Soutenir l'Eglise
Trouver ma paroisse
Espace Membres

Du Sens de la prière pour les défunts et par les défunts

Comme le précise la première note doctrinale du rituel des Funérailles, « on prie pour que les défunts passent avec le Christ de la mort à la vie, qu’ils soient purifiés dans leur âme et rejoignent au ciel tous les saints, dans l’attente de la résurrection des morts et la bienheureuse espérance de l’avènement du Christ. » Mais après cela ? Nous ne pouvons affirmer avec certitude ce que deviennent ceux qui nous quittent et que l’on veut accompagner le plus dignement lors des obsèques. Nous savons ce que devient la matière de notre corps, mais notre âme, notre existence, tout ce qui anime cette matière, quel devenir ? Il nous faut risquer de croire et de redire que rien n’est donné par avance : le Royaume est une promesse et Dieu nous y attend, mais quant à dire que celui-ci ou celle-ci va au paradis et l’autre non, cela ne nous appartient pas d’en décider. Il s’agit avant toute chose d’une œuvre de miséricorde divine. Cette miséricorde est accompagnée de notre prière lorsque nous confions à Dieu, aux anges, aux saints, ceux qui nous ont précédés. L’antique antienne et très belle page grégorienne du « In paradisum » nous redit notre espérance que les anges viennent chercher et accompagner notre défunt et le fassent accéder au ciel comme jadis le pauvre Lazare, mais nous ne pouvons en rien assurer que la personne est arrivée à bon port. A chaque eucharistie nous faisons mention des défunts et une demande d’intention toute particulière peut être confiée pour une ou plusieurs personnes. La messe sert aussi bien aux vivants qu’aux défunts, nous ne les oublions pas, tout comme Dieu ne les abandonne pas. En offrant cette intention au cours de la messe, nous manifestons que nous espérons en la Vie Éternelle. Mais d’aucune façon nous pouvons affirmer que cette personne défunte est entrée directement au ciel, cela relève de la tendresse de Dieu et de la Tradition de l’Église. Avouons que toute personne a connu au long de sa vie des zones d’ombre, des secrets, des moments qui sont inavoués volontairement ou involontairement et doivent être passés au feu de la Miséricorde. Dieu est bon et veut parachever son œuvre en chacun même au-delà de la mort, lorsque nous arrivons à la bienheureuse éternité et que tout nous est révélé. C’est un temps de purification et d’attente dans l’amour parfait avant que d’accéder au Royaume. C’est pourquoi nous offrons ces intentions de prière pour eux : nous espérons qu’après le jugement individuel ils sont alors dans l’attente de l’accès du Royaume. Ce jugement est « juste » et nous met face à nos manquements d’amour, nos péchés, et révèle en pleine lumière la Vérité et la sainteté de notre existence. Comme nous ne pouvons le savoir avec certitude, mais le vouloir dans la Foi, nous souhaitons que l’eucharistie et notre prière servent à les aider à accéder au paradis que Jésus promet au bon larron. Notre prière pour les défunts est utile pour ne pas que nous les oubliions, nous sentir encore proche d’eux, même s’ils sont dans une existence toute autre, mais aussi pour que, si besoin pour le salut de leur âme, nous puissions les aider à passer ce jugement et ce crible qui révèle l’amour et élimine tout péché et tout mal commis.                

Les grandes scènes des jugements derniers dans l’art nous montrent bien ce que signifie la prière pour les défunts : nous croyons à l’Amour de Dieu qui dépasse tout jugement humain. Cela Lui appartient. Nous ne pouvons qu’offrir à présent notre prière et nos intentions pour ceux qu’on a aimés et qui nous ont aimés pour qu’ils passent la porte du Royaume, lavés de toute faute, et qu’ils prennent place à la table dressée pour eux dans les cieux. Il est bon d’être très attentif aux prières et diverses oraisons prévues au rituel des funérailles chrétiennes. Les gestes que nous posons lors de ces funérailles ou bien nos attitudes devant une tombe, un columbarium ou un lieu de recueillement indiquent combien nous ne pouvons oublier ceux qui sont notre histoire. Nous croyons que Dieu seul sauve mais qu’il y a un temps pour toute chose, et que la promesse de l’immortalité est une consolation mais qui n’est pas une porte ouverte très facilement, il faut être ajusté pour passer la petite porte du ciel.

Puisque nous prions pour eux, nous sommes sûrs qu’ils intercèdent pour nous. Ne croyons pas qu’ils vont revenir sous diverses formes (souvent païennes ou inquiétantes, dignes de films d’angoisse), ils ne peuvent nous hanter ou vouloir quelconque mal car ils sont en face de la beauté de l’Amour et connaissent le visage de Dieu. Et puisqu’ils connaissent à présent la Vérité et que tout leur est révélé, ils veulent que nous soyons entièrement disponibles à l’Amour de Dieu et préparions vraiment nos cœurs à vivre cette grande rencontre au terme du pèlerinage sur la terre. Ils savent que la vie est transformée, et eux aussi continuent de prier Dieu pour nous pour que continuions cette relation avec le ciel qui est venu sur la terre : Jésus, mort et ressuscité pour nous sauver.

Loïc BONISOLI+

Article paru en novembre 2020

dans la revue diocésaine « Eglise de Metz »

Partager