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Vendredi 10 mars

Commentaire de l’évangile du jour: « Voici l’héritier : venez ! tuons-le ! » (Mt 21, 33-43.45-46)

La vigne du Seigneur, c’est une image bien connue de l’ancien Testament. Le prophète Isaïe l’a si bien dit : La Vigne du Seigneur, c’est le Peuple d’Israël. Dieu la chérit comme tout bon vigneron. Il la cultive pour qu’elle donne de bons fruits. Il en attendait la droiture, voici du sang versé ; La justice, et voici le cri de détresse. 

Jésus reprend cette image mais en l’élargissant, car pour lui, désormais la Vigne du Seigneur c’est l’humanité toute entière et le Peuple de l’Alliance est décrit comme le vigneron.

Ce n’est plus à la vigne que l’on reproche de ne pas donner de bons fruits, c’est aux vignerons que l’on reproche de ne pas rendre au propriétaire de la vigne les fruits qu’elle produit.

Ils ont tué les prophètes envoyés par Dieu, ils tueront le Fils de Dieu lui-même. La parabole est claire pour nous qui connaissons la mort et la résurrection de Jésus.

Par contre  Jésus leur dit : Le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits.

Là, nous sommes concernés. La nation qui fera donner du fruit à la Vigne du Seigneur (à l’humanité toute entière), c’est nous, les chrétiens. Mesurons donc la responsabilité qui nous échoit désormais !

Abbé Francis DE BACKER


Mercredi 8 mars

Commentaire de l’évangile du jour: « Ils le condamneront à mort » (Mt 20, 17-28)

Une nouvelle fois, nous voyons dans l’évangile de Matthieu Jésus réorienter l’attitude des hommes trop terre à terre. Deux moments marquent l’épisode de ce jour, que nous pouvons regarder pour ce qu’ils nous révèlent de Jésus, deux moments qui s’éclairent l’un l’autre. Alors que Jésus monte à Jérusalem accompagné des douze disciples, le voilà qui annonce sa condamnation, sa mort et sa résurrection. Le Fils de l’homme sera livré (… ) ils le livreront aux nations païennes pour qu’elles le crucifient ; le troisième jour, il ressuscitera. » Premier temps marquant de cette marche vers Jérusalem, qui n’aura sans doute pas laissé de marbre les disciples qui ont tous cru en Jésus Sauveur, Fils de Dieu et l’ont suivi. On peut essayer d’imaginer leurs réactions en entendant Jésus leur annoncer sa mort et sa résurrection. Mais ce n’est pas sur leur réaction que s’arrête l’évangéliste mais sur celle de la mère de Jacques et Jean : second moment. Elle demande à Jésus d’ordonner que ses deux fils siègent à sa droite et à sa gauche. Que pourrions-nous reprocher à cette mère ? N’est-ce pas là un témoignage d’amour pour ses deux fils, souhaitant que ses fils restent attachés au Christ et siègent dans son Royaume ? Comment lui adresser des reproches alors que sa demande est motivée par une foi en Jésus, et une foi en sa résurrection ? Mais s’il lui est donné de considérer la fin (ou plutôt l’éternité !), elle en oublie de penser au moyen !  Et Jésus est prompt à le rappeler : « celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur ». En somme, si vous voulez une place auprès de Dieu, servez-le en servant vos frères ! Mais ce n’est pas tout. A la vision tout ambitieuse  de la vie éternelle souhaitée par la mère pour ses fils (siéger à la droite et la gauche du Christ), Jésus oppose un chemin d’humilité et de sacrifice, dont il ouvrira la voie : « le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude ». Il ne s’agit donc pas de demander une place de choix, considérant qu’une place auprès de Dieu serait un droit, ou le privilège de certains et le seul fait de la magnanimité du Seigneur. Non : le Royaume de Dieu est à construire dès ici-bas. La vie éternelle ne doit pas être un idéal que je contemplerais pour ma personne, et qui m’arracherait aux problématiques du monde. Dieu m’attend d’ores et déjà, maintenant, dans la vie qui est la mienne, et compte sur moi. Le service de mon prochain (un parent, un enfant, un collègue, un voisin, un paroissien, un inconnu dans la détresse), à l’image du Christ qui donne sa vie, est urgent, et d’actualité, tout autant que le don du Christ est d’actualité dans l’évangile de ce jour : « le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir ». Si Jésus nous ouvre la voie de la vie éternelle, il ne nous demande pas de vivre béatement dans l’attente d’un futur mais il vient pour, dès aujourd’hui, changer nos vies.

