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25 mars 2018 – Dimanche des Rameaux et de la Passion

Par défaut d’attention

Le visage coupé et bosselé, un œil tuméfié et fermé, le jeune homme noir, couché dans un lit d’hôpital, semble plongé dans un semi-coma. Avec difficulté il glisse néanmoins quelques mots à l’oreille de son visiteur : « vous n’avez pas voulu voir ». Celui-ci vient de lui demander pardon pour « n’avoir pas vu ». Pas vu que ce délinquant multi-récidiviste était un suspect trop facile, pas vu que l’agression du policier n’était qu’un coup monté, pas vu les indices pourtant évidents de son innocence.

Dans le film Jésus. L’enquête, récemment porté à l’écran, la conversion du journaliste est liée à l’investigation très professionnelle menée auprès de spécialistes, historiens et exégètes. Mais elle doit davantage à une prise de conscience : la vérité et la justice ne sont pas forcément du côté qu’on croit. Par sa faute, un innocent a été mis en prison, d’où un terrible règlement de compte l’a envoyé à l’hôpital. Son visage martyrisé, à la fois beau et terrible, accuse en silence. Le journaliste diplômé de Harvard, qui n’a ni vu ni entendu ni compris, contemple, étonné, ce visage, comme il avait auparavant contemplé, dans une église, l’effigie de l’homme souffrant du linceul de Turin, dont le négatif de Secondo Pia nous a révélé les traits.

« Tout le mal de cette vie provient d’un défaut d’attention à ce qu’elle a de faible et d’éphémère », écrit Christian Bobin dans L’Inespérée. Ne pas voir Jésus là où il se manifeste avec tant d’évidence est un grand mal. Ne pas voir Jésus dans le pauvre, l’affamé, le réfugié ou le délinquant est un grand mal. C’est de ce mal dont nous devons aujourd’hui espérer la guérison.

Nicolas Brucker

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