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“Le monde d’après a besoin de la messe“ – Tribune tirée du magazine La Vie

Church panel.

Pour les auteurs de cette tribune (Thomas Ailleret, Clotilde Brossollet, Olivier de Saint-Martin et Natalia Trouiller), publiée sur le site de La Vie, il est important que les catholiques dépassent leurs divisions autour de la communion, pour retrouver le sens de la messe comme ouverture et envoi vers l’extérieur.

Les crises ne provoquent pas les problèmes. Elles les révèlent. Les polémiques autour de la reprise des messes n’échappent pas à la règle. Depuis que, progressivement, le déconfinement s’applique aux différentes strates de la société, nous nous déchirons dans notre Église, plus ou moins silencieusement, sur la reprise des messes. Il y a ceux qui veulent communier à tout prix. Il y a ceux qui veulent attendre absolument. Entre les deux, il y a ceux qui veulent porter la communion à domicile mais sans messe ; ceux qui souhaitent célébrer la messe à l’église ou au domicile des fidèles ; ceux qui prônent l’aide aux plus pauvres comme un équivalent parfait.

L’Eucharistie nous parle du corps, l’Eucharistie est le corps. Elle est le Corps du Christ, bien sûr : « Prenez, et mangez-en tous, car ceci est mon corps livré pour vous. » Le Christ se donne dans son Corps à l’assemblée des fidèles, qui devient elle-même le Corps du Christ. En communiant, nous sommes unis à Dieu, personnellement et communautairement. Nous devenons Christ, capables de mieux Le reconnaître dans les autres, même et surtout les plus pauvres (Matthieu 25, 36-39). Nous devenons membres les uns des autres et nous apprenons à faire corps. L’enjeu de la messe, lorsqu’une maladie attaque les corps, que ce corps soit charnel, social ou ecclésial, est donc absolument crucial pour nous chrétiens. Il n’est en rien accessoire.

À chaque crise, les chrétiens comme les autres veulent construire des lendemains qui chantent. Après chaque crise, les chrétiens comme les autres auront la mémoire courte. Alors lançons-nous sans attendre : la messe doit être pour le monde un antidote à la crise. Née dans la crise, au soir de la trahison et de l’espoir déçu, elle est faite pour la crise.

Il nous faut retourner à la messe parce que, dans ce monde de la performance, elle est le lieu et l’instant où je viens recevoir la vie divine sans aucun mérite de ma part, et y apprendre ce que signifie donner sa vie pour ceux qu’on aime.

Il nous faut retrouver le chemin de la messe, parce que dans cette société sans miséricorde, elle est le seul endroit et le seul instant où, debout devant les autres, je confesse à voix haute que je ne suis qu’un pauvre type, qu’une pauvre fille, et que j’ai besoin de la grâce de Dieu pour avancer.

Nous devons revenir à la maison commune parce que, dans cette vie de cercles qui ne se croisent plus, je dois retrouver les paroissiens que je n’ai pas choisis et qui me gardent de vouloir construire un monde d’après qui me ressemble et les oublie.

Il nous faut reprendre le chemin des églises parce que, à l’heure où l’autre m’est présenté comme un contaminant potentiel, je veux, je dois, manifester qu’il est mon frère et que je lui suis présent.

Il faut y retourner parce que nous avons à expérimenter lors de l’Eucharistie ce que c’est que d’être membre, à égale dignité, d’un corps qui nous dépasse parce qu’il nous précède. Construire un bien commun qui ne laisse aucun pauvre derrière. Vivre la solidarité et vivre de la solidarité qui trouve sa source en Dieu.

Tant et tant a déjà été écrit et essayé pour permettre aux fidèles de retourner à la messe, que nous pouvons le faire sans risque. Que ce soit à l’église paroissiale ou à l’église domestique, sur un parking ou dans le jardin du presbytère, tant que j’y retrouve l’autre que je ne choisis pas pour que l’Autre vienne nous rejoindre et habiter nos humanités fragiles. Alors, maintenant, allons à la messe ! Que cette crise ne soit pas le révélateur que nous achevons de déserter la communion, mais que nous repeuplions la Cène parce que nous sommes prophètes du monde d’après : la Cité de Dieu.

Source  (et pour avoir d’autres liens : www.lavie.fr)

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