Héloïse Parent


Mardi 7 mars

Commentaire du psaume du jour: À celui qui veille sur sa conduite, je ferai voir le salut de Dieu.

La liturgie nous propose aujourd’hui une version condensée du psaume 49. Dans la version originale, après quelques versets mettant en place, d’un côté « le Dieu des dieux, le Seigneur » et de l’autre les « fidèles, eux qui scellent d’un sacrifice (l’) alliance », se déploie une mise au point sur la question des sacrifices – nous venons de lire l’essentiel du discours.

Je l’avoue : je ne suis pas très au point sur les sacrifices dans l’Ancien Testament. Quelques recherches sur ce thème m’ont dirigée sur des sites plus au moins sérieux qui m’ont permis cependant de comprendre ceci : différents types de sacrifices existaient, qui n’avaient pas tous la même signification, et pour lesquels on utilisait du matériel sacrificiel différent. Par exemple, les holocaustes, dont il est question dans le psaume, consistent en l’immolation d’un taureau ou d’un bélier, qui est entièrement brûlé. Ce n’est pas le sacrifice plébiscité ici.

L’entrée « action de grâce » dans mon moteur de recherche m’a mis en lien avec le  site Église catholique en France, édité par la conférence des évêques de France, plus sérieux que les sites consultés précédemment, et sur lequel j’ai trouvé cette définition : attitude de reconnaissance envers Dieu – l’homme « comblé de toutes sortes de bénédictions spirituelles dans le Christ » reconnaît de quel amour il est aimé de Dieu et l’en remercie.

En ajoutant la notion de sacrifice, voici ce que Wikipédia me répond (c’est authentique) : l’Eucharistie est un sacrifice d’action de grâce au Père, une bénédiction par laquelle l’Église exprime sa reconnaissance à Dieu pour tous ses bienfaits, pour tout ce qu’il a accompli par la création, la rédemption et la sanctification (à vrai dire, Wikipédia n’invente rien : c’est tiré du Catéchisme de l’Église Catholique).

Mes sentiments, à l’issue de cette plongée dans internet, sont mitigés.

Je suis ravie d’être, en quelque sorte, retombée sur mes pattes, et d’avoir trouvé le lien entre Ancien et Nouveau Testament. La réponse trouvée dans le CEC est limpide ; en même temps elle était un peu attendue et espérée. Oui, intuitivement, à la lecture du psaume 49, nous avions tous pensé au mémorial du sacrifice de Jésus.

Mais je suis également un peu frustrée d’avoir si rapidement abandonné les subtilités des sacrifices à base de victimes animales, entièrement consumées ou partagées entre les personnes présentes, découpées d’une certaine façon, disposées sur l’autel selon des rites compliqués – sans parler des sacrifices à base de fruits de la terre (vin, blé, huile, etc) ! Toutes sortes d’appellation sont employées, et il n’est pas facile de faire la part des choses entre l’holocauste, le sacrifice de communion, le sacrifice d’expiation et celui de culpabilité – et je ne vous parle pas des références étymologiques en hébreu ! Il me semble avoir néanmoins compris que le sacrifice d’action de grâce, dans la tradition juive, était constitué d’une offrande animale dont une partie était offerte sur l’autel, une partie réservée aux prêtres, et le reste était consommé près du sanctuaire par les personnes qui offraient le sacrifice.

Nous voici donc doublement, tels des chats, retombés sur nos pattes. Il nous est maintenant aisé de faire le lien entre l’animal sacrifié et le Christ-Hostie, le sacrifice offert et consommé à la fois par le prêtre et par l’assemblée et le rite communion.

