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Mardi 19 avril

Commentaire de L’Évangile du jour: « “J’ai vu le Seigneur !”, et elle raconta ce qu’il lui avait dit » (Jn 20, 11-18)

Marie Madeleine est le premier témoin de la résurrection de Jésus. Elle est là à l’extérieur, près du tombeau en pleurs, tandis que « Simon-Pierre et l’autre disciple » qui l’avait accompagné (Jn 20, 1-10), constatent que le tombeau est vide. Ils repartent l’annoncer aux autres disciples. Le désarroi de Marie Madeleine est immense au point qu’elle ne peut repartir sans entrer aussi dans le tombeau et constater par elle-même ce que les autres lui ont rapporté. Elle pleure et comment pourrait-il en être autrement, elle qui l’a tant aimé et qui n’a pas cessé de le suivi « depuis les jours de Galilée en le servant : parmi elles se trouvaient Marie de Magdala (…) » (Mt 27,55). Elle était également là au pied de la croix avec Marie mère de Jésus « Près de la croix de Jésus se tenaient debout sa mère, la sœur de sa mère, Marie femme de Clopas et Marie de Magdala » (Jn 19,25) et elle a vu l’ignominie de cette mort et la violence de ceux qui l’ont crucifié. Elle se penche et cherche l’homme Jésus dont elle a reçu la parole, le pardon, l’enseignement ; elle cherche le Messie tant attendu par tous ceux qui croyaient en lui, le sauveur de leur nation. Sa foi vacille devant la mort réelle de Jésus, mort insoutenable ; sa foi vacille de nouveau devant ce tombeau vide ! Où est le corps de Jésus ? Qui l’a emmené ? Est-ce la fin de toute espérance de salut, de libération ?

Premier miracle cette disparition n’est ni un vol ni une volatilisation de matière. Deux anges sont là qui, étonnamment, n’effraient pas Marie Madeleine. Ils lui adressent la parole comme pour l’introduire doucement dans l’œuvre rédemptrice de Dieu, dans l’expérience de la présence réelle nouvelle de Jésus. Une foi nouvelle est en train de naître en Marie Madeleine. L’acte de foi est une merveille car il nous fait entendre en Jésus « l’assomption transfigurante de la matière en Dieu » (F Varillon). Seul cet acte de foi ouvre au sens de l’événement qui met notre raison en déroute. Marie Madeleine se retourne, premier retournement intérieur auquel sa foi la conduit ; Elle aperçoit Jésus mais ne le reconnait pas car elle cherche encore à voir Jésus comme il était, selon les apparences physiques. Ses yeux ne le voient pas encore comme ressuscité. Elle le confond avec le jardinier « Le prenant pour le jardinier, elle répond : « si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as déposé et moi j’irai le prendre » (Jn 20, 15). Jésus est déjà là et les yeux de Marie Madeleine ne le reconnaissent pas ; Son cœur n’est pas encore totalement décentré de la douleur de la disparition, son intelligence pas encore éveillée au mystère de cet événement de la résurrection.

Et Jésus l’appelle par son Nom « Marie », deuxième miracle, deuxième retournement intérieur, les yeux du cœur le reconnaissent soudainement et Marie Madeleine s’ouvre à la présence de Celui qui est plus grand qu’elle « Rabbouni » et se révèle selon sa réalité profonde, en son être divin, amour infini et humanité pleinement accomplie. Lui seul a l’initiative de la rencontre. C’est toujours aussi comme cela dans nos vies. Le Christ est toujours déjà là, c’est nous qui ne sommes pas présents, en vadrouille à droite, à gauche à chercher le sens de notre vie à « l’extérieur » de nous-mêmes à travers ce que nous faisons, entreprenons, créons, engendrons. Notre âme n’aurait-elle pas du mal à se laisser féconder par l’esprit ?

Jésus se révèle comme étant tout autre, non pas un autre mais le même devenu autre car entré dans la vie éternelle, la vie divine et révélé dans sa nature spirituelle. Jésus n’est donc pas un fantôme ou un mort revenu à la vie (comme Lazare) les textes à la suite nous le montrerons « Touchez-moi et rendez-vous compte qu’un esprit n’a ni chair, ni os, comme vous voyez que j’en ai » (Lc 24, 39). Il y a une vraie rupture, un avant et un après la mort de Jésus, la vie pour les disciples ne peut pas reprendre son cours comme avant.

Si la foi de Marie Madeleine se trouve totalement renouvelée par la rencontre avec Jésus, celle des disciples n’est cependant pas encore totalement assurée, totalement libérée des signes et il va en falloir quelques-uns supplémentaires pour assoir la foi des apôtres, la rendre solide comme le roc pour fonder l’Eglise que nous sommes 2000 ans plus tard ! Et Jésus d’annoncer son ascension prochaine vers le Père pour accomplir sa volonté et l’œuvre de rédemption en plénitude « ne me retiens pas car je ne suis pas encore monté vers le Père » (Jn, 20,17), ascension que nous savons être indispensable pour que le don de l’Esprit-Saint à la Pentecôte soit possible et anime dès lors tous les croyants en Jésus Christ nous dit Pierre (1ère lecture des Actes 2, 36-41).

Et à cette annonce de son ascension prochaine, succède immédiatement l’envoi de Marie Madeleine vers les disciples pour témoigner car le message ne peut se transmettre que par nos paroles, de cœur à cœur, d’âme à âme. Et déjà son cœur s’embrase et le souffle de l’esprit l’habite, elle court, elle court annoncer aux disciples la résurrection du Seigneur. Jésus Christ est ressuscité, Il est Vivant comme il l’avait annoncé ! La JOIE et l’ESPERANCE sont désormais les forces qui l’habitent et jaillissent de son cœur.

Oui, seul l’acte de foi ouvre au sens de cet événement : la mort est vaincue, l’amour est plus fort que la mort. La résurrection me dit : tu vivras à jamais, et c’est pour cela que je crois. « La promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont loin, aussi nombreux que le Seigneur notre Dieu les appellera » (Ac 2, 39)

Myriam Duwig

 

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