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Lundi 3 mai

Commentaire de la première lecture : « Il est apparu à Jacques, puis à tous les Apôtres » (1 Co 15, 1-8)

La lecture du jour nous transporte à Corinthe, ville prospère, aux mœurs assez « relâchées ». La communauté chrétienne y est composée de Grecs, de Romains et de Juifs, de riches et de pauvres, d’esclaves et d’hommes libres, de lettrés et d’ignorants, d’hommes et de femmes.

La première phrase de ce chapitre 15 de la première épitre de St Paul aux Corinthiens, « je vous rappelle frères la Bonne Nouvelle » semble indiquer que dans ce contexte où la foi chrétienne est confrontée à de nombreuses dérives, il est important de revenir aux fondamentaux. « Cet Évangile que je vous ai annoncé, vous l’avez reçu (accueilli), c’est en lui que vous tenez bons (vous êtes établis fermement), c’est par lui que vous serez sauvés. » L’Évangile au singulier ce n’est pas un des quatre petits livres que nous appelons évangiles, c’est la première annonce, annonce qui se dira autrement au verset 11 du même chapitre « voilà ce que nous proclamons ». C’est une nouvelle qui s’accueille et qui se partage, car c’est une annonce qui éclaire la question du Salut de chaque Homme. Paul formule ici ce qui deviendra le cœur de notre profession de foi : Christ est mort pour nos péchés, il a été enseveli, le troisième jour il est ressuscité et c’est par lui que nous serons sauvés.

Et il ajoute : « s’il n’en est pas ainsi, nous aurons cru en vain », ce qui pour lui est inconcevable… pour nous également car c’est ce qui est au centre du mystère de notre foi.

Oui, la résurrection du Christ est bien le point central de notre foi, elle en est l’élément constitutif. Elle est le noyau dur, le « bien commun » de tous les chrétiens, car c’est elle qui scelle notre unité mais c’est également, elle, qui est fait clivage entre ceux qui croient et ceux qui ne croient pas, touchant ainsi ce mystère du Croire.

En insistant sur les apparitions du Christ ressuscité, Paul soulève indirectement une question : « avons-nous besoin de preuves pour croire ? » Paul, qui essaie ici de convaincre une partie des Corinthiens de la réalité de la résurrection du Christ, évoque ses apparitions, attestées par des personnes dignes de confiance :

  • 500 frères en même temps, dont la plupart sont encore vivants, vous pouvez aller les interroger, voilà un argument de poids !
  • Pierre, qui prouvera, lorsque Jésus lui apparaîtra, que, si la foi peut soulever des montagnes, elle peut aussi faire « marcher sur l’eau ».
  • Jacques, qui ne croyait pas en Jésus de son vivant, mais qui deviendra une des trois « colonnes » de l’Eglise chrétienne de Jérusalem et sera prêt à mourir en martyr pour le Christ, après la mort de celui-ci.
  • Paul lui-même, le dernier auquel Jésus est apparu, sur le fameux chemin de Damas alors qu’il s’y rendait pour y persécuter des chrétiens.

On peut comprendre l’insistance de Paul sur ces apparitions, dans un contexte où une partie des Corinthiens contestaient la résurrection du Christ et consécutivement la résurrection des fidèles.

Et il n’hésite pas à se désigner lui-même comme l’avorton et à reconnaitre « je ne suis pas digne ». Cette phrase, prononcée également par Jean Baptiste, le centurion, la femme cananéenne, Pierre, n’est-elle pas la première étape d’une démarche de foi ?

En reconnaissant leur « indignité », ces hommes et ces femmes rencontreront Jésus et seront touchés par Sa grâce, ce don gratuit !

L’image de l’avorton est très touchante. Elle nous rappelle que la grâce de Dieu se moque autant de notre condition sociale que de nos mérites supposés. Dieu appelle des hommes et des femmes ordinaires à son service en leur donnant les forces nécessaires à l’accomplissement de leur tâche.

A priori rien ne prédisposait Paul à jouer un rôle dans la propagation de la foi chrétienne. C’est sa rencontre avec Jésus qui bouleversera la suite de sa vie. Un autre homme, un homme nouveau naîtra de cette rencontre. A l’image de Paul, nous ne pouvons que rendre grâce à Dieu d’être aimés tels que nous sommes, rendre grâce à Dieu de nous avoir permis de (re)devenir celui ou celle que nous sommes vraiment.

Paul sait que cette vie nouvelle, c’est à Dieu seul qu’il la doit, Dieu dont il est dorénavant le témoin, le porte-parole. Au verset 3, Paul annonce aux Corinthiens : Je vous ai transmis ce que j’ai moi-même reçu. Puis au verset 11 : Voilà ce que nous proclamons et voilà ce que vous avez cru.

En tant que disciples, nous sommes, nous aussi, invités à transmettre ce que nous avons reçu. C’est là l’occasion de nous interroger sur notre héritage, et notre héritage c’est cette Parole contenue dans le Livre. Va-t-il prendre la poussière sur une étagère, ou va-t-on y trouver le sens de notre propre vie après y avoir rencontré le Christ ?

Que signifie aujourd’hui pour nous ce verset « Allez, évangélisez les nations » ? (Matthieu 28, 20) Comment recevons-nous cette parole de grâce, de Dieu pour notre vie ? Quelle réponse lui donnons-nous ? Comment ma foi me met elle en mouvement, en action, pour proclamer cette Bonne Nouvelle, comme le fait Paul ? Isaïe a répondu « Moi, tu peux m’envoyer » (Is 6, 8)… Et nous frères et sœurs répondrons nous au Christ ressuscité, « Nous, tu peux nous envoyer » ?

Danielle Schuck

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