Que pouvons-nous déduire de ce psaume en ce temps bien particulier de Carême ? Eh bien, que notre participation à l’Eucharistie est ce que Dieu attend prioritairement de nous. Soyons fidèle au rendez-vous dominical, voire quotidien. Mettons tout en œuvre pour ne pas le manquer. Mais ne négligeons pas pour autant nos holocaustes personnels, ces petits sacrifices auxquels nous consentons en ce temps de pénitence. « Je ne t’accuse pas pour tes sacrifices ; tes holocaustes sont toujours devant moi », dit le Seigneur. Nos holocaustes n’apportent rien au Seigneur ; ils n’ont de prix qu’à nos yeux – mais ils sont signes de notre volonté de toujours nous rapprocher de Dieu.

Marie Julie Leheup


Lundi 6 mars

Commentaire de l’évangile du jour : « Pardonnez, et vous serez pardonnés » (Lc 6, 36-38)

Dans le récit précédent (Lc 6,35), Jésus demandait à ses disciples d’aimer ses ennemis, en adoptant un comportement nouveau, qui n’est plus fondé sur la réciprocité naturelle, mais sur le don gratuit. Jésus ajoute aujourd’hui les préceptes suivants : Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés (…) Pardonnez et vous serez pardonnés.

Jugement et pardon. Qu’est-ce-que juger ? Décider comme un arbitre et rendre une sentence. Le jugement désigne une appréciation qui peut être une approbation ou une condamnation. Issu du latin judicem (jus : droit et dicere : dire), le juge montre le droit par la parole.

Dans la Genèse, Dieu interdit à Adam de manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal.                   Peut-être est-ce une façon pour Dieu de lui interdire de juger ? Lorsque nous jugeons, nous prenons la place             de Dieu, qui sonde les reins et les cœurs. Seul Dieu a la possibilité de juger car il est le seul à connaître le fond des consciences Ils sont vrais, ils sont justes, ses jugements (Ap 19, 2). Lorsque Jésus rencontre la femme adultère (Jn 8, 1-11), son regard ne se limite pas à ses actes. Il voit d’abord une femme cherchant l’amour. Elle ne l’a trouvé ni chez son conjoint, ni chez ses amants. Si les pharisiens la jugent, Jésus fait preuve de miséricorde. Il la relève en affirmant : Moi non plus je ne te condamne pas. Il ne l’encourage pas pour autant à récidiver, mais ne l’enferme pas non plus dans ses actes.

Les hommes ne jugent pas comme le ferait le Seigneur car ils ne connaissent ni leurs secrets, ni leurs véritables intentions. Celui qui critique les défauts de son frère est souvent aveugle s’il n’est pas conscient de ses propres défauts. Il doit d’abord guérir son regard avant d’aider les autres à voir clair. Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? (Mt 7,3)

Ne pas juger donc, et pardonner. Qu’il est difficile de pardonner ! Pardonner aux autres d’abord l’injustice, la violence, la tromperie, la trahison, l’abandon, la calomnie. Pardonner à soi-même ensuite, un échec, une lâcheté, une maladresse, une injustice. Certaines maladies puisent leurs racines dans la culpabilité. Après avoir jugé les autres, voilà que nous nous jugeons nous-mêmes !

Puissions-nous nous libérer de notre propre jugement, et de celui des autres, pour nous mettre en présence                 du seul jugement juste, celui de Dieu. Accorde-toi promptement avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui, de peur qu’il ne te livre au juge (Mt 5, 25). Nous pourrions assimiler cet adversaire à notre conscience et comprendre : Mets-toi d’accord avec ta conscience. A l’instant où nous faisons la paix avec notre conscience, nous échappons aux jugements de nous-même, et des autres, jugements qui puisent leur force dans notre vanité. En prêtant l’oreille à notre conscience, nous prenons le chemin, d’un pas plus léger, vers Celui qui nous apparaît d’abord comme notre juge, mais qui se révèle ensuite comme notre Sauveur et notre Père. C’est le beau chemin de conversion que prend le fils prodigue en retournant vers son père qui exulte et invite à festoyer et à se réjouir car ton frère que voici était mort et il est vivant, il était perdu et il est retrouvé (Lc 15,32).

