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Dimanche 13 novembre

Commentaire de l’évangile du jour: « C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie » (Lc 21, 5-19)

Les textes du jour n’entrent-ils pas en résonnance avec l’actualité du moment ? Sur fond de guerre en Ukraine, de tensions en Afrique et ailleurs, les échos de la récente conférence des évêques  ont fait l’effet d’une bombe, si je me réfère aux échanges autour des publications parues sur des sites chrétiens.

 Dans la première lecture le prophète Malachie évoque un contexte de découragement des croyants vers 450 avant Jésus Christ, rappelant que le projet de Dieu d’instaurer la justice est constant au fil des âges.

Le psaume 97(98) nous transporte en pensée à la fin du monde…qui crie sa joie car le règne de Dieu est enfin arrivé !

La seconde lecture fait mémoire de la patience de notre Seigneur pour qu’aucun de nous ne se perde…

Nous aussi, croyants d’aujourd’hui, sommes dans la tourmente …certains d’entre nous sont peut-être animés par la tristesse, la colère, la révolte, le découragement, l’incompréhension…« J’ai mal à mon Eglise » disait une de mes amies religieuse. « Les  belles pierres et les exvotos du Temple…tout sera détruit »affirme Jésus à ses disciples désarçonnés. De quel Temple s’agit-il pour nous disciples du XXIème siècle ? Peut-être de l’Institution Eglise, qui peine à se réformer, dont certains rouages vétustes et défectueux induisent des dysfonctionnements graves …dont le rapport Sauvé ne semble être que la face visible de l’iceberg. Le dernier scandale révélé nous donne peut–être à réaliser que la face  enfouie  d’un iceberg, bien qu’invisible n’en est pas moins bien réelle et souvent de taille insoupçonnée.

Cependant, Jésus nous donne quelques pistes pour poursuivre la route avec Lui. « Prenez garde de ne pas vous égarer…car beaucoup viendront sous mon nom…quand vous entendrez parler de désordres divers ne soyez pas terrifiés…ce ne sera pas aussitôt la fin…des phénomènes effrayants surviendront …c’est par votre persévérance que vous garderez votre vie »

La tentation pourrait être forte de quitter le navire en plein tangage…mais n’est- ce pas en restant à bord que l’on peut espérer participer à la transformation de  la situation ?

 Jésus nous dit pour soutenir notre persévérance : « Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu ».Même si cette affirmation peut nous surprendre, n’entre-t-elle pas en résonnance avec le verset 32 du chapitre 10 de l’évangile de Matthieu ? « Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je le déclarerai pour lui devant mon Père qui est dans les cieux ».Jésus exprime ainsi sa compassion pour tous ceux qui souffrent pour l’amour de son nom.

Oui, persévérons dans nos combats, avec l’assurance que Jésus marche avec nous dans les fracas du monde et de nos vies.

A quelques jours de la fête de la Dédicace de la basilique du Latran, « cathédrale du Pape », successeur de l’apôtre Pierre, pierre vivante  sur laquelle le Christ a bâti Son église, n’oublions pas que cette dernière est un symbole dont les baptisés sont les pierres vivantes .Nous sommes chacune et chacun, temple de Dieu et l’Esprit habite en nous (1 corinthiens3, 16).Restons animés du courage et de l’audace des bâtisseurs.

« Veillez et priez » nous dit Jésus…alors Seigneur, nous te confions  toutes les victimes innocentes, les prêtres qui restent des témoins vivants de l’Evangile, tous les croyants blessés dans leur foi. Envoie ton Esprit Saint pour inviter nos évêques et la curie romaine à contempler les failles de l’Institution dont ils sont les prétendument garants afin de réformer ce qui mérite de l’être, sans souci  de sauvegarde des apparences. Envoie ton Esprit de Vie pour espérer retisser des liens de confiance au cœur du peuple de fidèles.

Danielle SCHUCK


Samedi 12 novembre

Commentaire de la première lecture : « Nous devons apporter notre soutien aux frères pour être des collaborateurs de la vérité » (3 Jn 5-8)


« Bien-aimé, tu agis fidèlement dans ce que tu fais pour les frères, et particulièrement pour des étrangers. »

Comment ne pas mettre en lien cette phrase de saint Jean avec l’actualité ? Le navire humanitaire Ocean Viking a en effet débarqué vendredi, au port militaire de Toulon, 230 migrants secourus en Méditerranée. Des hommes, des femmes, des enfants qui ont erré pendant 3 semaines en mer avant d’être enfin accueillis. Cela suscite des réactions différentes parmi nos concitoyens. Pour certains cet accueil est « normal », alors que d’autres « crient au scandale ».

