Sainte-Jeanne Jugan du Désiremont

COMME DES DOIGTS VERS LE CIEL

Souvent je prends le temps de regarder nos édifices religieux, nos églises, notre patrimoine sur notre communauté ( déjà pour voir si tout va bien ) et aussi avec les membres des conseils de fabriques d’en prendre soin et envisager les divers entretiens.

Étant passionné par l’architecture et le patrimoine, je me mets souvent en recherche et pars à la découverte de ces grandes maisons laissées par nos aînés.

Il y a peu de temps, c’était les journées européennes du patrimoine. Et voilà ce que cela m’inspirait alors :

« Dans cette maison que tu nous as donnée, où tu accueilles le peuple qui marche vers toi, tu nous offres un signe merveilleux de ton alliance », Préface du Commun de la Dédicace.

Poussant la porte, que peut-on découvrir derrière ? Un édifice froid ? Sombre ? Une ambiance ? Quelqu’un ? Et Lui, comment est-il logé ici ? … Vous avez vécu l’expérience d’entrer dans un édifice sacré, inconnu et de vous laisser porter à la découverte. De la petite chapelle en pleine campagne – qui ne compte plus guère de fréquents passages – à la cathédrale – qui fait passer des foules aux chambranles de ses grandes portes ogivales – c’est la maison de l’Alliance.

Les yeux s’habituent aux pénombres et aux clartés. Nos narines remuent aux passages d’airs empoussiérés ou aux senteurs agrumes et florales d’un encens naturel. Un son : un bruit en écho, un craquement sec, une douce mélodie passe par le système sono ou bien les tuyaux d’étain de la tribune ronflent à pleins poumons une toccata cadencée. Ici rien ne ressemble à ce que l’on vient de quitter au dehors. Dieu tout intérieur se laisse ressentir.

Nos lieux de prières respirent le passage de générations et d’amoureux de Dieu qui y ont laissé leur cœur, leurs larmes, leurs cris et leurs silences. C’est là que nous donnons du sens au « patrimoine » : un trésor confié par « nos pères ». Le passé est bien présent, souvent transformé ou évolué, et nous ressentons encore la présence d’une foule en quête de sens et de Dieu. Mais notre présent saura-il connaître un avenir sérieux et durable ?

Comment aimons-nous nos édifices ? Sans être un lieu jalousement gardé sous clef, c’est la maison d’un peuple, la maison familiale, le lieu de la rencontre de la communauté. Ici j’écoute et ici Il m’écoute, afin que j’écoute le monde. Tout un chemin, tout un avenir. Cajolons les points de rassemblement, avec leur clocher élevé tel un doigt indiquant l’essentiel, prenant racine sur nos sols pour lever tous les hommes dans les voûtes insondables.

Loïc BONISOLI

Curé