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Dimanche 1er mai – 3ème dimacnhe de Pâques

Commentaire de l’évangile du jour : « Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson » (Jn 21, 1-19)

Méditant sur la figure de Pierre dans sa relation avec le Seigneur qui l’appelle à être pasteur de l’Eglise universelle, Benoît XVI, dans la catéchèse du 24 mai 2006, a ces paroles lumineuses pour expliquer le dialogue entre Jésus et Pierre, où Jésus ressuscité confie à Pierre, celui qui l’a renié, sa mission : « Un matin de printemps, cette mission lui sera confiée par Jésus ressuscité.
La rencontre aura lieu sur les rives du lac de Tibériade. C’est l’évangéliste Jean qui nous rapporte le dialogue qui a lieu en cette circonstance entre Jésus et Pierre. On y remarque un jeu de verbes très significatif. En grec, le verbe « filéo » exprime l’amour d’amitié, tendre mais pas totalisant, alors que le verbe « agapáo » signifie l’amour sans réserves, total et inconditionné. La première fois, Jésus demande à Pierre: « Simon… m’aimes-tu (agapes-me) » de cet amour total et inconditionné (Jn 21, 15)? Avant l’expérience de la trahison, l’Apôtre aurait certainement dit: « Je t’aime (agapô-se) de manière inconditionnelle ». Maintenant qu’il a connu la tristesse amère de l’infidélité, le drame de sa propre faiblesse, il dit avec humilité: « Seigneur, j’ai beaucoup d’amitié pour toi (filô-se) », c’est-à-dire « je t’aime de mon pauvre amour humain ». Le Christ insiste: « Simon, m’aimes-tu de cet amour total que je désire ? ». Et Pierre répète la réponse de son humble amour humain: « Kyrie, filô-se », « Seigneur, j’ai beaucoup d’amitié pour toi, comme je sais aimer ». La troisième fois, Jésus dit seulement à Simon: « Fileîs-me?, « As-tu de l’amitié pour moi? ». Simon comprend que son pauvre amour suffit à Jésus, l’unique dont il est capable, mais il est pourtant attristé que le Seigneur ait dû lui parler ainsi. Il répond donc: « Seigneur, tu sais tout: tu sais combien j’ai d’amitié pour toi » (filô-se) ». On pourrait dire que Jésus s’est adapté à Pierre, plutôt que Pierre à Jésus ! C’est précisément cette adaptation divine qui donne de l’espérance au disciple, qui a connu la souffrance de l’infidélité. C’est de là que naît la confiance qui le rendra capable de la sequela Christi (du disciple qui marche à la suite du Christ) jusqu’à la fin: « Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu. Puis il lui dit encore: « Suis-moi » » (Jn 21, 19).

A partir de ce jour, Pierre a « suivi » le Maître avec la conscience précise de sa propre fragilité; mais cette conscience ne l’a pas découragé. Il savait en effet pouvoir compter sur la présence du Ressuscité à ses côtés. De l’enthousiasme naïf de l’adhésion initiale, en passant à travers l’expérience douloureuse du reniement et des pleurs de la conversion, Pierre est arrivé à mettre sa confiance en ce Jésus qui s’est adapté à sa pauvre capacité d’amour. Et il nous montre ainsi le chemin à nous aussi, malgré toute notre faiblesse. Nous savons que Jésus s’adapte à notre faiblesse. Nous le suivons, avec notre pauvre capacité d’amour et nous savons que Jésus est bon et nous accepte. Cela a été pour Pierre un long chemin qui a fait de lui un témoin fiable, « pierre » de l’Eglise, car constamment ouvert à l’action de l’Esprit de Jésus. Pierre lui-même se qualifiera de « témoin de la passion du Christ, et je communierai à la gloire qui va se révéler » (1 P 5, 1). Lorsqu’il écrira ces paroles, il sera désormais âgé, en route vers la conclusion de sa vie qu’il scellera par le martyre. Il sera alors en mesure de décrire la joie véritable et d’indiquer où on peut la puiser : la source est le Christ, auquel on croit et que l’on aime avec notre foi faible mais sincère, malgré notre fragilité. C’est pourquoi, il écrira aux chrétiens de sa communauté, et il nous le dit à nous aussi : « Lui que vous aimez sans l’avoir vu, en qui vous croyez sans le voir encore; et vous tressaillez d’une joie inexprimable qui vous transfigure, car vous allez obtenir votre salut qui est l’aboutissement de votre foi » (1 P 1, 8-9). »

Pierre Guerigen

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