« Tu agis fidèlement dans ce que tu fais pour les frères, dit saint Jean à Gaïos, et particulièrement pour des étrangers .»

Saint Jean parle de l’accueil de « frères ». Ces migrants sont des fils de Dieu, comme nous, et ont besoin d’aide, de secours, besoin d’être « accueillis, vêtus, nourris » et davantage encore. Besoin que soit respectée leur humanité, leur dignité. Comment ne pas entendre le Christ nous dire « chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » Oui, aujourd’hui encore, la Parole de Dieu est vivante et nous interpelle. Les migrants, mais également les pauvres, les malades, les petits, sont nos frères. Et en chacun d’eux vit le Christ. Quelle réponse donnons-nous à leurs appels, à leur détresse ? Quelle réponse puis-je donner, à qui ? Vers qui le Seigneur m’envoie-t-il pour LE servir ?

Françoise Fuchs


Vendredi 11 novembre

Commentaire de l’évangile du jour: « Le jour où le Fils de l’homme se révélera » (Lc 17, 26-37)

A la lecture de l’Évangile du jour, plusieurs éléments nous invitent à la réflexion.

Dans un premier temps, les références à l’Ancien Testament « comme cela s’est passé dans les jours de Noé (…) Il en était de même dans les jours de Loth (…) » avec la description des comportements des Hommes peuvent nous évoquer la partie insouciante de l’être humain. A deux reprises l’accent est mis sur les attitudes : « on mangeait, on buvait (…) ». On constate que tout un chacun vit dans l’instant présent sans se soucier de ce qu’il va ou peut advenir.

Ainsi, nous avons pris un instant afin de nous interroger sur notre propre comportement au quotidien : Est-ce que nous vivons dans l’instant présent ? Comment vivons-nous cet instant ? Quelles sont nos attitudes vis-à-vis de nos camarades de classes, de nos connaissances, de nos collègues ? Comment nous comportons-nous dans la sphère familiale ?

Nous avons poursuivis notre réflexion sur la finalité des deux situations : « Noé entra dans l’Arche et où survint le déluge qui les fit tous périr (…) le jour om Loth sortit de Sodome, du ciel tomba une pluie de feu et de souffre qui les fit tous périr (…) ».

Dans les deux situations citées, la finalité est dramatique et nous a interrogé sur notre prise de conscience de nos actions et de leur conséquences immédiates tout comme à venir.

Comment nous projetons nous dans l’avenir ? Pensons nous que nos actions sont bonnes ? Envisageons nous de modifier notre comportement ? Comment partageons nous notre Foi en notre Seigneur ? Par moments est-ce que nous nous reconnaissons dans l’attitude de la femme de Loth qui fut transformée en statue de sel pour n’avoir pas observée une recommandation ?

Les évolutions intellectuelles, technologiques et scientifiques nous permettent d’élargir notre champs de SAVOIR, SAVOIR ETRE et SAVOIR FAIRE. Il semble de ce fait important de réajuster régulièrement notre attitude par rapport à tous ces éléments extérieurs, les tentations et notre Foi.

Ayons confiance en notre Seigneur pour qu’il nous guide sur le chemin.

Natalia


Jeudi 10 novembre

Commentaire de l’évangile du jour :« Le règne de Dieu est au milieu de vous » (Lc 17, 20-25)

« voici que le règne de Dieu est au milieu de vous ». Au milieu de ces textes apocalyptiques, c’est à dire de révélation de Dieu, alors que Jésus nous parle de la fin des temps, des malheurs qui doivent arriver, il y a cette phrase lumineuse… Le règne de Dieu est au milieu de nous. On continue à le chercher ailleurs, dans des paradis artificiels il y a 50 ans, dans une écologie auto-centrée aujourd’hui, dans une pureté dont personne n’est témoin, mais on cherche, et on refuse de le voir là, ici, maintenant. En effet, on cherche le lieu et le moment idéal. « The good place » pour reprendre le titre d’une série qui parlait du paradis…

