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Méditation du jour : dimanche des rameaux

Evangile du jour : l’entrée messianique à Jérusalem

Dans le style paradoxale, l’entrée de Jésus à Jérusalem est très forte ! Tout semble, au premier abord, marcher comme sur des roulettes (ou sur un âne pour rester dans le contexte). Parlons en justement de l’âne. On le trouve dès la Genèse, où l’âne est utilisé comme mule, comme l’animal qui porte les charges encombrantes, lourdes… On est loin du cheval, prestigieux… Et même, parfois, quand il sert de monture, l’âne est plus futé que celui qui le monte. Demandez à Balaam (Nb 22, 21-30). Jésus, acclamé comme roi, arrive sur un animal qui se révèle parfois plus capable de voir les signes de Dieu que les hommes…  Il est juché sur un âne, comme une charge lourde, encombrante… En bref, c’est tout sauf un roi… Et pourtant on l’acclame !

Et puis, il y a les manteaux… Les disciples les posent sur l’âne pour faire comme un selle… pour habiller l’âne, le rendre présentable aussi peut-être. Mais les gens, qui étendent leurs manteaux par terre… Voilà que l’on demande à un prophète – ce sont le gens qui le disent à ceux qui ne connaissent pas Jésus – d’être leur protection ultime. Car le manteau, c’est ça : une protection contre le froid, contre la chaleur du soleil, contre le sable. Le manteau, comme celui que rejette Bartimée, encore aveugle, c’est l’emblème de la possession. Enlever son manteau, pour le mettre sur la route, sous les pieds d’un âne qui porte un prophète, c’est dire qu’on met son espoir dans le Seigneur, en Dieu, et non plus dans le roi, ou autre… Et voilà que plus de mille après le refus des juges, où le peuple avait demandé un roi, ils accueillent un prophète comme libérateur (1S 8, 5). Deuxième paradoxe : Jésus, présenté comme prophète, n’est pas accueilli comme celui qui annonce, comme le porte-parole de Dieu, mais comme celui qui libère, et donc il n’est plus vraiment prophète. la question de Jésus, « pour vous, qui suis-je », là voilà qui resurgit…

Et enfin, dernier paradoxe, qui nous rejoint comme le deux précédents (celui de l’image de Dieu et celui de son statut pour nous), la question du temps, et de notre capacité de résistance. Dit autrement, c’est celle de notre résistance dans la durée ! Parfois, on s’enflamme vite pour une personne, et on l’abandonne aussi vite. C’est ce qui s’est passé pour Jésus : la passion nous fait entendre les cris de la foule appelant à le crucifier. Le grain est tombé sur le sol pierreux, il a levé, mais le soleil l’a brûlé car il n’avait pas de racines (Mt 13, 4-5). Qu’est ce qui nous permet de tenir dans la durée ? même les apôtres, après 3 ans passés auprès de Jésus, ont fini par le lâcher le vendredi saint… Accepter que nous ne sommes pas fiables, mais que c’est Dieu qui sans cesse vient nous rechercher, malgré notre péché (c’est à dire les refus de son amour), c’est accepter de monter avec Jésus (ou à sa place) sur l’âne, d’être nous aussi des charges encombrantes. Ce qui n’empêche pas Dieu de donner sa vie pour nous… Avec notre versalité, nous découvrons que si nous accueillons Jésus, comme un roi, comme un prophète, comme Dieu, nous sommes aussi capables de lui tourner le dos… Alors que Lui va jusqu’au bout pour nous…

En ce temps de confinement, où le temps est bien différent de ce qu’il est habituellement, osons prendre patience, osons demander à l’Esprit-Saint le fruit de la patience pour nous accepter et pour accepter nos frères tels qu’ils sont, avec leur richesses et leur limites, avec leurs et nos paradoxes… Jésus nous a montré le chemin, à nous d’entrer dans cette démarche.

Stéphane Jourdain

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