Que Ton visage s’éclaire et nous serons sauvés » (Ps. 80,4).

Cet espoir de bonheur, Jésus nous en révèle le sens : à nous qui voulons voir le Père, il dit notre identité cachée : fils et filles de Dieu, orphelins de sa présence dans nos vies et sur cette planète. Une chaîne vitale nous relie au Ciel : « je suis dans le Père et le Père est en moi », et nous sommes en lui à notre tour. Jésus est le roi du « en même temps » : en même temps le chemin et le but, en même temps dans le Père et accueillant le Père, en même temps au ciel et tout près de notre cœur. Ce « en même temps » là n’est pas contradiction mais union. Nous sommes sur le chemin, sur cette terre de malheurs et en même temps déjà vainqueurs dans le cœur du Père.

La Face lumineuse de Jésus va bientôt être défigurée par les bourreaux. Dans l’église Sainte-Thérèse, le visage de Jésus est caché : pas de grande fresque, pas d’icône. Le crucifix du chœur est percé, le crucifié n’est plus là et n’a laissé qu’un rayonnement de sa gloire. Tout en haut des verrières du chœur, la Sainte Face dont Thérèse a pris le nom : presque cachée. Jésus, presque caché, m’attire dans ce lieu mais ne garde pas l’attention sur lui-même : il est tout ouverture vers l’infini du Père. Devant sa présence humblement offerte dans le tabernacle, faisons nôtre cette prière de Philippe : montre-nous le Père ! What else ?

Léonard et Clotilde Dauphant

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