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UN ÂNE COMME MOI

« Vous trouverez une ânesse et son petit. Détachez-les et amenez-les ». Jésus entra dans Jérusalem, monté sur un petit âne, tout comme il entra aussi, dans le ventre de sa mère à Bethléem, elle-même montée sur un petit âne, si on imagine un peu avec les représentations populaires. Ce petit animal, mis à l’écart, bon à rien, bête de trait et de charge, têtu, c’est pourtant ce moyen de transport que va choisir Jésus. Il n’a pas fait long feu le vaillant destrier annoncé par les prophètes ! On est loin de l’image que l’on voulait se faire de ce grand roi, glorieux venant pour éliminer tous les ennemis et rétablir le peuple de Dieu ! On en est loin … Soyons un peu naïfs et rêveurs, soyons enfants et imaginons un moment ce qu’il peut se passer dans la tête de ce petit âne ; il doit peut-être se dire ceci :

« Déjà le soir de Noël il ne disait rien, il s’est tût le beau petit. Aucun cri n’a traversé la nuit, seul tumulte, là-haut les anges qui laissaient exploser leur joie. Et là, je le porte sur mon dos, c’est moi qu’il a choisi. Mais ce que je retiens, c’est cette obstination de Jésus et surtout son silence. A quoi pense-t-Il sur cette route qui monte à Jérusalem ? Quelle émotion lorsqu’il entre dans la ville ? Les voit-il les manteaux sur le sol, les feuillages coupés ? Et tous ces enfants autour de Lui. Entend-Il les cris et les rires, les bravos et les acclamations ? Hosannah tu es Fils de David ! Il se tait. Ils vont franchir la porte, ses amis vont-ils le suivre ? Ils ont l’air bien soucieux aussi. Il se tait. Pourquoi parler encore ? Il a tout dit. Tout est lourd à Jérusalem, il se trame quelque chose d’étrange. Je l’ai vu passer, dit le petit âne, cette nuit, enchaîné. Ses amis sont angoissés, iront-ils avec lui jusqu’au bout ? Tiens, un cortège arrive, très bousculé, ils sont trois, et Lui, Jésus aussi porte ce lourd morceau de bois. Il parait qu’il s’est tût toute la nuit. A son procès il n’a presque rien dit. Le cortège arrive, au même pas lent, dans le même brouhaha, mêmes odeurs, sur cette route jonchée de rameaux morts.

Je vois son regard, il semble dire « ô mon peuple, que t’ai-je fait ? » Aïe, ça y est, Il est cloué, pourquoi Il n’a rien fait ? Il a dit qu’il était roi, Messie ? … c’est bizarre, là encore il ne dit rien, il dit un truc qu’on n’a pas trop bien compris. Certains disent qu’il a appelé son Père … ça y’est ; il est parti, il a rendu le dernier souffle. Tout est sombre, on entend comme un tonnerre, y’a une agitation au cœur du Temple, comme si le rideau s’était fendu … tout le monde rentre chez soi, certains les yeux remplis de larmes, d’autres un sourire soulagé aux lèvres. »

Le petit âne s’approche, il se rappelle ce verset d’Isaïe : « Comme un agneau trainé à l’abattoir, muet, il n’a pas ouvert la bouche. Brutalisé, humilié, il n’a plus aspect humain ». Le petit âne s’approche. … Tiens, ce bois de croix est étonnant, il y’a un bourgeon en bas …

Loïc BONISOLI+

Curé

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