Vatican : Pour en finir avec les abus sur les mineurs

Du 21 au 24 février 2019, le pape a convoqué à Rome tous les présidents des conférences épiscopales du monde pour un sommet sur la protection des mineurs. Devant le scandale des actes pédophiles, ces journées auront permis aux participants de prendre conscience de l’ampleur des abus sexuels et du scandale de leur couverture. Le pape a voulu, au-delà des mots, qu’une prise de conscience et des mesures concrètes aboutissent rapidement à une purification de l’Eglise par une lutte sans réserve contre tous les abus sur mineurs.

Une rencontre inédite : jamais dans un délai aussi court, une telle réunion rassemblant toutes les conférences épiscopales du monde fut organisée. Une rencontre voulu contre un électrochoc, pour que plus jamais les abus sexuels sur mineurs ne puissent être passé sous silence, que les victimes soient désormais prioritaires, pour que la vérité et la justice passent devant la protection de l’institution ou la honte du scandale. Une rencontre qui montre une institution qui prend au sérieux cet enjeu de manière planétaire.

A travers trois journées de rencontre, ponctuées de témoignages poignants de victimes, de conférences et de temps de travail en groupe, les cardinaux et évêques présents ont pris conscience de la gravité de la situation et de la nécessité de ne plus jamais reculer devant ces abominations. En effet, les prises de parole de victimes tout au long de ces journées montrent que la souffrance vécue et exprimée est fondatrice de l’action de l’Eglise. Elle a un devoir de protection des plus fragiles et un devoir d’accompagnement des victimes.

Déjà dans l’avion de retour des JMJ du Panama, le pape mettait en garde « contre des attentes démesurées ». Tout ne peut pas se résoudre en 4 jours. Une véritable conversion prend toujours du temps. Si de nombreuses victimes présentes à Rome ont dit leur déception, il faut donner crédit au pape et aux organisateurs d’avoir clairement affirmé leur tolérance zéro. Déjà le pape Benoît XVI en 2010 avait tracé une feuille de route. Mais celle-ci, hélas, n’a pas été mise en œuvre.

Reste donc à le faire, partout, dans toutes les Eglises. Bien sûr, certaines Eglises ont déjà bien avancé. En France, après une plus grande sensibilisation dès les années 2000, on prend au sérieux la parole des victimes. Les évêques ont créé des cellules d’écoute dans les diocèses, dénoncent si nécessaire auprès du procureur les fautifs, et ont mis en place des commissions indépendantes pour faire toute la lumière sur ce fléau. Dans d’autres pays, il reste beaucoup à faire.

A l’issue de ce sommet, trois annonces ont été faites par le Vatican : la création d’équipes d’experts pour aider les conférences épiscopales où les ressources manquent. La rédaction d’un Vademecum pour chaque évêque et la publication d’un Motu proprio du pape François sur la lutte contre les abus contre les mineurs au Vatican et au sein de la Curie. D’autres mesures concrètes vont naître du travail synodal effectué durant la session elle-même. Bien sûr, au-delà des outils, l’essentiel sera le travail effectué dans chaque diocèse pour que les faits passés soient dénoncés, que les victimes soient reconnues, accompagnées et soutenues, que les prédateurs soient jugés, que la culture du silence soit abolie, que la formation des futurs clercs et religieux prennent bien en compte ces enjeux. « Tout cela nous le devons au saint peuple de Dieu » a conclut le pape dans son message final. Dont acte.

Retrouver l’intégralité du dossier sur le sommet pour la protection des mineurs sur le site CEF.

Lire le discours final du pape François.

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