Mais Jésus est né dans une étable, dans un pays occupé, avec un tyran qui faisait décapiter les enfants pour protéger sa place. Il est né à une époque où le lait n’était pas stérilisé, où l’on utilisait les animaux pour le transport… Dieu n’a pas attendu de venir dans un lieu idéal, à l’époque rêvée. Il est venu « sauver le monde », preuve que tout n’allait pas aussi bien… Du coup, chercher Dieu, chercher son règne, c’est accepter de se salir les mains en allant au contact de ces tristes réalités qui sont notre quotidien. Pour y trouver, enfouie, la joie de que Dieu apporte, pour transformer ce monde et y mettre l’amour… C’est ça le règne de Dieu, celui que nous accueillons, et pour lequel nous continuons, inlassablement, de travailler et de hâter la venue…

Stéphane Jourdain


Mercredi 9 novembre

Commentaire de l‘évangile du jour: « Il parlait du sanctuaire de son corps » (Jn 2, 13-22)

L’évangile de ce jour nous donne à lire le fameux épisode de la colère de Jésus. C’est un texte qui fait toujours réagir et si je demandais à mes enfants de me citer des passages de l’évangile, je ne serais pas étonnée de les entendre me parler de cette scène où Jésus montre sa force. Cela peut même faire dire à certains que Jésus n’a rien d’un saint. Reconnaissons que c’est un épisode qui interroge. Comment le Christ, prince de paix et d’amour, peut-il faire montre de colère ? Sa réaction est-elle légitime ? Et d’ailleurs, signe que nous avons l’esprit parfois mal placé, ne sommes-nous pas prompts nous aussi à nous questionner sur la nature du Christ agneau sans péché et sans tache plutôt que de nous questionner sur les raisons de sa colère ?

On peut s’étonner de cette violence verbale et physique : Jésus fabrique un fouet avec des cordes pour chasser les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, ainsi que les changeurs ; il jette par terre la monnaie et renverse les comptoirs. Mais la colère du Christ n’est pas de la nature de celle qui nous envahit quand nous ne nous maitrisons plus.

Regardons la situation : les marchands et les changeurs effectuent très naturellement leur commerce pour que les fidèles puissent acheter les animaux utiles aux sacrifices. Le Christ arrivant, il met littéralement à terre ces outils et objets d’un commerce avec Dieu, et efface d’un revers de main une démarche cultuelle de rites sacrificiels : « Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce ». Et Jésus, comme signe justifiant son geste, de dire : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai ».

L’évangéliste nous donne la clé de lecture de cette parole de Jésus, qui annonce déjà sa mort et sa résurrection, signe qui ne pourra être reçu et compris par les disciples que plus tard.

Jésus, avant même sa résurrection, se présente comme le nouveau sanctuaire, lieu de la rencontre avec Dieu son père. Sa colère n’est pas un accès de fureur, ou un excès de tempérament. Son geste n’est pas excédé ou excessif : il est simplement révolutionnaire et ne peut être compris que comme un geste fou ! Suffit les sacrifices ! Jésus donnera sa vie pour nous comme ultime sacrifice pour le pardon de nos fautes, non pas comme un don désespéré et perdu, mais partageant notre condition d’homme jusque dans la souffrance extrême de la chair, subissant les accusations et les crachats de l’homme, il mourra sur la croix tout en offrant son pardon. Plus encore, il resuscitera. Par lui, avec lui et en lui, nous avons accès à la vie éternelle.

2000 ans se sont écoulés, Jésus est mort et ressuscité, et contrairement aux disciplines qui ignorent encore à cet endroit de l’évangile que le Fils de Dieu va mourir et ressusciter, nous avons reçu le témoignage des apôtres, qui ont vu et entendu, et qui ont crus. Nous arrive-t-il de nous rendre dans le temple, dans le sanctuaire qu’est le Christ ? Nul besoin des murs d’une église pour cela : Dieu fait sa demeure en nous. Nul n’est besoin des murs, enfin pas tout à fait ! Nous avons besoin de l’eucharistie qui, parce qu’elle est la présence réelle de Jésus, est un lieu où nous rencontrons en vérité le Christ Jésus. Allons ardemment communier et ne manquons jamais ce rendez-vous avec le Christ quand il nous est proposé ! Et si je n’ai pas encore communié, peut-être suis-je appelé à me préparer à ce merveilleux sacrement?  Peut-être aujourd’hui puis-je inviter un proche, un petit-fils ou une petite-fille, un frère ou une soeur, à m’engager vers ce sacrement?

