Prier au quotidien

Lecture biblique

Évangile : « Vous n’appartenez pas au monde, puisque je vous ai choisis en vous prenant dans le monde » (Jn 15, 18-21)

Acclamation : (Col 3, 1) Alléluia. Alléluia. Si vous êtes ressuscités avec le Christ,…

Homélies

Homélie du 11e dimanche du temps ordinaire

Avec 2 petites paraboles, Jésus conteste ce qui, aujourd’hui, est le plus désiré : la visibilité, la 1ère place, la renommée. Ces 3 paraboles invitent à ne pas s’enfermer dans ce qu’il y a de plus grand, mais à se laisser saisir par ce qu’il y a de plus petit.

Jésus a traversé sa vie non pas en mode 1ère classe mais en dernière place. Il a passé plus de 30 ans dans la discrétion à Nazareth.

Jésus n’a aucune attirance pour ce qui élève, pour les grandeurs qui défigurent le visage de Dieu. Son mode tendance est une vie simple, cachée, sans bruit. Voilà le renversement de la Bonne nouvelle. Il inaugure une nouvelle manière de vivre en exaltant ce qui a peu de valeur ! Alors qu’autour de nous tout nous invite à voir grand, à nous donner de l’importance, à faire du profit pour du profit ; à l’heure où des patrons se paient leur bonne conscience avec l’argent de leurs actionnaires, Jésus propose un chemin déroutant, de vivre à contre-sens. Chemin de l’enfouissement. Jésus nous propose de changer nos regards, de voir autrement. Si tu veux être grand, commence par te faire petit (St Augustin).

Il nous faut apprendre à regarder pousser ces petites semences, pousser le Royaume de Dieu !

Dans la 2ème prière eucharistique pour la Réconciliation, nous disons : « Nous savons et nous proclamons que tu ne cesses d’agir. » Le Royaume de Dieu, est bien là ! Nous avons parfois l’impression que Dieu semble absent, ou du moins qu’il se retire (et alors son silence nous fait peur !). Mais peut-être qu’il se retire pour que nous grandissions ! Pour que nous passions d’une relation de besoin (comme un enfant qui a besoin de ses parents pour vivre), à une relation gratuite d’union amoureuse, de communion… apprenant à devenir acteurs, créateurs avec Dieu, et non plus seulement quémandeurs !… Passage difficile, car il nous faut briser l’image que nous nous sommes faits de Dieu, réduit au Dieu de nos besoins !

Comme un enfant (soigné suite à une poliomyélite) tombé à terre et qui, aussitôt, tend la main vers son jeune éducateur, mais qui, simplement, le regarde. « Aide-moi » lui supplie l’enfant. « Non » répond l’éducateur. L’enfant alors se met en colère, essaie le chantage… et voyant que rien ne fait changer l’attitude du jeune, crie de rage, se débat, se remue… et arrive à se remettre debout ! « J’ai réussi ! » s’exclame l’enfant émerveillé, « j’ai réussi tout seul ! »… Puis regardant l’éducateur qui lui sourit : « Si, c’est vrai, tu m’as aidé ! Et même, plus que tous ceux qui font toujours tout, à ma place ! » – « Je t’aiderai toujours comme cela ! » conclut l’éducateur… Comme le silence de l’éducateur étonne l’enfant, le silence de Dieu nous déroute.

Dans un monde où tout est « maxi », « super », « hyper », « géant », « colossal »… Jésus nous parle du Royaume de Dieu comme une graine qui disparaît, s’efface… Mais, qu’il fasse jour ou nuit, il y a la certitude qu’elle est là et qu’elle grandit ! Cela signifie que le Royaume de Dieu n’est pas un territoire à conquérir mais une Force étonnante, irrésistible de Vie, force de l’Esprit qui travaille en nous !

Cette graine qui pousse toute seule, n’est pas un encouragement au fatalisme où l’on attend tout de Dieu comme si notre Dieu était un Dieu « magicien », Dieu « prisunic », Dieu « roue de secours »!

Le règne de Dieu vient irrésistiblement, mais pas sans le concours des hommes qui ont à prier et travailler pour qu’il vienne. La graine, après avoir été semée, doit être arrosée, entourée de bonne terre ; le terrain doit être nettoyé de ses pierres et mauvaises herbes ; on doit veiller aux oiseaux ; la jeune pousse doit trouver de l’ombre ; il faudra peut-être la replanter sur un terrain meilleur.

Par sa 2ème parabole, Jésus nous entraîne plus loin : Le Royaume de Dieu est comme une graine de moutarde. Une graine de moutarde ce n’est rien… et pourtant elle dépassera toutes les plantes et étendra ses branches, si bien que les oiseaux du ciel y feront leur nid. Ainsi en est-il du Royaume de Dieu !

Cette graine, c’est Jésus lui-même, et ses 12 apôtres, Eglise en germe ! (Jésus, Parole de Dieu, plantée en terre ; grain qui affronte la nuit de la mort et qui porte les fruits de la Résurrection !) Le petit grain est devenu un grand arbre qui étend ses branches jusqu’aux extrémités du monde !

A quelle sève, ou source, puisons-nous nos racines ?
Vers qui tendons-nous les branches de nos arbres ?

Au cœur d’un monde où règne la déforestation (spirituelle) du cœur de l’homme, par l’exclusion, le mensonge, l’injustice…, c’est à nous, « branchés » sur la Vie, d’élargir les branches du Royaume de Dieu.

Merci, Seigneur, pour toutes les semences dans nos vies. Mais comment croire que ça va grandir, que les gens vont se transformer ! On a tellement vu de projets ou belles paroles sans suite. Pardon pour nos jugements, nos impatiences, nos intolérances. Tu es là dans tous ces germes et ton projet d’amour est vraiment pour tous. Ouvre nos yeux, Seigneur, pour que nous puissions le voir. Libère-nous du doute et donne-nous ton parti pris d’espérance.

Ton Royaume Seigneur, est une histoire qui pousse là où s’épanouit la vie ! Tu nous apprends à le reconnaître dans tout ce qui est bon et beau, et qui ne fait pas de bruit. Merci Seigneur pour cette vie qui jaillit et grandit sans cesse, dans le secret de nos cœurs, et au cœur du monde !

 

Père Vincent


Textes spirituels

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