Hugues Duwig


Dimanche 5 mars

Commentaire de la lecture du jour: Vocation d’Abraham, père du peuple de Dieu (Gn 12, 1-4a)

À l’aube de l’histoire de la Révélation, notre père dans la foi, Abraham, expérimente la venue de Dieu dans l’histoire des hommes à travers cette invitation qu’il lui fait de quitter son pays pour aller ailleurs où il sera béni par le Seigneur non seulement lui-même, mais à travers lui tous les hommes.
C’est en prenant conscience de ce mouvement, et de son but universel, que nous désignons légitimement Abraham comme le Père des croyants.
Cette figure exemplaire d’Abraham nous indique ainsi les cheminements que nous avons nous aussi à emprunter pour devenir de véritables fils de ce premier croyant, de celui qui fait confiance sans préalable.
Voici qu’un homme bien établi et reconnu se laisse entraîner dans une aventure pour le moins incertaine, et s’il s’y engage ce n’est que sur une parole. Humainement, il y aurait de quoi penser que cet homme verse dans la déraison. Seul son titre de croyant, c’est-à-dire celui qui identifie cette parole comme émanant de celui qui ne peut que susciter la confiance (la foi) permet de comprendre l’attitude d’Abraham.
Puisque cette parole, il l’identifie comme émanant du Seigneur, c’est qu’elle est La Parole, qui ne peut appeler que sa confiance. Par sa réponse confiante où il met en œuvre l’invitation que lui fait le Seigneur, Abraham ouvre le champ de l’accomplissement de la promesse que lui fait le Seigneur qui n’est autre que de recevoir sa bénédiction pour lui et à travers lui pour tous les hommes.
Si l’initiative provient de l’action gratuite de Dieu, la réponse par son engagement confiant permet à Abraham d’entrer dans le projet que Dieu veut déployer pour l’humanité : le mener vers le lieu où il accomplira sa promesse qui est de le bénir et de bénir toutes les familles.
Osons nous aussi risquer l’aventure de quitter nos lieux pour répondre à la proposition du Seigneur en nous mettant en route, c’est ainsi que nous accueillerons ce qu’il nous offre : sa bénédiction, et une bénédiction allant au-delà de nos seuls besoins.

 

Abbé Pierre Guerigen

Samedi 4 mars

Commentaire de l’évangile du jour: Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait (Mt 5, 43-48)

Où en sommes – nous de nos résolutions de la nouvelle année ? Deux mois ont passé, et quel bilan pouvons – nous dresser de nos bonnes intentions formulées dans l’euphorie du 1er janvier ? Euh… les miennes ont bien fondu…peut-être étaient-elles inadaptées ou trop ambitieuses ?  Tant mieux si certaines personnes réussissent par ce biais à rééquilibrer leur vie quotidienne.

Nous voilà à présent au début du temps du Carême, autre période de commencement et de décision. Quels efforts avons – nous choisis pour progresser dans notre vie spirituelle ? Une plus grande attention à nos proches ? Une vie de prière intérieure plus régulière ? Un effort de partage plus conséquent ? Nous n’avons que l’embarras du choix, même de faire de toutes petites choses si notre situation de santé ou financière est difficile. Et si nous manquons malgré tout d’idées, les textes du jour nous proposent quelques exemples : marcher en hommes et femmes intègres dans les voies du Seigneur, garder ses exigences et Le chercher de tout cœur, affermir nos voies, avoir un cœur droit et se laisser instruire (Psaume 118). Si nous faisons déjà tout cela, l’Evangile nous place alors la barre à une hauteur vertigineuse: aimez vos ennemis et prier pour ceux qui nous persécutentQuoi ?? Mais est-ce seulement possible ? avons-nous envie de récriminer immédiatement. Et comment faire ? Accepter déjà que « le soleil se lève sur les méchants comme les bons et que la pluie tombe sur les justes et les injustes ». Par cette image, le Christ nous encourage à la patience, à l’acceptation que dans la vie, nous sommes entourés de gens qui ne nous intéressent pas ou se comportent mal, abîment ce qui nous est cher, ont une personnalité difficile, ne prennent pas soin des relations, etc…Avec eux aussi, le Seigneur est patient ; les rejeter, nous en sommes capables, c’est facile, et les « païens », ceux qui ne marchent pas à la suite du Christ, en font tout autant. En revanche, supporter ceux qui nous sont pénibles, c’est déjà un acte de charité, nous rappelle le Pape François.

