Habiter autrement le monde

Du 2 au 8 novembre 2021, l’assemblée plénière d’automne des évêques de France s’est déroulée au sanctuaire de Lourdes. En lien avec la COP26 qui se déroulait à Glasgow, la journée du mercredi 3 novembre et la matinée du 4 novembre étaient consacrées à la séquence « Clameur de la Terre, clameur des pauvres » (Laudato Si’ §49). En présence de représentants de groupes de personnes en précarité et dans le sillage de la réflexion initiée par les évêques lors de l’assemblée plénière de novembre 2019, la rencontre a permis de rappeler le lien entre écologie et pauvreté.

L’objectif de ce temps de rencontres et d’échanges était de mener une réflexion d’écologie intégrale qui s’appuyait sur le témoignage de personnes en précarité présentes à Lourdes et dont la parole avait été recueillie au préalable dans des dizaines de groupes à travers la France. La réflexion était axée autour de l’idée centrale portée par le pape François selon laquelle « une vraie approche écologique se transforme toujours en une approche sociale » : les personnes en précarité, par leur parole, leur expérience de vie, leur simplicité ont beaucoup à nous apprendre sur la façon de les percevoir, de les appréhender et de leur proposer des réponses.

Chaque évêque était accompagné de deux invités diocésains. Pour notre diocèse de Metz, Mgr Jean-Pierre Vuillemin était ainsi entouré d’Anne-Sophie Vaxelaire, référente écologie intégrale, et de Pierre-Dimitri Blandin, assistant du directeur du Service diocésain de la Charité.

Des témoignages forts et poignants

Ces deux jours vécus à Lourdes ont donc été ponctués de nombreux temps de rencontres avec les plus pauvres : rencontres en profondeur, rencontres fraternelles, rencontres généreuses, des témoignages forts et poignants de personnes qui ont vécu des situations très dures, des temps de réflexion sur la question de la place des plus pauvres dans la société et sur le regard et la considération qu’on leur prête… Un questionnement a également été proposé sur les notions de fraternité, de partage et sur la nécessité d’être en confiance et de pouvoir libérer la parole.

Une grande importance a été portée à la qualité d’écoute, à prendre le temps de vivre des moments d’échanges et de partages fraternels qui permettent de créer un « nouveau commun », une nouvelle manière de faire ensemble, de vivre ensemble. En effet, nous sommes tous invités à prendre soin les uns des autres, à nous relier, à construire des projets ensemble, des espaces partagés où chacun puisse trouver sa place et s’y sentir bien.

Par leurs témoignages de vie, les plus pauvres nous ont donné des pistes, des éclairages, pour habiter autrement le monde. Il nous a ainsi été rappelés que tout étant lié, prendre soin de la Création, c’est également prendre soin de nos Frères. « Protéger le monde qui nous entoure et nous contient, c’est prendre soin de nous-mêmes. Mais il nous faut constituer un « nous » qui habite la Maison commune. » (Fratelli Tutti § 17).

Une personne de l’association Aux Captifs, la libération nous a dit cette très belle phrase : « Prendre le temps de chercher et retrouver en nous la source, la lumière qui est en nous. »

Une autre personne en situation de précarité a également témoigné du fait que « si on freine sa bienveillance envers l’autre, on bloque son futur, l’harmonie et la merveille que Dieu nous prépare ».

Des témoignages forts empreints de foi et d’espérance.

De nombreuses initiatives inspirantes

Nous avons également vécu des temps de forums présentant de nombreuses initiatives inspirantes : éco-lieu, éco-hameau, jardins partagés, groupes de parole… Chaque participant a pu prendre part à un forum pour découvrir la mise en œuvre d’un projet de solidarité ; tous ces projets étant source d’inspiration.

Lors de cette assemblée, les voix se sont élevées, les fragilités ont été écoutées… Ces moments riches en fécondité ont permis à chacun de partager les fruits de fraternité qui ne demandent qu’à fructifier et à se multiplier dans tous nos diocèses !