Notre histoire
«C’est de l’union de la bibliothèque du Grand Séminaire de Metz et de la bibliothèque de l’évêché qu’est née en 1991 la Bibliothèque diocésaine établie dans la partie du Séminaire devenue en 1994 Maison Diocésaine.
Aucun renseignement concernant la composition et l’importance des bibliothèques de ces deux maisons avant la Révolution ne nous est malheureusement parvenu. Dès le début de son épiscopat, Pierre-François Bienaymé (1802 – 1806), premier évêque concordataire de Metz, avait consacré beaucoup d’efforts pour ouvrir à nouveau un séminaire. Mais c’est à son successeur Gaspard-Jean-André-Joseph Jauffret (1806- 1823), qu’il revint de rouvrir en 1807 le séminaire Saint-Simon et c’est sous sa plume que nous trouvons exprimé un souci ardent pour la formation des prêtres et donc aussi pour les livres : Avez-vous une bibliothèque ? écrit-il à Nicolas Thibiat, supérieur du Séminaire, dès sa nomination, y a-t-il des dépôts de livres à Metz, ou dans l’un des trois départements ? S’il existait de ces dépôts, j’obtiendrais facilement la permission d’y puiser.
Dans le premier mandement adressé aux prêtres de son diocèse se retrouve le même souci : Nous ne craignons donc pas d’inviter ceux qui possèdent des bibles, des commentaires sur l’Ecriture Sainte, et généralement des ouvrages relatifs à la foi et à la morale, à les léguer à notre Grand Séminaire. Nous proposons de former dans cette maison une bibliothèque qui renfermera le plus d’exemplaires que nous pourrons recueillir des ouvrages nécessaires aux ecclésiastiques.
Une liste de quatorze feuillets de grand format conservée aux Archives nationales (F 19,4089) révèle l’étendue du succès remporté par cet appel. Déjà la bibliothèque de l’évêché avait été reconstituée.
La Bibliothèque diocésaine conserve pour sa part un document de 48 pages qui, sous la date du Trente Nivose, an XIIe porte le titre suivant : Formation de la bibliothèque de M. l’évêque de Metz. Tous les volumes, au nombre de trois mille (en fait 3114) qui composent le présent inventaire ont été tirés de la bibliothèque départementale et déposés suivant l’ordre du préfet dans une salle au premier étage et remis à la garde du citoyen Richard. Monseigneur Jauffret dut obtenir que fût suivie la même procédure pour son Grand Séminaire, ainsi que le révèle la consultation attentive des exlibris marquant la plupart des livres anciens de la bibliothèque diocésaine : beaucoup proviennent des couvents et communautés religieuses de Metz et de la Moselle.
Certains portent encore le cachet : District de Metz. Un riche fonds janséniste où l’on trouve par exemple le Nécrologe de l’abbaye de Port-Royal ou l’Histoire des miracles de Carré de Montgeron, ainsi qu’une importante Collection de pièces qui regroupe des mandements et des documents parus au long des XVIIe et XVIlIe siècles, et les Mémoires de Lancelot, Fontaine ou Pontis, se signale par la présence de l’ex-libris du cardinal de Montmorency-Laval. Mais le fonds remonte sans doute à Monseigneur du Cambout de Coislin (1697- 1732), dont les sympathies pour Port-Royal sont bien connues.
Cet effort de constitution d’une bibliothèque à l’usage du Grand Séminaire s’est poursuivi jusqu’en notre siècle. Ainsi apprend-on par une note du 7 décembre 1902 que l’intention de Monseigneur (l’évêque est alors Willibrord Benzler, moine bénédictin avant d’occuper le siège de Saint Clément de 1901 à 1919) est d’élever notablement le crédit annuel affecté à la bibliothèque. C’est alors aussi que se fait l’acquisition de la Patrologie de Migne et que la décision est prise d’abonner la bibliothèque à 31 revues supplémentaires. On note également l’apparition d’une bibliothèque ouverte aux élèves, l’accès à la grande bibliothèque restant réservé aux professeurs. La présence des Sulpiciens, appelés en 1866 pour tenir le séminaire, n’est sans doute pas étrangère à l’attention portée au développement de la bibliothèque. Un important fonds d’histoire locale se constitue également à partir de la fin du XIXe siècle grâce à quelques prêtres passionnés par ce secteur de l’histoire et stimulés dans leurs recherches par plusieurs de leurs anciens professeurs, tels Nicolas Dorvaux, qui édita les Anciens Pouillés du diocèse de Metz, R.-S. Bour, pour qui les cloches et les clochers du diocèse n’avaient plus de secrets, ou encore Lesprand, qui scruta savamment le clergé mosellan sous la Révolution. Ces prêtres, qui souvent léguèrent leur bibliothèque personnelle au séminaire, ont contribué à garnir les rayonnages actuels d’importantes collections de livres liturgiques et de catéchismes messins, ainsi que de très précieux ouvrages sur l’histoire du diocèse de Metz et aussi sur l’histoire des diocèses voisins, y compris celui de Luxembourg. Tenu par son rattachement à l’empire allemand à l’écart des querelles entourant la séparation de l’Eglise et de l’Etat, le diocèse n’eut pas à reconstituer une nouvelle fois la bibliothèque de son Grand Séminaire. Et par la suite, malgré les vicissitudes provoquées par la transformation du séminaire en hôpital militaire lors de la guerre de 14-18, puis en siège de la Gestapo et en prison lors de la guerre de 39-45, la bibliothèque du Grand Séminaire put continuer à s’enrichir. Aux ouvrages réunis grâce à une politique d’achats menée avec cohérence continuèrent à s’ajouter des dons importants.
Le dernier en date est celui du chanoine Pierre Schwenck, savant exégète du Mystère de Jésus, qui fit don au diocèse de sa riche bibliothèque. Monseigneur Paul Joseph Schmitt (1958-1987) voulut que de nouveaux locaux soient aménagés de façon à ouvrir les trésors de la bibliothèque à des lecteurs chaque jour plus nombreux, en particulier depuis la création, en 1970, du Centre Autonome d’Enseignement et de Pédagogie Religieuse. Les travaux, menés sous la direction de Monsieur l’abbé Joseph Muller, alors supérieur du Grand Séminaire, aboutirent le 29 avril 1983 à l’inauguration des locaux actuels de la bibliothèque.
Devenue en 1991 Bibliothèque diocésaine, elle se partage entre l’évêché où l’on trouve un fonds d’environ 10 000 volumes, et le Grand Séminaire qui abrite environ 110 000 volumes. L’introduction de l’informatique permet petit à petit une consultation toujours plus efficace de cet outil au service de la formation des futurs prêtres des quatre diocèses lorrains aussi bien que de la formation chrétienne. Tournée vers les sciences religieuses, la Bibliothèque diocésaine se spécialise en théologie, patristique, histoire de l’Eglise, droit canon et exégèse. Des achats réguliers – particulièrement dans le domaine des sources – viennent enrichir un fonds où l’on ne trouve pas moins de 42 incunables, 5 manuscrits antérieurs au XVe siècle – dont un évangéliaire du XIe siècle, un recueil d’hagiographie colombanienne du Xe siècle, des livres d’heures des XIIIe et XIVe siècles – et plusieurs milliers de volumes des XVIe et XVIIe siècles. Quelques statues anciennes, des reliquaires et des gravures rappellent le caractère religieux de cette bibliothèque ».
Texte rédigé par l’abbé Denis Donetzkoff,
extrait de la publication les 250 ans du Grand Séminaire Saint Simon à Metz (1745-1995).