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ERO CRAS

Un petit point culture, ça vous dit ? Vous connaissez mes attirances pour la musique et les arts en général, alors je veux vous présenter un petit trésor de notre liturgie catholique et ses richesses. Découvrons bien que rien n‘est fait au hasard ou juste pour faire beau, mais pour donner du sens, renvoyer à des symboles, tout est construit et proposé afin de nous éclairer si du moins nous avons l’envie de plonger un peu dans la signification de ces merveilles. ERO CRAS : avez-vous déjà entendu parler des 7 antiennes « Ô » de la dernière semaine du temps de l’Avent ? Non ? Alors une petite recherche internet pourra vous aider, mais je vous propose un petit résumé ici.

L’Église sanctifie les heures de la journée par divers offices que prient tous les catholiques, et non pas que les moines et religieuses : c’est un temps de prière ouvert à toutes et tous. Le soir, à Vêpres, nous chantons toujours le Magnificat de Marie. Ce cantique est précédé d’une antienne lue ou chantée, comme précédant chaque psaume de chaque office. Et durant la dernière semaine avant Noël, donc à partir du 17 décembre, les 7 offices des vêpres jusqu’au 24 nous font chanter une antienne commençant par « Ô » comme une exclamation, un ravissement devant la merveille qui doit arriver. Cette antienne est en latin ou en français mais commence toujours de la même manière, d’où l’appellation les 7 « Grandes Ô de l’Avent ». Jusque là vous suivez ?

Et durant ces 7 jours, avec 7 antiennes différentes, après chaque « Ô », la phrase continue par une louange tirée de la Bible, Ancien et Nouveau Testament compris. Et si l’on suit la tradition du texte latin, on va alors porter notre regard sur la première lettre du mot qui suit à chaque fois le « Ô ». Cela donne :

Ô Spientia quae ex ore Altissimi prodisti … / Ô Adonai et dux domu Israel … / Ô Radix Jesse qui stas in signum populorum … / Ô Clavis Daid et sceptrum … / Ô Oriens splendor lucis aeternae … / Ô Rex gentium et desideratus earum … / Ô Emmanuel Rex et legifer noster …

Prenez la première lettre de chaque mot (après le Ô) et vous obtenez … SARCORE … Bizarre, oui. Lisez à l’envers, comme si cette phrase était dite en miroir. Vous obtenez ERO CRAS, qui peut se traduire alors « je vais venir – bientôt je serai là ». Vous avez compris ? Pas bête non ?

Ce trésor liturgique nous fait découvrir, mystérieusement, et un peu comme une énigme l’avènement du Christ, qui bientôt sera là. Nous prions et chantons un patrimoine qui dissimule bien des pépites. Discrètement nous sommes conduits à Noël par des petits chemins cachés, à trouver … n’est-ce pas la volonté de Dieu que de se faire discret et de nous faire découvrir sa présence dans les petites choses, dans ce qui est sous nos yeux et que l’on ne voit pas forcément ?

Bientôt je serai là, nous dit l’enfant Jésus qui attend que l’on fasse de notre cœur une étable pour l’accueillir et lui faire une place importante. Nous entendrons bientôt qu’au soir de sa naissance il n’y avait pas de place pour l’enfant et ses parents ; saurons-nous faire de la place chez nous ? Lui qui nous dit « je viens bientôt, je serai bientôt là », comment je l’attends ? Quelle place revêt-il vraiment, à quelques jours de l’accueillir ?

Loïc BONISOLI+

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