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Mardi 9 novembre

Commentaire de la première lecture: « J’ai vu l’eau qui jaillissait du Temple, et tous ceux que cette eau atteignait étaient sauvés » (Antienne Vidi aquam) (Ez 47, 1-2.8-9.12)

Lorsque je lis cet extrait du livre du prophète Ezékiel, j’ai le sentiment d’entrer véritablement en relation avec cet homme d’un autre âge. Ou plutôt, j’arrive rapidement à la conclusion que notre façon de penser, à tous les deux, est extrêmement différente, et que nous partageons une opposition constructive.

Je suis toujours admirative devant les productions écrites des techniciens. Quel souci du détail, quelle attention dans la description de ce qu’ils contemplent ! Je ressens le profond désir du narrateur de rendre visible pour son lecteur, par l’intermédiaire de ses mots, ce qu’il a observé. De mon côté, lectrice des centaines d’années plus tard, je m’applique, j’essaie de rester méthodique dans la représentation mentale de ce que je lis : je vois la Maison, l’eau qui jaillit vers l’orient puisque la façade est à l’orient – jusque là, ça va, je suis, je comprends Ezékiel. Mais je décroche lorsque l’eau descend « de dessous le côté droit de la Maison, au sud de l’autel », et pire encore, lorsque Ezékiel sort de la maison, et voit l’eau qui coule du côté droit : ça y est, je suis perdue, c’est irrémédiable, et je lis la suite comme un mode d’emploi rédigé en néerlandais, en survolant. Ma représentation mentale de la Maison est bancale et ressemble à une construction de Numérobis, l’architecte préféré de Cléopâtre dans les aventures d’Astérix – et je me demande bien pourquoi Ezékiel n’a pas dessiné un plan !

Voilà, je suis inquiète : l’enseignement contenu dans ce texte va-t-il m’échapper ? Vais-je passer à côté du message qu’Ezékiel, le prophète, a reçu pour mission de délivrer et que l’Eglise nous propose à méditer aujourd’hui où nous célébrons la dédicace de la basilique du Latran ?

Heureusement, la suite du texte vient remédier à mes insuffisances de lectrice. L’eau qui assainit la mer Morte, qui favorise la vie et la croissance des animaux : voilà une image qui me parle. Et les arbres fruitiers ! Ils sont tout bonnement merveilleux. Leur feuillage qui ne se flétrit pas, leurs fruits qui se renouvellent tous les mois, leurs feuilles qui guérissent : c’est comme un retour au jardin originel, c’est l’arrivée dans le royaume de Dieu, la Jérusalem céleste.

L’eau du ruisseau, qui donne la vie en abondance, dans une abondance telle qu’elle dépasse les limites de la botanique terrestre, c’est l’Esprit de Dieu qui souffle dans nos églises bien imparfaites, dans notre Eglise construite par les Apôtres et par le peuple de Dieu : que cet Esprit souffle sur nous, qu’il nous conduise toujours plus loin, jusqu’à « la ville de Dieu, la plus sainte des demeures du Très-Haut » (Ps 45) !

Marie Julie Leheup

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