Le Christ nous appelle à être « parfaits », comme le Père céleste, et comme Lui-même. Mais sa « perfection » est un chemin, une voie dynamique, une recherche qui nous engage entièrement,  plutôt qu’un état définitif, statique et déconnecté de la réalité, ou, pire, une attitude de suffisance. C’est le message porté par le passage du Deutéronome : tu suivras ses chemins, tu garderas ses décrets, ses commandements et ses ordonnances, tu veilleras à les mettre en pratique, tu écouteras sa voix. La voix du Christ, justement, elle résonne à travers l’appel de l’Eglise au mercredi des Cendres : « Convertissez-vous et croyez à la bonne nouvelle ». Le Carême est un chemin de conversion personnel à chacun, parfois modeste, pas toujours en ligne droite, mais sur lequel nous ne marchons pas seuls : Il nous donne la main – pour que nous la tendions à d’autres.

                                                                                               Elisabeth Seyve


Jeudi 2 mars

Commentaire de l’évangile du jour: « Quiconque demande reçoit » (Mt 7, 7-12)

Le texte d’évangile de ce jour est d’une logique implacable : demandez, on vous donnera. En effet, si je ne demande pas, je n’obtiens rien, ou du moins pas forcément ce dont j’ai besoin. Il en est de même quand nous cherchons : pour trouver ce que nous avons perdu ou ce qui nous manque, il faut se mettre en quête. « Quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; à qui frappe, on ouvrira. » L’évangéliste Matthieu présente les choses de façon claire et catégorique ; il ne pose aucune condition à ce que l’acte du quêteur soit prolongé par l’acte du donneur. Cela étant, notre expérience quotidienne pourrait démentir en partie cette certitude de l’évangéliste car il est commun de se voir refuser une demande, même justifiée, et les mendiants font souvent l’expérience de l’indifférence du passant.

Mais l’objectif de l’évangéliste n’est certainement pas de nous faire adhérer à la certitude d’une bienveillance et d’une charité parfaite, sans condition et sans limite de la part de l’homme, car il n’est pas tant question en premier lieu du rapport entre l’homme et son prochain que du rapport entre Dieu et l’homme : « combien plus votre Père qui est aux cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent ! ». L’évangéliste nous expose ce que doit être notre relation à Dieu. Il ne s’agit pas d’une relation unilatérale, au sens où seul Dieu serait à la manœuvre, agirait envers l’homme, tel un deus ex machina qui agirait dans nos vies sans notre participation, et nous, nous serions de simples pantins, qui en subirions les effets ou les bénéfices. Tout don reçu ne peut pas être une grâce si nous la recevons dans la passivité ; toute grâce reçue est transformante et doit nous mettre en action, nous pousser en dehors de nous- mêmes ; alors nous agissons non plus seulement pour nous mais pour les autres et pour Dieu.  Notre relation à Dieu n’est pas non plus le fruit de la seule action de l’homme qui s’épuiserait à supplier le Seigneur de répondre à ses prières sans jamais rien recevoir en retour. Notre Dieu, trinitaire, se révèle dans la bible comme un Dieu de relation ; il est amour, il se donne en même temps qu’il nous reçoit tels que nous sommes. Mais Dieu ne peut nous donner son amour et répandre ses grâces en abondance que dans la mesure où nous sommes dans une disposition de cœur qui nous permette de les recevoir. N’avez-vous jamais fait l’expérience de recevoir le pardon d’un proche avec mauvaise humeur, voire réticence, le cœur fermé, non coopératif ? La réconciliation a-t-elle été un tant soit peu efficace ? Si mon cœur se ferme à Dieu, Dieu ne pourra y demeurer ; s’il lui laisse la plus grande place, alors Dieu demeurera en moi et moi je demeurerai en lui. En ouvrant notre cœur, nous n’avons à risquer qu’à voir le Seigneur y demeurer ! Nous n’avons rien à craindre, rien à perdre et tout à gagner ! Alors ne tardons pas, et profitons de ce temps de carême et de réconciliation pour trouver des moments privilégiés, dans la prière, dans la lecture d’un texte de l’évangile, d’un psaume, dans la contemplation de la nature qui se réveille, dans la louange simple et spontanée, pour entrer en relation avec Dieu.

Héloïse Parent


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