Soutenir l'Eglise
Trouver ma paroisse
Espace Membres

Jeudi 1 Avril

Méditation de l’Évangile du jour: « L’Heure était venue pour Lui de passer de ce monde à son Père »  –  (J 13, 1-15)

L’Évangéliste St Jean nous transmet le message de Notre Seigneur, Jésus Christ. « Moi Je suis le Pain vivant descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra pour toujours. Et le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde. » (J 6).

Paroles folles et scandaleuses pour les juifs, les grands prêtres, même les disciples… Mais tout aussi scandaleux le geste du lavement des pieds qui en est la clef et le couronnement.

Nous sommes à la veille de la Passion, au cœur du repas pascal : « Sachant que l’heure était venue de passer de ce monde à Son père, Jésus ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout ». Soudain, Jésus se lève de table, se dépouille de ses vêtements, lave les pieds de ses disciples, un par un ; ceux de Judas aussi qui vient de le livrer. Et ce geste scandalise Pierre, car c’est un rituel de purification réservé aux esclaves païens ; ni un juif, ni un homme libre, encore moins un rabbi ou un maître en Israël, ne pouvait l’accomplir sous peine de se souiller irrémédiablement : « Mais Il s’anéantit lui-même prenant la condition d’esclave, se faisant semblable aux hommes… »

Jésus en se dépouillant de ses vêtements annonce et préfigure Sa nudité sur la Croix… Il ouvre la porte étroite de l’humilité ;  la révèle, l’éclaire… Jésus a risqué sa vie par l’amour ; on ne peut y pénétrer qu’anéanti, nu, donné sans retour, jusqu’à l’extrême, jusqu’à la folie,  car si le grain ne tombe en terre, il ne peut porter du fruit. » Oui, l’amour véritable exige la mort ; c’est le sens profond du baptême : « Ne savez-vous pas que c’est dans la mort du Christ que vous êtes baptisés ? » La Croix ouvre l’horizon de la mort et la transpercent,  elle écartèle le temps à Son éternité. Nouvelle Naissance. La Vie Nouvelle.

Par ce geste du lavement des pieds, Jésus, l’agneau bientôt immolé, librement et par amour, ouvre un chemin de charité, de pauvreté joyeuse pour les apôtres et pour l’humanité entière. Il inaugure une Pâques Nouvelle : Elle n’est plus le mémorial de la sortie d’Egypte, libération de l’esclavage du peuple juif, mais le Sacrifice unique et éternel annoncé dès la Genèse : victoire absolue, radicale, définitive de la Miséricorde et de la Justice de Dieu. Séparation par le glaive et, au creuset du cœur, de ce qui est pour la mort et de ce qui est pour Sa Vie,  pour Son Amour. Et ce qui n’est pas donné est perdu… car « Celui qui veut sauver sa vie la perdra mais qui la perd à cause de moi, la trouvera. »

Le Sacrifice de l’Eucharistie s’éclaire alors : « Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ». Nous ne pouvons nous offrir en vérité au Père et dans le Christ qu’en demeurant en Son amour : En se faisant le serviteur du plus fragile, du plus perdu… Désarmement radical de nos vies données, rompues pour nos frères car « ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait ».

Mais pour accueillir la Miséricorde de Dieu, et pardonner à notre tour, encore faut-il un cœur pur, transparent, lavé par Son Don et Son Pardon… C’est le sens secret de cette parole que Jésus dit à Pierre : « Si je ne te lave pas tu n’auras pas de part avec moi. » Laisse-toi bercer, Pierre, laisse-toi aimer et regarder.

Si le signe du lavement des pieds ouvre au Sacrement de l’Eucharistie, s’il en est la clef,  il en est aussi le fruit. On ne peut s’approcher du Seigneur qu’unifié : avec nous-mêmes, avec nos proches, réconciliés. En communion à Son Corps et à Son Sang, par mon amour, en Son amour : « Je peux avoir la Foi à déplacer les montagnes, si je n’ai pas la Charité cela ne sert à rien. ».

                                                                                                          Père Joseph

Partager