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Dimanche 31 octobre

Commentaire de l’Evangile du jour : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu. Tu aimeras ton prochain » (Mc 12, 28b-34)

Quelle question stupide ! Quel est le premier des commandements ? Un détour par le chapitre 20 du livre de l’exode aurait suffi à ce scribe pour connaître la réponse. Et si il ne la connait pas, il n’est même pas digne d’avoir ce titre, il faut qu’il pense à changer de travail. En fait, si l’on creuse un peu, la question posée à Jésus est plus sur le « comment vivre ce commandement » ?  On peut y répondre facilement, en citant l’écriture (Ex 20, Dt 6)… ou alors faire comme Jésus, et y ajouter le second qui lui est semblable : « tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Et là, ça se complique. Parce qu’aimer une personne qui n’est, objectivement, pas aimable, c’est compliqué !

Mais peut-être faut-il aussi revenir sur ce verbe aimer… dont on a une vision moderne, romantique : c’est Roméo et Juliette, c’est Jack et Rose sur le Titanic, c’est même, si l’on va au bout, Thérèse de Lisieux qui déclare  » Je veux mourir d’amour » ! C’est j2sus sur la Croix, qui a un amour passionné (la passion !) pour chacun de nous… Soyons honnêtes, on n’aimera jamais notre voisin (notre prochain en somme) comme cela ! Sa femme, son mari, ses enfants, ses parents, ok, mais les autres, plus lointains ??? Etes vous prêts à donner votre vie pour eux ?

Du coup, quelle définition donner à l’amour ? au sens général ? Je crois qu’il n’y en a pas vraiment une qui soit universelle, mais que tous, nous sommes invités à trouver comment nous pouvons aimer, voire aimer plus pour grandir dans l’amour. Car l’amour n’est pas uniforme : l’amour d’une femme pour son mari n’est pas le même que pour ses enfants. Et quand on dit qu’on « adore » le chocolat, bien sûr qu’on n’irait pas jusqu’à tuer pour un carreau de ce si bon aliment !

Dans l’Evangile, le scribe dit que « aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices ». Les sacrifices, y compris ceux qu’on fait par amour, ne sont donc pas le sommet de l’amour. Tout comme même l’obligation, souvent morale, de respecter un contrat n’est pas de l’amour. Pour ma part, aimer, c’est se battre ! Se battre contre moi-même, contre mes envies, mes désirs, mon égoïsme, pour m’ouvrir toujours plus à l’autre. Car soyons clairs, si vous me proposez de choisir entre une semaine au ski et rester au presbytère à gérer le fichier des funérailles, j’ai beau aimer mon travail, je sais ce que je choisirais… Pourtant, par amour, je tenterai de limiter mon choix premier, dans des mesures raisonnables, car gérer ce fichier est aussi une manière d’être attentif aux autres, à mon prochain, de l’aimer. Aimer, pour moi, c’est aussi s’entrainer (comme le dit si bien St Paul) et repartir quand je me suis planté.

Mais aimer, c’est aussi, voire surtout, une source de joie, car je sens que c’est avant tout un amour qui me traverse, ce lui qui vient de Dieu, qui passe par moi pour rejoindre les autres. Aimer, c’est consentir à cet amour, c’est vivre, sans se recroqueviller sur soi même, dans la joie de la rencontre de tous, dans l’action de grâce pour les merveilles de Dieu. Aimer, c’est me sentir uni à Dieu, en plénitude, dans une anticipation du royaume, et partager cet amour. C’est ma manière d’aimer, d’essayer, car ça reste un combat (demandez à ceux qui trouve que je suis encore loin de cet idéal) ! Et vous comment vivez-vous l’amour ? Qu’est ce que c’est qu’aimer pour vous ?

Stéphane Jourdain

 

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