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Dimanche 28 février

Commentaire de la deuxième lecture du jour : « Dieu n’a pas épargné son propre Fils » (Rm 8, 31b-34)

La première lecture du jour, tout comme cette lecture, peuvent sembler scandaleuses, surtout si on les  lit mal. Alors que Dieu semble demander à Abraham de lui sacrifier son Fils, voilà qu’il arrête le geste de son serviteur, mettant ainsi fin aux sacrifices humains. Mais voilà qu’avec son Fils, l’histoire se répète, à tel point que St Paul nous dit : « Il n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous ». Ce que Dieu n’impose pas à l’homme, c’est à dire de donner la vie de son Fils, voilà qu’il l’accepte pour lui-même, en offrant son Fils pour ces hommes. Un Dieu qui se met à notre place, comme enfant, comme homme, mais aussi comme Père, voilà la nouveauté radicale du Christianisme.

Cette histoire de sacrifice, il faut aussi la comprendre en regardant la bible, et, pourquoi pas, à l’aide de la théorie du bouc émissaire de René Girard. On charge nos peurs et notre haine sur cet animal, et on l’expédie au loin, pour « exorciser » le mal, et retrouver un semblant d’unité. C’est ce qui est arrivé à ce pauvre Jonas, qui cristallisait les malheurs arrivés sur le bateau, jusqu’à ce qu’on le jette à l’eau… On a besoin de se trouver une victime, nous faisant par là même bourreaux (même si nous laissons cette victime errer à son triste sort). On a beau jeu de se croire mieux que les autres, le goût du sang existe toujours… La série « Hunger Games » met bien cela en évidence… Et face à ce besoin, Dieu prend une fois de plus les devants, et accepte que son fils se livre… Il ne demande rien, mais il accepte d’être mis à mort car , comme l’écrit Timothy Radcliffe, « Jésus a démasqué notre désir insatiable de trouver quelqu’un à blâmer et à fustiger. Dieu ne veut pas de victime, nous croyons, nous, qu’elles sont nécessaires pour que le monde puisse perdurer » (Pourquoi aller  à l’Eglise, p.174)

Et bien plus que cette dimension de se « sacrifier pour nous », Jésus le fait « pour tous » ! Dans cette oblation, Jésus rassemble l’humanité entière, il nous remet tous à notre place, acteur influents de sa mort comme spectateurs lointains. Personne n’a rien fait pour éviter ça. Des apôtres au centurion, chacun reconnaît au pied de la Croix que « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ! » (Mc 15, 39). Et par sa résurrection, jésus montrera que toute forme de sacrifice est désormais inutile. Seul l’amour sauve. Un amour qui est passion, crucifiant parfois, mais un amour donné, et non une mise à mort prononcée. Oui, Paul a Raison de dire à propose de Dieu : « comment pourrait-il, avec lui [Jésus], ne pas nous donner tout ? » Notre Dieu crucifié est le Dieu de la Vie, qui vient vaincre la mort, l’exclusion, la haine, et nous invite à vivre de son amour infini. Il est mort pour nous, à nous d’être les dignes héritiers de ce don, et de vivre !

Stéphane Jourdain

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