C’est dans le cœur sacré de Jésus que nous trouvons la source du pardon, la paix et la joie intérieure ; c’est dans son sanctuaire que notre foi s’affermit, que notre amour se purifie et se renouvelle, et que notre espérance trouve sa source.

Héloïse Parent


Mardi 8 novembre

Commentaire de la lecture du jour: « Vivons avec justice et piété, attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ » (Tt 2, 1-8.11-14)

La -courte- lettre à Tite est parcourue par la liturgie cette semaine. Elle est divisée en trois parties, et nous lisons aujourd’hui le morceau central. Je mentionne en passant qu’il y a débat parmi les commentateurs sur l’auteur de cette épître ainsi que sur l’auteur des lettres adressées à Timothée : saint Paul, ou un autre auteur du premier siècle, fortement inspiré par les écrits pauliniens ? Tite se trouve en Crète, et il a pour mission de « finir de tout organiser » – sous-entendu, de parachever l’organisation de l’Eglise primitive. L’auteur – disons saint Paul, pour simplifier – adresse aux Crétois un code de bonne conduite chrétienne, détaillé en fonction de l’état de vie de chacun : homme âgé, femme âgée, jeune femme, jeune. Il met l’accent sur la vertu de l’exemple et incite Tite à être un modèle par sa façon d’agir, par son enseignement, par la solidité de son discours.

Par curiosité, je suis allée lire dans ma Bible le texte intégral de la lettre à Tite, et j’ai découvert que les versets 9 et 10, qui concernent les esclaves chrétiens, sont omis de la lecture publique. Je ne peux m’empêcher de me demander si cette omission est récente. Est-ce pour éviter le sujet hautement polémique de la position de l’Eglise sur la question de l’esclavage ? Peut-être. Je me demande si les versets 4 et 5 concernant les jeunes femmes, qui doivent aimer mari et enfants, être raisonnables et pures, bonnes maîtresses de maison, aimables et soumises à leur mari, vont un jour passer à la trappe – en même temps que l’autre femme soumise, celle des Ephésiens ? Faut-il céder à la cancel culture ?

J’essaie d’imaginer comment épurer notre texte du jour, afin de ne plus perpétuer une culture raciste, sexiste, ignorante des populations opprimées. Nous pourrions alors conserver les versets 11 à 14, qui suffisent pour donner une feuille de route au peuple chrétien attendant l’avènement de Jésus : un peuple qui a renoncé à l’impiété et aux convoitises, qui vit dans le temps présent de manière raisonnable avec justice et piété mais qui est également ardent à faire le bien. Le programme est suffisamment détaillé et exigeant pour alimenter la réflexion et occuper toute une vie. Sommes-nous d’accord pour réduire ainsi le texte de saint Paul ?

Eh bien, je dois dire que cela me chagrinerait beaucoup, en dépit de mes tendances féministes. Il me semble qu’en supprimant toutes ces références à la vie quotidienne, nous perdrions la saveur du texte qui à la fois nous introduit dans la vie de ces premiers chrétiens et nous rejoint dans notre existence actuelle – cette saveur qui touche les lecteurs de la Bible depuis des siècles. Il serait tellement dommage que plus personne ne médite pendant la messe sur l’ivrognerie des femmes crétoises âgées !

Marie Julie Leheup


Lundi 7 novembre

Commentaire de la lecture du jour: « Si sept fois par jour ton frère revient à toi en disant : “Je me repens”, tu lui pardonneras » (Lc 17, 1-6)

Quels sont les scandales et les occasions de chutes évoqués par Jésus ? Qu’est-ce que faire trébucher les faibles en plaçant des pièges sur leur chemin ? Suis-je concerné par cette mise en garde ?

Certainement lorsque je m’écarte des voies du Seigneur et me détourne du chemin de Vie. Pour y remédier, Jésus me demande de sacrifier certaines de mes idées et de mes actions, en leur attachant au cou une meule en pierre que l’on précipite à la mer.

