Quand la philosophie se mêle de sexe.
Quand la philosophie se mêle de sexe, est le premier ouvrage de Jeanne Larghero et en tournant la dernière page on se met à espérer qu’il y en ait beaucoup d’autres.
La philosophie à la portée de tous, une présentation claire, didactique avec une synthèse régulière de ce qui a été exposé précédemment dans laquelle on sent la pâte de la prof de philo. Elle commence par explorer ce que le corps en surface nous dit de l’homme et de la femme pour noter que ces corps ne disent pas tout de la vérité de chacun et que le risque est ; en voulant défendre le caractère unique de l’homme et le caractère unique de la femme ; de les enfermer dans ce corps, dans une image extérieure qui dirait tout d’eux. Quelle tristesse ! Mais heureusement Jeanne Larghero avec son style enjoué, plein d’humour et nullement prise de tête ou pompeux comme on pourrait en faire souvent le reproche à la philo, Jeanne Larghero donc nous emmène bien au-delà de ces apparences. Après le corps, le genre qu’elle étudie sans a priori (oui aux gender studies) et qu’elle démonte d’un revers de la main (non à son application bête et méchante). Non, bien entendu pas d’un revers de la main qui ne s’attacherait pas à la réflexion ! Mais qu’elle démonte avec l’argument de la raison en montrant comment les différents arguments s’écroulent parce qu’ils se contredisent « Aller au bout de la logique du gender, c’est abolir le gender » dit-elle.
Elle explore ensuite le concept de nature. Comment comprendre ce terme ? Comment lier nature et liberté ? Si notre nature d’homme ou de femme est pré-définie, enfermé dans un corps et dans des modèles culturels alors comment être libre ? Jeanne Larghero est certainement une féministe convaincue qui milite pour une femme forte, belle et épanouie dans son corps de femme, ni hypersexualisée, ni « rabaissée » à devoir être un homme pour exister. Elle montre entre autre à travers les blessures, quelle est l’importance du sexe comme composant à part entière de notre personne. Une des plus belles parties de son livre est sans doute l’exposé qu’elle fait sur le sens des différences anatomiques. En d’autres termes que nous dit la biologie de l’identité de l’être de l’homme et de l’être de la femme. Elle nous donne une bonne partie du mode d’emploi de la communication homme-femme, quel cadeau ! Le regard de Jeanne Larghero nous porte en permanence vers l’émerveillement, vers la redécouverte (ou la découverte) de notre nature d’homme et de femme. Nous sommes partis sur une étude du gender pour poursuivre sur une ode à l’amour, à l’union sexuelle comme lieu de l’accomplissement de cet amour, le lieu de sa mise en acte, de sa vérité.
On se demande comment ce livre aurait été écrit s’il l’avait été par un homme tant la délicatesse y est présente. Nous finissons cette pérégrination philosophique avec Jeanne Larghero par une étude de la Création non conventionnelle où Adam et Eve nous disent encore beaucoup de choses sur les relations homme-femme, sur la raison des malentendus qui les font rentrer dans la lutte. Mais l’origine de l’homme et de la femme nous permet d’être dans l’Espérance et de pouvoir croire à des relations apaisées et dans un sens fraternel.
N’hésitez pas à le mettre dans les mains de vos prêtres préférés ce chapitre, il pourrait révolutionner leurs prochains sermons !
Jeanne Larghero, Desclée De Brouwer, Paris (septembre 2014), 14€