VOICI LE BOIS DE LA CROIX
Le temps de la Passion est tout proche, et le signe de la Croix – si important pour notre foi – est le centre de ces jours saints qui arrivent à grands pas. Depuis le jeudi soir jusqu’au dimanche matin à l’aube, la croix est le signe qui retient notre souffle et habite notre esprit. Nos prières sont alors transpercées par le passage nécessaire et incontournable que Jésus connaît pour sauver le monde entier. D’un instrument de mort et d’outrage, Dieu en fait le signe de Gloire ; d’un instrument qui est un scandale du jeudi au samedi, voilà qu’il est porteur de la Vie au matin de Pâques. Allongé sur le bois de la croix pour y être cloué, élevé de terre pour être un signe visible et un défi aux yeux des nations, déposé sur la pierre froide du tombeau, on ne peut pas dire que Dieu soit loin de nos douleurs.
Ô combien cette année – encore – ce signe de la croix est sanglant pour nos existences et rappelle combien les crucifixions existent toujours de manières si diverses, menaçantes et si contemporaines. Comme une crucifixion encore pour des familles entières qui vivent sous le bruit ignoble des tirs et des éclats de bombes, le roulement des chars et les cris des plus pauvres. Comme une crucifixion, encore, les personnels soignants à bout de souffle qui tiennent et à force de courage pour sauver des vies, être présents, soulager, malgré les terribles conditions de la santé encore aujourd’hui. Comme une crucifixion les désespoirs et les peurs de ne pas avoir de lendemain, un avenir incertain pour tant de jeunes et d’étudiants. Comme une crucifixion les tensions politiques et les déceptions encore au moment des scrutins électoraux. Comme une crucifixion les crises du climat et l’avenir de la faune, de la flore, de nos paysages … Comme une crucifixion les angoisses et tracas personnels, nos histoires familiales ou de vie quotidienne.
Le signe de la croix reste planté dans nos vies, il reste dressé sur le monde. Stat Crux dum volvitur orbis – la Croix reste dressée pendant que le monde tourne, redit si bellement la devise des Chartreux. Le Vendredi Saint, au moment d’élever la croix et de venir vénérer ce bois qui a porté le Salut du monde entier, nous viendrons déposer nos vies et les tourments si divers et contemporains. Sur le bois de la croix Jésus dépose sa Vie et nos existences ; il nous fait monter au Calvaire aussi, il nous tient par la main, même si parfois nous semblons descendre au creux du tombeau ténébreux … n’oublions pas que Lui en est sorti, et nous mêmes nous sommes promis à ce secours si majestueux ! Après les jours de la passion, ils sont finis les temps de la mort et la Vie du Ressuscité nous ouvre d’autres horizons.
Vivons pleinement et avec passion véritable les jours de la Semaine Sainte, car la Croix domine, nous rassemble et nous touche encore, mais le relèvement ne peut qu’être l’issue et l’espoir. La mort ne peut avoir le dernier mot ; Christ vivant et ressuscité est bien notre compagnon de route.
Loïc BONISOLI+