Saint Paul aussi nous avertit : Prenez garde que l’usage de votre droit ne soit une occasion de chute pour les faibles. (1 Co 8, 9). L’attention au petit et au fragile doit être privilégiée dans tous nos comportements. Nos choix et nos paroles sont-ils toujours guidés par le même souci ? Veillons-nous à ne dire à l’autre, que nous savons fragile, uniquement ce qu’il est capable de porter et d’entendre ? Nous efforçons-nous de faire entrer dans une meilleure connaissance du Christ, ceux qui par ignorance, le critiquent ou le dédaignent ? Pécher contre ses frères et les petits, c’est pécher contre le Christ lui-même, nous rappelle Paul. Nous connaissons la parole de Jésus : Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. (Mt 25, 40). Puisse notre foi, que nous avons reçu comme un cadeau par le Père, nous pousse à nous sentir encore plus responsables de nos frères éloignés du Christ.

Après ces mises en gardes, le Seigneur nous invite à pardonner : s’il se repent, pardonne-lui. Nous prions dans le Notre Père : Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. En remettant nos dettes à nos débiteurs et en leur pardonnant leurs péchés, nous accomplissons la première partie de cette prière : Que ta volonté soit faite.

Il est important pour Dieu que règne la paix dans nos cœurs et qu’il n’y ait plus d’inimitié en chacun de ses enfants. Dieu est prêt à tout pardonner, si nous pardonnons à nos frères car celui qui prétend aimer Dieu et qui n’aime pas son frère est un menteur (1 Jn 4,20).

Lorsque nous ignorons le don de Dieu, Jésus nous invite à demander pardon à notre Père qui nous a tout donné et continue à nous donner sans compter. Karl Barth, théologien protestant affirme : Nous sommes les débiteurs de Dieu. Nous lui devons tout simplement notre personne dans sa totalité.

Or, chacun sait combien il est difficile de nous reconnaître débiteurs, de confesser nos pêchés et de demander pardon. Nous avons souvent tendance à nous justifier et à reporter sur nos frères la responsabilité de notre chute. Comme Adam et Eve, nous disons : ce n’est pas moi (Gn 3, 12-13). Nous accumulons les perpétuelles excuses pour légitimer les faiblesses de nos comportements. Cette justification devient un obstacle à notre cheminement spirituel et à notre guérison.

Pardonner ne signifie pas consentir à ce qui me détruit. C’est reconnaître que le pêcheur, qui m’a blessé, n’est pas uniquement ce qu’il m’a fait. Souvent mon frère me révèle une violence, un mensonge ou une perversité que je refuse de voir en moi-même. C’est ce qu’Etty Hillesum exprime avant de mourir : Je ne vois pas d’autre solution que de rentrer en soi-même et d’extirper de son âme toute cette pourriture. Je ne crois pas que nous puissions corriger quoi que ce soit dans le monde extérieur, que nous n’ayons d’abord corrigé en nous-même. L’unique leçon de cette guerre, c’est de nous avoir appris à chercher en nous-mêmes et pas ailleurs *.

Jésus nous invite alors à entrer dans la démarche de conversion de l’enfant prodigue (Lc 15,11-32) en dette d’amour par rapport au Père.

Créé à l’image de Dieu, le fils prodigue est riche de dons. Mais comme Adam, il a voulu prendre la place du Père en souillant le sceau que Dieu a imprimé sur lui. Comme le fils prodigue, nous avons parfois tendance à nous égarer en nous réalisant à l’extérieur, sans tenir compte des besoins vitaux de notre intériorité, c’est-à-dire la réalisation de notre personne, réelle et véritable, hors de laquelle nous ne sommes que des images de nous-mêmes.

Coupé de la présence divine, le fils prodigue devient triste et affamé. Au fond du trou, il se souvient de l’amour du Père, puis choisit la vie et le chemin du retour, autrement dit la conversion. Si nous retournons vers le Père avec un cœur plein de repentir, Dieu nous pardonne sans condition. Si mes pêchés sont comme l’écarlate qu’ils deviennent blancs comme la neige. (Is 1,18).

Le Père qui l’attend de loin l’aperçoit et court à sa rencontre pour l’embrasser. Il le fait revêtir du plus beau vêtement (Lc 15, 22) pour en faire un homme nouveau. Il lui met ensuite une bague au doigt, signe d’une alliance nouvelle. Puis il prépare un festin pour symboliser le banquet nuptial.

Les deux derniers versets de l’évangile soulignent que la foi donne une force immense dans cette démarche de pardon et rend tout possible, même l’impossible, comme cet arbre qui obéit et va se planter dans la mer !

Hugues Duwig

* Extrait d’Une vie bouleversée, Ed. Albin Michel


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