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Mardi 16 novembre

Commentaire de l’Évangile du jour: « Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19, 1-10)

L’écriture de ce jour nous offre le passage de Zachée que nous connaissons bien. Zachée est collecteur d’impôt et riche, peu religieux, il est catalogué de pécheur par les pharisiens et les scribes ! Ensuite, il n’a vraiment pas de chance car de petite taille, la foule qui se presse pour voir Jésus l’oppresse et l’en empêche. C’est décidément double punition ! Bien que riche et notable, dirions-nous aujourd’hui, cette situation ne lui donne aucune priorité concernant Jésus. Mais la foule, n’est-elle pas aussi celle de ses pensées, passions, souffrances, complexes, blessures avec toutes ces énergies intérieures inconnues ou inconscientes et pourtant bien présentes et agissantes qui l’habitent.

Première observation, Zachée doit faire un effort pour s’en extirper, «il cherchait à voir qui était Jésus » et pour cela il prend de la hauteur et grimpe sur un sycomore. Prendre de la hauteur, se mettre à distance de lui-même, s’écarter de ce qui l’agite au-dedans de lui sans quoi il ne verrait pas Jésus. La volonté de cet homme de voir Jésus est forte et le met intérieurement en mouvement, sans doute cet élan rejoint-il son désir profond d’absolu, le désir de son âme d’être nourrie, rejoignant une quête profonde de sens et d’unification, lui le pécheur !

Deuxième observation, à sa grande surprise, Jésus le voit et l’interpelle comme si Jésus l’attendait et plus surprenant encore, Jésus dit devoir demeurer dans sa maison. Zachée descend vite de son arbre accueillant Jésus avec joie et allégresse. Lui le pécheur, comment une telle chose peut-elle se produire ? Jésus n’a-t-il pas meilleur endroit où demeurer ?

La question qui se pose à cette instant est celle-ci : la foi juive de l’époque mais aussi la foi chrétienne d’aujourd’hui, notre église catholique, offre-t-elle à chacun assez d’espace, de jeu, de place et de joie pour y rencontrer Dieu et cheminer sans être comme les pharisiens, des aspirants à la perfection, à la purification ? Nous ne pouvons que constater son échec d’alors. Jésus ne cesse de dénoncer l’hypocrisie et les mensonges des pharisiens et des scribes.

Alors que se passe-t-il avec Zachée ? Jésus le regarde et l’accueille dans son humanité. Il connait son cœur. Jésus « par-donne », il donne par-delà les apparences, ce que ne peut donner le cœur humain. Si Zachée est pécheur de s’être détourné de Dieu, d’avoir perdu l’axe qui lui permet de grandir, de croître intérieurement, Jésus ne le condamne pas. Le pardon loin d’effacer l’histoire de cet homme et de lui obtenir « une purification de ses péchés », lui donne la rémission. La rémission est en médecine le signe qu’un traitement a abouti et que les cellules cancéreuses bien que toujours présentes sont suffisamment contenues et affaiblies mettant à distance leurs effets nocifs. Elles n’ont pas disparues mais elles n’empêchent plus de vivre. Est-ce pour autant qu’il faut reprendre le cours de sa vie comme avant ?

Le pardon de Jésus et la réaction de Zachée nous donne un indice. Le pardon n’efface pas la faute mais donne de vivre plus loin que la faute commise et donc donne un surcroit de vie pour vivre autrement, pour vivre et se convertir, pour chercher Dieu et vivre en Lui. D’ailleurs Zachée l’a immédiatement compris en répondant presque impulsivement à Jésus « Voici Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un je vais lui rendre quatre-fois plus ». Sa réponse est extraordinaire car non seulement Zachée a compris l’urgence de pauvreté, l’urgence de se désencombrer de lui-même pour faire de la place à Dieu et cela passe toujours par du concret et ici un dépouillement matériel mais que fondamentalement tout le mal comme tout le bien se fait au moyen du prochain, que « nul ne peut faire du bien ou du mal à soi-même sans le faire à son prochain » (Catherine de SIENNE, Dialogue XXIV). C’est alors que Jésus lui reconnait son appartenance à la filiation d’Abraham ! Zachée, lui qui s’est tourné vers Jésus de tout son cœur, est restauré en sa qualité d’héritier des promesses faites à Abraham.

Myriam Duwig

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